Je ne me sens pas très bien. J’ai froid, je suis coincé et je ne sais pas où est Tonnerre. J’espère qu’il s’en est sorti. Moi, je crois que je me suis juste foulé la cheville. Rien de grave. Enfin… hormis le fait que je sois complètement enseveli sous la neige sans aucune boisson ni nourriture. Évidemment ! Tout a dû rester solidement attaché à Tonnerre !

Bon, en réalité, ça m’est égal parce que je n’ai pas faim. J’ai surtout peur de ne pas pouvoir sortir de là. Combien de temps pourrais-je respirer dans cet espace restreint ? J’ai déjà l’impression de suffoquer.

Pour me calmer, j’ai voulu chanter. Ça m’aide toujours de chanter. En plus, avec un peu de chance, quelqu’un m’entendra et viendra me secourir.

Une fausse note est alors sortie de ma bouche. Étonné, j’ai réitéré l’expérience. Les suivantes étaient pires. Mon habituelle voix douce et cristalline était à présent rauque et éraillée. D’ailleurs, ma chanson ressemblait plus à l’agonie d’un animal blessé qu’à la comptine que j’avais à l’esprit. À quoi était dû ce changement soudain ?

Sur le coup, j’ai pensé que le manque d’oxygène altérait ma voix. Ça allait être temporaire. Aucune raison de s’inquiéter davantage. Toutefois, quand j’ai commencé à gratter la neige pour me sortir de là, j’ai compris que je me trompais. La véritable raison était bien plus dramatique.

J’ai regardé mes mains et j’ai hurlé. Comment avais-je pû ne pas m’en rendre compte plus tôt ? Combien de temps me restait-il ?

J’ai touché le bout de mes doigts et je n’ai rien senti. La sensation de froid sur mes bras m’a rassuré. Certes, mes mains sont maintenant grises mais je n’en suis qu’au début de la zombification.