Chapitre 34 : J'adore quand un plan se déroule sans accros.

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Haiwaken : On a enfin l'autorisation de pénétrer dans les quartiers nord-est !


Je brandis la petite plaque de bois qui nous est parvenue dans un panier totalement anonyme couvert de fruits secs et d'un petit sac de riz. Song est vraiment discret. Il nous a encouragés à rester cachés et a même fait parvenir régulièrement de la nourriture pendant les deux semaines que notre confinement a duré. Ce fut surtout dur pour Mégumi qui, privée de matériel sur lequel travailler, a fait contre mauvaise fortune bon cœur en sympathisant avec Saori pendant ce temps.


À présent, si on ne tenait pas compte de leurs différences physiques évidentes, on les prendrait pour deux sœurs.


Megumi : Parfait ! C'est vrai que ça fait depuis deux jours que l'on n'a plus de course-poursuites sous nos fenêtres.

Saori : Oui...


Ils ont dû me voir filer plein nord. Devinant que je me planquais dans la tranche de la cité se trouvant entre le fleuve et le milieu de la ville, ces types ont donc pas mal quadrillée la zone, facilitant le travail de la garde dans le même temps. Ayumi passait de temps en temps donner des nouvelles et en profitait aussi pour jouer avec nous. Saori est redoutable aux cartes. Au poker, elle me mettrait sur la paille si l'on avait eu la très mauvaise idée de jouer de l'argent.


Haiwaken : Je vais préparer notre exfiltration. Ce sera ce soir, quand la nuit sera bien tombée.

Saori : Hmmm...

Megumi : Saori-chan ? Tu n'est pas contente de revoir tes parents ?

Saori : Si, mais... Je... Je ne vais plus vous voir...

Megumi : Allons, Sa-chan ! On ne va pas disparaître ! J'ai bien l'intention de devenir une grande forgeronne et tes parents pourront devenir mes clients, donnant plein d'occasions de se revoir !

Saori : Hm...


La petite ne semble pas vraiment rassurée. C'est vrai que l'on ne connaît pas ses parents et donc la façon qu'ils pourraient réagir en apprenant qu'elle a vécu avec un type d'une classe sociale inférieure pendant si longtemps. Je parle de moi, hein ! Megumi, par sa naissance et son talent au marteau, est quelqu'un d’infiniment plus fréquentable pour la bonne société Yamato qu'une brute dans mon genre.


Je lui tapote amicalement la tête pour la rassurer.


Haiwaken : Saori-dono... Si jamais il y a le moindre problème, appelle-moi. Au pire, je peut te cacher en pleine forêt. J'y ai une petite maison bien cachée avec cuisine et tout. Et je peut improviser quelque chose si ça tourne vraiment mal.


Avec tous les Pex en attente, je pourrais me spécialiser dans n'importe quoi. Mais on va attendre un peu vu que ma stratégie continue de se baser sur la discrétion. La petite n'est pas vraiment pleine d'entrain et me fait penser à mes neveux quand les parents arrivent pour les récupérer.


Megumi : Tu ne nous as toujours pas dit quel est ton plan pour arriver au pont.

Haiwaken : Vous allez être surprises... Hé hé...


Et elles le furent.


Avec ma compétence Construction, j'ai souvent donné des coups de main dans les mauvais quartiers d'Okonda. La plupart des artisans les plus sérieux évitent le centre des Shikakus et leurs habitants passent donc par l'Union pour avoir de l'aide dans les réparations. C'était de l'argent facile et je pouvais en faire plusieurs en une journée. Du coup, j'ai pas mal réparés de toits et de charpentes dans des endroits où un jeune de mon âge ne devrait pas mettre les pieds. Ce qui a mené au convoi qui va nous faire pénétrer dans le quartier Nord-est.


C'est un gros palanquin biplace, conçu pour porter deux personnes assises l'une en face de l'autre. Une espèce de grosse boîte avec des volets de bois coulissants sur les côtés et surplombé d'une grosse poutre reliée à des harnais pour les quatre porteurs. Voyageant à dos d'homme, les palanquins sont réservés à une clientèle souhaitant la discrétion tout en affichant son standing et sa richesse. En clair, les Geishas. Les quatre personnes qui soutiennent de leurs épaules le moyen de transport font un signe de tête léger en me voyant. J'ai bossé avec eux tout un été à refaire les toits de tuile de plusieurs établissements à Geishas, ça crée des liens. Le garde, habillé de la cape rouge et du grand chapeau de paille plat traditionnel des protecteurs de Geishas, m'ouvre la porte du palanquin pour me tendre mon matériel laissé à l'intérieur. Je vais me faire passer pour le second garde et les filles seront à l'aise à l'intérieur du palanquin pendant ce temps.


Haiwaken : Allez, en selle ! Roulez jeunesse !

Megumi : Hai-kun... à notre retour tu me devras une explication. Une longue, très longue et très détaillée explication au fait qu'il te suffit de claquer d'un doigt pour faire apparaître le moyen de transport d'une maison de passe au pied de mon logis...

