Chapitre 23 : Toucher sa récompense.

5 minutes de lecture

Haiwaken : Mais ? Il s'est passé quoi, là ?

Ro : C'est la cérémonie baptismale informelle de l'Union d'Okonda !

Haiwaken : Gné ?

Ro : C'est l'accueil des petits nouveaux. Tu préfère cette version ?

Haiwaken : Oh ?

*** : Pouvez-vous reprendre vos affaires si vous avez fini vos idioties ? Merci...

Haiwaken : Ah ! Vraiment navré pour le dérangement ! Comptoir au fond à droite c'est ça ? Merci pour la direction, mademoiselle !

Surprise par ma politesse, la femme recule un peu avant de montrer une nouvelle fois le bout de table. Je rassemble les affaires avant de faire la queue.

Ro : Tu t'appelles comment ?

Et pourquoi il fait la queue derrière moi, lui ?

Haiwaken : Haiwaken.

Ro : Un nom de guerrier.

Haiwaken : Je n'avais pas de nom. Un guerrier de passage me l'a donné. Je l'ai bien aimé alors je l'ai gardé.

Ro : Tu le portes bien, mon ami. Calme face au danger. Décision rapide. Et superbe jeu de jambes !

Haiwaken : Merci. Et vous êtes ?

Ro : Jito Nagasaki. Mais tout le monde m'appelle Ro vu que je n'arrive jamais à garder mon argent.

Haiwaken : Enchanté monsieur Nagasaki.

Ro : Quand je dis tout le monde c'est tout le monde, mon ami.

Haiwaken : Comme vous le souhaitez, monsieur Ro.

Ro : J'arrive pas à décider si t'es impoli ou super poli. C'est amusant.

Et il en rigole le bougre. Il reste derrière moi pendant que la queue avance, me présentant les mercenaires les plus connus de l'endroit mais surtout le choix de boissons. Je n'ai pas encore bu d'alcool depuis mon arrivée et je ne suis pas prêt d'essayer vu mon gabarit. Je ne sais pas dans quel genre d'endroit je pourrais me réveiller.

Ro : Je vais être direct, mon ami. Je suis en train de recruter quelques personnes. Un jeune bien doté côté coffre-fort veut un peu de frisson et voudrais explorer le donjon de la forêt. On vise le premier niveau du bois du damné, juste assez pour lui faire mouiller son pantalon sans pour autant risquer notre peau. Tu es partant ?

Haiwaken : Je ne suis que de premier rang.

Ro : Un guerrier de premier rang à ton âge ? Tu es doué, mon ami.

Haiwaken : Non, premier rang à l'Union. Juste assez pour aller chercher du petit bois. J'ai accepté cette mission pour passer au second rang. Trop léger pour risquer ma peau avec les Yokais.

Ro : Les Yokais te font peur mon ami ? J'ai vu ta vitesse...

Haiwaken : Je zigouille régulièrement du Yokai quand ils venaient m'embêter dans ma maison en forêt mais j'ai pas envie d'aller chez eux pour leur donner un prétexte supplémentaire pour me pourrir l'existence. Donc, c'est non.

Puis un bon silence. Deux personnes passent et il n'en reste plus qu'un dans la queue devant moi.

Ro : Tu veut dire que... tu vivais en forêt jusque là ?

Haiwaken : Au moins, même si mes voisins tentent de me trucider, ils sont plus directs qu'à Shin-Okonda. Passer mon temps à me méfier de tout le monde était en train de me taper sur le système...

Il reste silencieux. Si silencieux que je ne remarque pas qu'il a quitté la queue. Je le cherche quelques instants du regard avant de le trouver à sa table. Je me demande ce que c'est ces histoires de forêt des damnés mais rien que le nom qui me rappelle de mauvais souvenirs de parcs d'attraction ne me donne pas envie de voir de visu à quoi ça ressemble. Pas le temps (ni l'envie) de m'occuper de lui, c'est mon tour et je présente mon tas de documents... à la même personne qu'avant ?!

Rapide coup d’œil à gauche. C'est un homme là-bas à présent. J'ai cru avoir affaire à des jumelles.

