Je n’aurais jamais pensé que les forêts de Rovaniemi puissent être aussi belles. En réalité, au début, j’étais effrayé. J’avais l’impression de fuir les lutins-zombies en me jetant directement dans la gueule des loups ou des gloutons. De mémoire de flocons, je peux vous dire que les animaux carnivores ne manquent pas ici. Avant, croiser un lynx ne m’aurait fait ni chaud ni froid (façon de parler). D’ailleurs, j’aimais beaucoup me poser sur leurs vibrisses ou chatouiller le dessous de leurs pattes. À cette époque, je ne risquais rien en leur compagnie.

Mais maintenant que je suis fait de chair et de sang, je ne suis plus à l’abri des prédateurs. Couché sur le dos de Rudolphe, je sentais son cœur battre la chamade. Apparemment, je n’étais pas le seul à avoir peur.

Je me suis assis et j’ai regardé derrière nous pour être sûr qu’aucun danger ne s’approchait. Et là, le décor m’a coupé le souffle. De chaque côté du sentier blanc marqué par le galop des rennes, j’ai découvert de minuscules empreintes (celles de belettes probablement). Au-dessus d’elles, les arbres gelés semblaient vouloir toucher le ciel.

Le givre recouvrait les épines des pins sibériens et leur donnaient des airs de sapins de noël. Je n’ai pas pu m’empêcher de les imaginer décorés de boules et de guirlandes multicolores.

Plus motivé que jamais par le paysage hivernal, j’ai demandé aux rennes de m’emmener chez Matleena mais ils ont eu l’air de ne pas la connaître. J’ai trouvé ça étrange mais je n’ai pas insisté. Je me suis dit qu’ils l’appelaient peut-être autrement. En contrepartie, ils m’ont proposé d’aller au village le plus proche. J'ai pensé que j’y trouverai sûrement des renseignements alors j’ai accepté.