Saori: Haiwaken... Tu va déjà voir des femmes ?

Haiwaken : Arrêtez vos bêtises ! Ce sont tes meilleurs clients pour les baguettes de cuisson pour commencer.

Megumi : Hein ?

Porteur 1 : Vos sacs sont super pour transporter le matériel. Solide et présentent bien...

Porteur 2 : Votre série de boucles ornées pour kimono ont lancé une petite guerre dans la maison de madame Yi. Si vous en refaites, triplez la production. Pour la paix sous notre toit...

Garde : Hai-kun... tu sais que huit Geishas se sont lancées dans une compétition pour savoir laquelle arrivera à te cueillir en premier... Si jamais elles apprennent que tu vis avec deux beautés, elles vont déprimer...

Megumi : Heu, que, je...

Saori : Une beauté...

Haiwaken : Pitié, les gars, un peu de concentration. Même sans les types louches que je cherche à éviter ça reste Okonda de nuit. En route !


J'enfile le déguisement et prend ma lanterne rouge. Le garde va marcher devant, brandissant haut sa lanterne pour écarter les piétons et les curieux pendant que je fermerai la marche avec la mienne, la portant bas pour signaler que le spectacle est fini, c'est bon, vous pouvez filer. Les Geishas, malgré leur statut social bas, restent l'objet de beaucoup de fantasmes et de désirs de la plupart de la population. Même les femmes cherchent à les apercevoir, tentées par leurs riches tenues, leur maquillage sophistiqué et leurs bijoux raffinés.


Moi ?


Depuis qu'une Geisha m'a hurlé dessus en sautant à cloche-pied après qu'un débris de tuile lui a chuté sur le pied, j'ai vite perdu de vue le mythe.


Nous sommes à présent dans l'avenue devant chez nous. Le marché a beaucoup moins d'activité vu que la nuit est tombé depuis des heures mais cela n'empêche pas la présence de curieux qui scrutent le convoi. Ils doivent se demander quelles sont les divines beautés ayant passé la plupart de leur existence à raffiner leur féminité qui se trouvent à bord.


Perdu. Une des deux est une forgeronne qui mange la moitié du temps avec un couteau et l'autre est une gamine qui a pris le feu aux joues rien qu'en voyant la décoration intérieure du palanquin.


La décoration est traditionnelle. Histoire de rappeler à la Geisha se rendant chez un client quels sont les services qu'elle peut être amenée à proposer. Une espèce de catalogue ambulant de la volupté, de positions anatomiquement douloureuses et des listes de chants. J'ai connu pire question corps dénudés avec ce que nous proposaient les séries américaines ou les délires façon télé-réalité. Mais ils semblent être plus prudes ici.


On a fait la moitié du chemin que commencent les problèmes. Des types ronds comme des queues de pelle qui poussent des cris du genre « viens m'amuser ! Allez, je paie bien ! Et je suis bien monté, t'as pas idée ! » J'en entends des fois pendant la nuit et ai eu une pensée pour les malheureuses qui doivent supporter des trucs pareils. Je ne pensai pas que c'étaient les Geisha qui subissaient ça. Le garde poursuit sa marche rapide, imperturbable. Ce doivent être les provocations habituelles et c'est un peu leur quotidien. Je suis le palanquin et...


Il vient de lancer quelque chose !


Je fonce et intercepte l'objet en plein vol, m'arrêtant en une pirouette à côté du convoi qui s'arrête, surpris par ma vitesse. Je regarde l'objet que j'ai attrapé. Une bouteille de terre cuite et avec encore un bon tiers de liquide dedans. Me tournant vers les deux soudards, je remarque qu'ils lancent deux autres projectiles que j'attrape de la même main, coinçant les goulots des bouteilles vides entre mes doigts. Ça les fait rigoler les couillons !


Bourré 1 : Hé ! Ils font aussi des tours maintenant ?

Bourré 2 : Si ça se trouve, il fait un « service » pour madame pendant que monsieur est occupé.


Et encore un rire gras.


Compression temporelle. Je lâche les bouteilles, frappe de la tranche de la main pour faire sauter les trois goulots du même geste et remets la main au repos sur ma hanche avant que les flasques ne commencent à descendre.


Chute rapide du taux d'alcool dans le sang des deux poivrots après avoir vu ça. Le convoi reprend. Quelques rues plus loin, une fois seuls, il y en a un qui ne peut pas s'empêcher de parler...


Garde : Je t'ai déjà parlé du salaire que l'on a comme garde de maison à Geisha ?

Haiwaken : Non... Pas intéressé.

Garde : Et j'ai pas encore parlé des avantages en nature.

Haiwaken : Sérieusement, arrête.

Garde : Et je parle pas des restes de saké. Elles sont...

Megumi : J'ai mon marteau de forge avec moi.

Garde : Bien, continuons...

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