Chapitre 35 : Premiers pas chez les riches.

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On finis par arriver devant le pont. Contrairement aux ponts classiques, chacune des extrémités est renforcée d'un petit bastion en dur qui s'étend de plusieurs mètres sur les côtés du fleuve, surmonté d'un petit chemin de ronde pour vérifier que personne ne s'autorise à accoster sur la mauvaise rive du cours d'eau. Habitués aux visites nocturnes des Geishas, les gardes se contentent d'une vérification symbolique, observant attentivement la plaque de bois qui autorise le porteur de la plaque et les personnes qui l'accompagne à pénétrer et ressortir de la zone pour riches.


Il emporte la plaque avec lui pour la signer avec le symbole de la garde et à faire l'encoche indiquant la date puis nous la ramène quelques minutes plus tard, faisant ouvrir la porte à double battant ouvrant la voie vers le pont.


Très arrondi pour permettre le passage des petits navires de transport, il ne facilite pas la tâche des porteurs qui n'avaient que du plat jusqu'à présent. Mais ils sont habitués à ce genre d'efforts, venant ici presque quotidiennement. Après une vérification encore plus rapide de l'autre côté, on se retrouve enfin dans la zone pour riches de la ville.


Wow...


Dommage qu'ils ne fassent pas de visites guidées.


Les charpentiers qui ont fait ces façades devaient avoir des budgets illimités et il y a des éclairages à la pierre de lumière un peu partout.


Presque tout ce que je vois ne sont même pas les bâtiments en eux-même. Ils sont plutôt adeptes du mur d'enceinte richement décoré et bien opaque avec des portes d'entrées grandioses dotées de leur propre toit. J'ai très envie de voir à quoi ressemble les maisons derrière tout ça mais je suis sûr que leurs systèmes de sécurité sont du genre punitif. Pas besoin d'avoir une alarme qui hurle à tue-tête ou des lumières qui s'allument quand le chat du voisin saute le muret dans un monde où tu peut installer des domaines magiques qui tuent à vue tout ce qui est étranger. Sans parler des classiques mais toujours aussi efficaces gardes sans humour.


Le palanquin s'engage dans une ruelle et s'y arrête. Les porteurs le dépose et le garde éteint sa lampe, m'encourageant du geste à en faire de même.


Garde : C'est ici qu'on vous dépose. La garde ici n'aime pas nous voir nous approcher des maisons. Les Geishas finissent le trajet à pied en portant de larges capes et des parapluies. Les gars ?


Ouvrant un compartiment à l'arrière du palanquin, les porteurs de l'arrière déploient de belles capes et des ombrelles de papier fines et neutres. Les deux filles sortent de leur moyen de transport et, obéissantes, enfilent les tenues qui ont été modifiées pour leur gabarit. Moi, je retire cape et chapeau pour avoir l'air d'un garde du corps habituel avec mon poignard bien en évidence à ma taille. Tout ce que j'espère c'est que je n'ai pas l'air trop ridicule à jouer les gros bras avec mon gabarit...


Garde : Ne t'en fait pas, les gens ici sont habitués à voir des Geishas et restent discrets. Ce serait un sérieux manque à l'étiquette que de guetter où des Geishas se rendent... Allez, à plus tard.


La suite de la marche est plus stressante pour les deux jeunes filles qui sont à présent privées de la protection du palanquin. De plus, Megumi semble encore plus stressée que Saori, probablement intimidée par l'environnement très riche.


Haiwaken : regardez droit devant vous. Vous êtes des habituées. Vous savez où vous allez et cet endroit ne vous impressionne pas...

Megumi : Facile à dire. Oh bon sang c'est de l'or sur cette porte ?

Haiwaken : Meg-chan... Bon, Saori-san, on compte sur toi. On est loin ?

Saori : Pas... Pas vraiment. Encore deux cent mètres.

Haiwaken : En route. Meg-chan, ne touche pas à cette porte... Si ça se trouve, ça fait sonner un gong à l'intérieur.


Apeurée, elle retire sa main et reprends la marche.


On est enfin à destination. Saori regarde le portail, l'air un peu hébétée.


Saori : On... on y est...

Megumi : C'est... Calme ?


Contrairement aux autres manoirs donnant dans le grandiose, la demeure est beaucoup plus sobre. Le mur d'enceinte est solide, simple et entrecoupé d'une seule porte massive sans fioriture. Ce n'est pas par manque de richesse vu la propreté impeccable du palier et l'épaisseur massive des poutres visibles. C'est sûrement un de ces trucs zen. Saori reste immobile, fixant intensément la porte comme si elle allait la mordre. J'allais lui demander s'il y avait un problème quand, soudain, Megumi l'enlace.


