Sur le chemin du village, j’ai eu tout le temps d’admirer le paysage. Pourtant, à force de ne voir qu’une succession d’arbres enneigés, j’ai commencé à le trouver ennuyeux. Finalement, j’ai presque souhaité qu’un loup nous poursuive.

Bien sûr, à ce moment-là, je me suis senti stupide. Ce n’était pas le danger que je désirais. Je voulais juste que la monotonie prenne fin.

Qui pourrait voyager en forêt plusieurs heures à dos de renne avec l’estomac vide ?

Alors que la faim me tourmentait, je me suis mis à observer plus attentivement mon environnement. De petits lemmings semblaient fuir une menace. Avec leurs poils marrons et noirs, je n’avais pas réussi à distinguer les rongeurs parmi les branches avant de les voir bouger. Juste derrière eux, une masse blanche filait à toute vitesse pour les attraper. L’animal était si rapide que je n’ai pas compris tout de suite ce qu’il était. Il sautait sur les troncs et fouettait les rochers avec sa queue en panache. À chaque onde de choc, de grandes étincelles roses s’envolaient vers le ciel. Le firmament s’est alors illuminé de teintes bleues, vertes et pourpres. Les lumières ont alors commencé à danser et j’ai su à quelle créature j’avais affaire. Seul Revontuli, le renard de feu, était capable de créer une aurore boréale.

Comme s’il savait que je l’avais identifié, il s’est figé et m’a regardé. Il avait réussi à piéger un lemming dans sa gueule. Lui, au moins, allait pouvoir manger. Bien sûr, j’étais un peu triste pour sa proie mais, après tout, c’est la loi de la nature.