Chapitre 30 : Houba, Houba Hop!
J'ignore comment je suis rentré chez moi. J'ai fini dans mon lit, torse nu et avec une seule chaussure. J'ai retrouvé sa jumelle sur la terrasse et le haut de ma tenue sur les toits ce qui m'inquiète un peu sur mon degré d'intimité avec une Motoko sauvage en liberté dans les rues.
J'ai revu plusieurs fois Naoko depuis. Hélas, c'était en compagnie d'Ayumi. Toutes deux jouent les professeurs avec moi à présent et semblent prendre beaucoup de plaisir à me faire entrer des informations dans le crâne à coup de bambou. Soyons honnête, j'ai beaucoup à apprendre et elles ne me font pas mal.
Prétextant des visites de contrôle, Motoko est passée chez moi régulièrement vite suivie par son instructeur qui fut un invité relativement inamovible...
Ma vie a donc continué son petit bonhomme de chemin jusqu'à l'incident.
Un jour que je revenais de la forêt je tombe sur une course-poursuite endiablée cent pas après avoir pénétré dans la cité. Fonçant vers moi à une vingtaine de mètres environ, un gamin qui tente de semer ses poursuivants malgré ses habits amples qui le gênait et sa petite foulée. Derrière lui, gagnant du terrain, des hommes silencieux plus vigoureux mais tout aussi embêtés par des capes qui s'enroulent autour de leur jambes régulièrement. Ce serait presque comique à voir si ce n'était pas aussi grave : l'un d'eux a une arme sortie. Un poignard, à la lame noire et à l'aspect franchement flippant.
Je ne sais pas ce qui se passe mais je pense que le gamin fait comme moi quand j'étais plus jeune : il fonce vers les gardes pour être en sûreté. Il y en a toujours près des portes. Hélas, il n'y arrivera pas. Ses poursuivants gagnent sur lui. Le gamin a une large cape couvrant tout son corps et cachant son visage. Maintenant qu'il se rapproche je vois que le tissu est de bonne qualité et que les bords sont brodés. Un gosse de riche.
Je ne peut pas affronter des inconnus dans la rue comme ça. Déjà je ne connais pas leur force et en plus ça risque d'attirer l'attention sur moi.
Laisser couler et ne rien faire pendant que j'ai l'agression sous mes yeux ?
Vous me prenez pour qui ?
Je fonce vers le gamin qui me jette un regard terrorisé. Pas le temps de lui dire de rester calme, de toute façon il ne me croirait pas. Je lui fonce dessus tout en me baissant comme pour le plaquer façon rugby mais ce n'est pas dans mes intentions. Une telle collision frontale lui ferait très mal ! À la seconde que je suis près de lui j'active le ralentissement temporel et freine des quatre fer, sentant contre mon dos et mes jambes toute l'énergie emmagasinée par le mouvement qui me balaie comme un puissant courant marin. Là, j’agrippe le gamin à la taille des deux mains et l'emporte vers ma droite, sprintant vers une ruelle. Vu que le gamin a son propre élan, je suis forcé de faire le déplacement tout en tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre pour compenser l'inertie apportée par sa course mais je parvient à finir le mouvement avec le gosse sur mon épaule tout en faisant face à l'allée.
Ne pouvant maintenir la dilatation temporelle davantage, je laisse le temps reprendre son cours et sprinte dans l'allée. Derrière moi j'entends une série de cris dont je n'ai cure. Usant de toute la force de mes jambes et de l'efficacité de Course, je sprinte droit devant. Là, il faut mettre le maximum de distance entre eux et moi. Vu que c'est une des allées internes du paté de maison, le chemin n'est pas droit et a tendance à zigzaguer. Je ne connais pas ce coin de la ville et cherche donc une voie allant vers le nord. Pas moyen... tant pis.
Haiwaken : Accrochez-vous mais taisez-vous !
*** : Que...
Un chariot. Un étage. Un étendoir à linge. En trois bonds me voilà sur les toits. Maintenant, foncer vers le nord. Là ! Bien entendu, les gros bâtiments faisant face aux avenues ne me permettent pas de voir très loin mais ce n'est pas un soucis vu que je cherche juste une séparation me signalant l'ouverture d'une ruelle. Un bond. Deux bonds. La vache, ces tuiles ne sont pas solides ! J'espère qu'ils n'ont pas entendu ! Je saute par-dessus deux ruelles étroites puis fini par trouver une voie assez large pointant droit vers le nord. Je cours sur les toits parallèlement à cette rue avant de sauter à bas, profitant d'un chariot chargé de ballots de passage pour arriver au sol en deux temps. Puis, retour au sprint.
Je traverse l'avenue à fond de train, visant la ruelle d'en face. Là, je profite d'un passage particulièrement étroit pour bondir d'un mur à l'autre et arriver sur les toits en trois sauts. Il ne me reste plus qu'à viser le bord nord-ouest de ce Shikaku... Là ! Les toits sont plus irréguliers ici, me forçant à ralentir un peu mais je retrouve vite une rue donnant plein nord. Pas de chariot ce coup-ci, donc je saute à bas de la même façon que je suis monté, usant de murs proches pour bondir de l'un à l'autre. Nouveau sprint. Nouvelle avenue traversée à fond de train.
Il y a encore cinq Shikakus à traverser avant d'arriver chez moi.
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