Chapitre 27 : Home, sweet home!

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Haiwaken: Je suis de retour !

Megumi : Hai-kun ! Comment ça s'est passé ?


Laissant mes chausses à l'entrée du bâtiment dans le petit meuble dédié je suis monté à l'étage où j'habite. Je me fais accueillir au sortir de l'escalier par Megumi. Plus grande que moi, elle a bien poussée ces dernières années. Blonde à la peau sombre et aux yeux clairs, elle ressemble à une japonaise ayant abusé de cosmétiques pour être à la mode alors que c'est son état naturel. Bien sûr, elle a toujours cette cicatrice lui barrant le visage de haut en bas sur son côté gauche, lui passant même par-dessus l’œil qui fut heureusement sauvé par mon usage des potions mais elle reste d'un aspect plutôt agréable. Une brave gamine, quoi !


Ses longs cheveux blonds sont toujours en chignon ou en tresse pour être maintenus en arrière de son visage et des flammes de la forge pendant que son tablier de cuir protège ses habits couverts de poches. Je la vois rarement sans transpiration ou sans être couverte de saletés. Une vraie travailleuse comme je les aime. Je déballe la pointe de lance cassée et la forgeronne se trémousse de plaisir en voyant ça. Cette dernière année elle se sert de nos économies pour se payer des formations chez les différents forgerons de la cité afin d'apprendre le travail sur des armes et armures. Elle doit le faire en cachette de son cher oncle Goro mais ce n'est pas si difficile : il a une réputation de merde avec les autres professionnels de l'enclume et quitte rarement l'atelier pendant les heures de travail. Pas pour forger, hein ! Sa méthode consiste à s’asseoir dans un coin avec de quoi manger et boire (surtout boire. La chaleur, peut-être ? Je lui laisse le bénéfice du doute ? Naannn.) et la cravache sur les genoux pour punir tout employé qui ne montrerai pas assez d'entrain. Pour le moment la qualité est encore au rendez-vous pour les produits finis mais les ventes ne sont pas au beau fixe. Une histoire d'âme du sabre ou un truc du genre.


J'admire les apprentis qui restent par fidélité à leur maître décédé. J'aurai depuis longtemps donné ma démission sous forme d'un gros coup de marteau de forge sur les parties tendre de l'entrejambe de mon patron.


Megumi : Bien joué ! Dès que j'aurai droit à un peu de charbon je vais tenter de reforger ça en couteau à la forge de Miro.

Haiwaken : J'ai aussi laissé l'argent à l'Union. J'y ai reçu une mission à mon nom. C'est l'école Shinden qui veut me voir.

Megumi : Ils te veulent dans leur école ?


La joie disparut de ses traits immédiatement. Je lui tapote l'épaule pour la rassurer.


Haiwaken : Mais non ! C'était déjà arrivé avant que j'habite ici. C'est sûrement l'instructeur Ishima qui veut voir où j'en suis dans ma maîtrise des armes. Je suis une espèce de passe-temps pour lui.

Megumi : Pour le maître Ishima-dono ? Un passe-temps ? Il a ce genre de goûts ?

Haiwaken : Heu ? Meg-chan ? Je veut juste dire qu'il aime me donner des conseils pour la voie du Ki.

Megumi : Mais tu es trop jeune pour ça !

Haiwaken : Exact. Et ses conseils me sont vitaux pour mon avenir. Je suis censé aller demain à un lieu nommé les Trois Miracles. Tu connais ?

Megumi : Cet endroit ? Vraiment ? Bizarre...


Et elle m'expliqua en quoi c'était étrange tout en fixant des boucles de métal à des bandes de cuir afin de faire des ceintures. Les Trois Miracles est un restaurant très privé. Il y a deux portes de part et d'autre du bâtiment pour que ceux qui sortent ne croisent pas ceux qui rentrent ainsi qu'un dédale de couloirs à l'intérieur qui mènent à des petites salles bien fermées et sans fenêtres. Qui plus est, des domaines de silence bouclent la plupart des pièces pour que personne ne sache ce qui s'y dit. C'est le repaire des marchands et des négociants qui veulent faire signer des contrats ou parler à l'abri des regards et des oreilles.


Bref, l'endroit pue le secret et est le centre des rumeurs les plus sulfureuses de la ville. Certains disent même qu'il permet les rencontres secrètes d'amants. ça pourrait être rigolo.


Haiwaken : J'ai transpiré comme une bête sous ces peaux toute la journée. Je prends une douche et je ramène à Maya la production de la semaine.

Megumi : D'accord !


La salle de bain, tout comme les toilettes, ont subi mes outrages. Mais un peu moins : Ce peuple a une solide culture de la propreté individuelle. Si seulement les gaillards de Shin-Okonda en prenaient de la graine... Je me suis donc contenté d'installer un système de pompe à pied pour propulser l'eau chaude dans un tuyau qui, en passant par un pommeau grossier, permet de me laver rapidement. Pour se décrasser, j'use de potions obtenues par les Pex telles que des shampoings, savons et autres crèmes pour la peau très prisés par Megumi. Ce n'est pas cher de toute façon ! Les bains chauds sont dans un bac de bois dans lequel il faut s'accroupir et ce sont des délices... Il m'arrive de m'y endormir. Pour l'eau, on partage le puits avec la forge du rez-de-chaussé donc on entend les cris et les coups de marteau par l'ouverture dans le sol quand on ne met pas la planche recouvrant le trou circulaire. Pour la chaleur de l'eau... vous vous rappelez la forge ?


