Chapitre 33 : Stress non-partagé.

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Saori : C'est... un délice...

Megumi : Oui. J'aime beaucoup cette lotion gluante appelée Shan-Poo. Mes cheveux deviennent beaucoup plus faciles à coiffer après en avoir mis, l'avoir fait mousser et rincer.

Saori : Quel alchimiste propose ces produits ?

Megumi : Je l'ignore. Hai-kun parle beaucoup d'hygiène et de désinfection. Comme pour un hôpital, non ? Peut-être que ça vient de là ?

Saori : Pouvez-vous me donner le savon, Megumi-san ? Heu... Megumi.

Megumi : Voilà, voilà !


L'ennui avec les portes coulissantes c'est qu'elles ne sont pas épaisses. Je n'espionne pas leur conversation mais c'est dur de ne pas entendre vu que je travaille au cellier et qu'il est en face de la salle de bain. Je suis en train de chercher les jeux d'hiver.


Pendant la saison froide, on passe beaucoup de temps coincé à l'intérieur lors des tempêtes de neige. Du coup, j'ai recréer quelques jeux terriens pour m'amuser un peu avec Megumi et tromper l'ennui. Vu que l'on va se retrouver à nouveau coincés entre quatre murs, je ressort les jeux et les dépoussière. Je pourrai même en créer d'autres ? Tiens, je crois que je vais faire des dominos.


Retournant à la forge, je prends de longues et fines tiges de bois qui servent normalement à l'artisanat de Megumi. Leur section est carrée mais ce n'est pas grave. Marquer à des distances régulières au crayon à charbon... Là... Ensuite, avec la petite machette pour le petit bois, couper d'un coup sec. Moui... Mais le crayon à bois est un peu limité pour faire les points. Et ce sera salissant pour les doigts. Je sais ! Je vais faire un peu de pyrogravure... Une tige fine pour les points et la ligne de séparation que je laisse juste assez dans le foyer de la forge pour marquer le bois.


Moui...


Bon, il faut maintenant que je tienne les comptes pour ne pas faire deux fois le même domino.


Megumi : Encore un de tes jeux...


Sortant de la salle de bain, Megumi laisse libre ses longs cheveux blonds. Elle croise les bras, agacée de me voir utiliser la forge dans son dos mais seulement à moitié fâchée vu qu'elle a très bien accueilli mes différentes petites invention d'ordre ludique.


Les cartes à jouer en bambou sont ma meilleure création. Elle en a reproduit deux jeux supplémentaires en cas d'usure prématurée de notre lot de cartes et a absorbé comme une éponge les règles des jeux tels que le poker, la belote ou encore le mouton noir. Les possibilités sont limitées à deux c'est donc accompagnés d'Ayumi et de personnes de passage que l'on a passé des hiver très remplis. On a converti Motoko et sa sœur récemment lors de leurs visites. Vendre ces cartes ? Le problème tient dans la longueur des règles nécessitant un carnet et dans la concurrence avec les jeux locaux, plus rustres mais très répandus.


Le Jenga fut plus difficile à produire, vu la régularité des pièces nécessaires à sa réalisation. Les jeux de plateau avec des dés comme le jeu de l'oie ou échelles et serpent durent subir une assimilation culturelle avant d'être acceptés. Bref, mes dimanche avec mes petits-enfants furent mis à contribution bien après ma mort. Le fait de passer des heures à m'amuser avec des gamines me détend immensément et après toute une journée à risquer ma peau en forêt, finir avec un solitaire est un exercice mental très reposant.


Haiwaken : Oui. Ce jeu se nomme domino.

Megumi : ça ressemble un peu au Mahjong...

Haiwaken : C'est plus simple et plus rapide. Et facile à fabriquer. Donne-moi encore quelques minutes...

Megumi : Je vais poncer les bords des pièces que tu as déjà fabriquées. Il ne faudrait pas remplir d'échardes les doigts de notre invitée.


Elle s'installe à mes côtés, travaillant calmement comme à son habitude.


*************



Il était sur le point de craquer.


Les processus de résurrection sont des phénomènes variant selon les créatures qui les subissent et selon la nature magique des mondes où ils ont lieu. Chaque âme doit avoir un traitement particulier qui lui est propre et est envoyée dans le Shamshara pour revenir, fraîche et vigoureuse, tenter à nouveau sa chance dans l'amélioration continue.


Sauf que ce Dieu avait mis au point un système très automatisé qui avait beaucoup diminué la pression sur ses collègues. Il était devenu une star... quand ça marchait.


Un collègue un peu fou s'est dit que ce serait amusant de laisser des gens garder leurs souvenirs et a fait rater une quantité incalculable de résurrections. Il y a à présent dans un nombre de monde absurdement élevé une masse de héros, tyrans et autres génies qui mettent un chaos pas possible à tout ce qu'ils touchent. Le seul espoir auquel ils se raccrochent c'est que la durée de vie de ces organismes reste limitée, contrairement à celle des dieux, et qu'ils finiront par revenir dans le Shamshara.


Hélas, les dégâts causés par cet illuminé fou de résurrections incontrôlées sur le système sont catastrophiques pour ce Dieu spécialisé dans les programmes automatisés. Il travaille donc d'arrache-pied depuis des cycles et des cycles, faisant tout à la main tout en programmant en parallèle un nouveau système. Mais il sait que ce nouveau ne sera pas aussi bon que l'ancien car il lui manquera un élément central.


Il avait fait un essai. Glissant une âme faible, chétive et non surveillée par les autres dieux dans sa construction, il l'a branchée dessus pour voir si ses capacités cognitives inférieures pourraient apporter une amélioration à sa technique pourtant sans faille.


Et ce fut d'une efficacité explosive.


L'âme s'est révélée être capable de traiter tant de résurrections en parallèle qu'une industrie du loisir divin a pu se créer.


Hélas, lorsque les cendres sont retombées après que les Dieux aient enfin réussi à faire le compte de toutes les âmes ressuscitées hors système, ce Dieu a bien dû se rendre compte du gros trou au beau milieu de sa magnifique conception divine.


L'âme s'était échappée !


Il y avait 99,99999% de chances qu'elle s'est retrouvée traitée par tous les Dieux de rangs inférieurs qui ont été obligés de travailler à la chaîne pendant cette période. Il ne la reverra plus, en tout cas pas avec ces capacités.


Relevant les yeux de son bureau éthéré, le Dieu constata que sa pile de dossier d'âmes a bien diminuée. Il aura peut-être du temps pour lui aujourd'hui ? Hélas, un Dieu de rang inférieur se matérialisa devant lui, déposant sa cargaison d'âmes à traiter avant de repartir, tout aussi las que ses supérieurs.


Si les Dieux trouvaient quel est l'imbécile qui s'est dit que ce serait bien de généraliser cet étrange concept nommé Isékai, ce gars allait passer un très sale quart d'heure...

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