Megumi : Allez, tu peut y aller. Tu es enfin, enfin, enfin chez toi. En sécurité.


Tout doucement, la petite se met à pleurer. Pendant plusieurs minutes on reste là, Saori serrant Meg dans ses bras pendant que cette dernière lui tapote le dos, la rassurant avec une voix douce. Je me sens en trop, gêné par cette manifestation de soulagement, de joie... et aussi un peu de tristesse.


Megumi : Tu vas y aller maintenant. Voir ta famille.

Saori : Meg... Meg-chan... buuhhhh... Reste... Reste avec moi...

Megumi : Allons, allons...


Habitué que je suis à fréquenter une fille mature comme Megumi et des personnes plus âgées que mon âge physique, je ne suis plus habitué à voir une enfant réagir comme une enfant. Je me mêle à la séance câlin en lui frottant le sommet du crâne.


Haiwaken : N'oublie pas que je suis mercenaire de l'Union. Si tu as vraiment envie de la revoir, fait une demande par l'Union et je me chargerai de l'escorter ici. Comme tu l'as vu aujourd'hui, je suis plein de ressources quand il faut aider quelqu'un...


Là elle pleure franchement et à gros bouillons. Il lui faut près de dix minutes pour se calmer et enfin se présenter devant le portail, nous laissant sa cape et son ombrelle. Usant du heurtoir, un son sourd retentit de l'autre côté des murs. Quelques minutes plus tard, la porte s'entre-ouvre avant de s'ouvrir totalement. Une femme habillée en domestique sort, fait une courbette, gardant la position tout en saluant Saori. Reprenant du poil de la bête, elle pénètre dans la cour intérieur, suivie par la domestique... qui ferme la porte.


Heu...


Personne n'est surpris de la voir revenir dans la nuit, comme ça ? Megumi me tire sur la manche, visiblement paniquée. Je me tourne vers elle et...


Ninja !


Je me mets de suite en garde, portant la main à mon poignard encore engoncé dans son carcan magique.


Merde ! Ils sont trois.


Debout dans la rue, se tenant droits à une dizaine de mètre de nous mais en nous encerclant discrètement, les trois ombres restent immobiles. L'une d'elle, celle du milieu qui se tenait derrière nous quand les portes se sont refermées, lève les deux mains en signe d'apaisement. Il parle d'une voix douce et calme. Presque un murmure.


Ninja : Nous sommes employés par la demeure où vous venez de ramener la demoiselle. Nous ne vous voulons aucun mal.

Haiwaken : Ah bon ? De ma précédente rencontre avec un ninja j'ai retenu qu'il ne faut pas prendre ce que vous dites pour argent comptant !

Ninja : Il est vrai que nous sommes là pour être efficaces. Pas pour respecter des règles. Mais le fait est là : Nous surveillons mademoiselle depuis près de deux semaines. Nous sommes restés discrets pendant tout ce temps. Veillant sur elle comme sur vous. Même durant votre trajet jusqu'ici.

Haiwaken : Et maintenant ?

Ninja : Nous avons prévenue la maison de votre arrivée pour accueillir mademoiselle. Vous aurez votre récompense en temps voulu. Quand les soucis seront retombés. L'un d'entre nous va vous escorter chez vous. Discrètement. Je pense que vous comprenez qu'il faut que personne ne soit au courant de ce qui s'est passé pendant ces deux semaines...

Megumi : Et vous êtes là à trois pour dire ça ?


Moment de silence puis, silencieusement et doucement, les trois ninja se penchent en avant, à près de 90 degrés, en gardant les bras le long du corps. Ils se mettent à parler d'une même voix, toujours aussi calme.


Ninjas : Mademoiselle a été en danger et nous n'avons pas été là à ce moment critique. Nous n'avons pas pu la protéger et c'est notre très grande honte. Nous sommes des ninjas. Nous n'avons pas d'honneur. Mais nous nous serions tués dans l'heure si quelque chose lui serait arrivé. Nous vous remercions.


Puis, comme dans un rêve, les trois silhouettes se dispersent dans les ombres.


On se retrouve, comme deux imbéciles, seuls dans la rue (avec à coup sûr un ange gardien tout de noir vêtu), à se demander quoi faire.


Haiwaken : Bon... ben, ne faisons pas trop attendre les gars. Ils vont sûrement devoir amener de vrais Geishas quelque part ce soir.

Megumi : Heu... Oui ! D'accord ! Mais cette fois c'est toi qui va dans le palanquin et moi je prends la cape et le chapeau.

Haiwaken : Meg-chan...

Megumi : Tu as un peu idée des questions que Sa-chan m'a posées pendant le voyage ? Chacun son tour de souffrir ! En route !

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