Haiwaken : Hum. Haiwaken de Shin Okonda. Premier niveau. Je ramène des documents pour le centre de l'Union d'Okonda.

*** : Documents reçus. Attendez que je vérifie...

C'est une femme... Non, plutôt une adolescente. Elle a de petites lunettes rondes au bout du nez et un air sévère. Ses cheveux châtains sont coupés en une coupe au bol penchée vers l'avant, lui encadrant le visage et lui donnant l'air encore plus sérieuse. Elle vérifie que les rouleaux ne sont pas abîmés puis commence à les dispatcher en deux tas selon la couleur du bandeau de tissu les encerclant, gardant un rouleau devant elle, le seul avec un ruban rouge. Puis, à ma grande surprise, elle dénoue le long bout de tissu et déploie l'assemblage de tiges de bambou pour le lire.

*** : Je vois... Patientez dans la salle.

Chouette... Tant qu'à faire, je vais jeter un œil au bar. Je n'ai pas d'argent sur moi vu que j'ai tout transféré à l'Union pour ne pas avoir à porter de pièces au sein de Shin-Okonda. Je suis remis mais je n'ai pas envie de courir sur les toits en ayant les bras chargés avec des détrousseurs aux fesses. Je discute avec le barman, m'enquérant des boissons disponible pour faire passer le temps. J'ai à peine le temps de constater que les produits non-alcoolisés occupent une portion digne d'un timbre-poste sur leur carte que je me fait rappeler au comptoir.

*** : Monsieur Haiwaken-san ! Venez par ici je vous prie.

Je me rends au comptoir et suis surpris en la voyant en soulever une partie, m'invitant à pénétrer plus avant dans les lieux. Elle me mène au premier étage dans ce qui ressemble à un bureau. À la différence des bureaux de ma connaissance, c'est plutôt un salon ou une salle de conférence miniature. Nous sommes en effet assis presque à même le sol sur des coussins de paille ronds autour d'une grande table basse semblant être utilisée comme un bureau vu la variété de pinceaux et de flacons d'encre posés dessus. La jeune femme s'est installée à côté de moi pendant que l'homme derrière le meuble finit la lecture du rouleau. Ou la relecture ?

*** : Oui, il n'y a pas d'erreur.

Je me demande de quoi il parle. Aurai-je fait une bêtise ? L'homme derrière le bureau est encore jeune. Je dirai moins de trente ans. Sa coiffure tout comme sa tenue sont très soignées. Il a même une touche de maquillage au coin des yeux qui me donne envie de sourire mais je me retiens. Si ça se trouve, c'est la mode ici. Il replie le rouleau de fines lames de bambou, remet la ficelle en place et le pose dans un petit plateau situé au coin droit du meuble. Il me donne enfin toute son attention.

*** : Bonjour et bienvenu. Je suis Roroka, chef du centre local d'Okonda de l'Union du Travail Impérial. Vous êtes bien le dénommé Haiwaken-san ? Pouvez-vous me montrer votre badge ?

Je m’exécute. Il se penche en avant pour lire les caractères puis sort un autre rouleau qu'il complète de quelques traits de pinceau avant d'en sortir un troisième et de le déplier pour le lire.

Roroka : Pour récompense de sa bravoure dans la bataille, moi, le seigneur Oko, gouverneur de la cité d'Okonda sous l'égide du Daimyo Kitaragi, décerne au guerrier nommé Haiwaken le droit de citoyenneté pleine et entière en ma cité. Il y a droit d'entrée et de sortie, de travail, de logis et de sécurité. Vu son âge et ses carences en connaissances sociales standards, l'Union du Travail Impérial d'Okonda sera payée pendant trois mois pour assurer sa formation et son logis.

Il replie le rouleau, me laissant sans voix. Le message rejoint le précédent qu'il lit ensemble avec une corde rouge les scellent à la cire avant de tendre le tout vers la jeune femme assise à mes côtés.

Roroka : Fait amener ça au palais à la première occasion. La mission a été effectuée et le message est passé.

Haiwaken : Que... quoi ? Il s'est passé quoi, là ?



Fin de l'arc 1

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire VladPopof ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0