En passant, vu qu'elle n'a pas besoin de monter à de hautes températures, la petite forge n'est pas alimentée par du bois ou du charbon mais par des pierres de feu. C'est en fait des Tamagane purifiés qui se révèlent avoir la puissance du feu, reconnaissables à leur teinte rouge. Il y en a des divers éléments à savoir feu, air, terre, eau, lumière, ténèbres, sacré et chaos. Pour les deux derniers, pas de panique. L'élément sacré est très utile pour les sortilèges, domaines et potions de guérison. Le chaos est en fait un élément neutre qui peut devenir n'importe quoi si bien contrôlé et ses Tamagane sont très recherchés par les bijoutiers et artisans de haut niveau. La population citadine préfère parler de pierre de feu, eau, etc plutôt que de Tamagane dont le terme est lié aux Yokais.


Pas de soucis, je suis payé autant.


Bref, je revends les Tamagane impurs à l'Union qui les fournissent aux alchimistes et mages qui, à leur tour, les raffinent en pierres élémentaires que l'on retrouve dans le commerce au triple du prix.


Me faire du pognon en me passant d'intermédiaires ?


Vous vous rappelez cette histoire de ne pas fâcher les gens puissants ?


De toute façon, je n'ai pas la moindre idée de comment effectuer la purification. Cela impliquerait forcément une Compétence liée à la magie et je n'ai aucune envie de revivre un délire similaire à celui du Ki surtout qu'ils n'avaient pas plaisanté avec les dégâts possibles au corps. Il m'a effectivement fallu des mois pour récupérer totalement et ce n'est que depuis récemment que je sens le Ki et le mana circuler plus fluidement dans mes chakras et méridiens. Je finis de me doucher, enfile des habits léger d'intérieur avant d'aller dans ma chambre.


L'étage est séparé entre la pièce de vie qui est devenue la forge, l'espace cuisine, la salle de bain-toilettes, le cellier et deux chambres. Vu la surface qui est presque équivalente à celle de la forge en-dessous, on ne manque pas d'espace. La trappe menant à l'escalier descendant au rez-de-chaussé est barrée. De toute façon, l'escalier de bois est détruit. On utilise celui qui était réservé aux apprentis, ayant abattu une cloison dans la cage d'escalier pour arriver au niveau du premier étage. Il y a encore les six chambres à l'étage mais plus personne ne les utilise vu que Goro interdit le moindre contact entre les apprentis et la jeune Megumi.


Pourquoi elle n'est pas chassée du bâtiment ? C'est assez complexe...


En fait, c'est surtout le nom de la forge Idaï qui fait vendre et pour garder ce nom sur l'enseigne un membre direct de la famille doit y habiter, même s'il s'agit d'un fils adoptif. Techniquement, Megumi apporte donc sa crédibilité au fait que la forge ai gardé son nom même si les marchands les plus avisés ne sont pas dupes de l'entourloupe. Megumi prépare soigneusement son retour au soleil et le futur de Goro s'annonce avec moins de saké et plus de coups de bambou sur le dos.


Ma chambre est en fait l'ancienne chambre parentale. Elle n'a pas vu de soucis à ce que je m'y installe, n'ayant pas le cœur de le faire. Je me suis surtout servi de la place pour installer un espace de méditation. C'est un truc que Ayumi-san m'a appris. Un diagramme tracé avec des bandes de sable colorés forme un cercle empli de symboles cabalistiques laissant un espace libre au centre où s’asseoir. En disposant de petites pierres de mana autour de soi sur le cercle on améliore sa concentration. Tout le monde peut le faire même si l'effet est bien évidemment beaucoup plus puissant pour les Shugenjas. Il y a même des parcs dans la cité où l'on trouve des espaces dédiés avec des cercles de méditation tracés dans le sol. Pour le mien, j'ai essayé de mettre les différentes pierres pour trouver à quel élément je suis le plus réceptif. N'ayant pas obtenu de réponses j'ai fini par en mettre un de chaque (avec toutes les douleurs au porte-monnaie que ça consiste à s'emparer d'une pierre sacrée et une du chaos) et me suis donc fait un cercle standard. Même Megumi s'en sert de temps en temps.


J'enfile mon second jeu d'habits de ville et vais laver celui que j'ai sali aujourd'hui avant de le mettre à étendre. La présence du balcon est un vrai plus. Il recouvre les réserves de la forge et fait presque la même surface que l'appartement. Dommage qu'il donne sur l'arrière et sa vue se limite aux toits des bicoques de second ordre formant l'intérieur du quartier. J'accroche les habits trempés avant de quitter la maison, chargé du gros sac de toile contenant la production de Megumi.


J'aime cette nouvelle vie.

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