Clocks - Coldplay

Antoine ouvrit les yeux avec douleur. Il grimaça en se roulant sur le côté, pour éviter les rayons du soleil qui passaient à travers la fenêtre.

Après quelques secondes pour reprendre ses esprits, il se rendit compte qu’il était allongé dans son lit, chez lui. Il s’empressa d’aller fouiller la poche de son jean pour voir si son téléphone y était toujours, et non seulement il le trouva, mais il avait même été chargé entre-temps.

Il était dix-sept heures, et il ne s’était même pas écoulé vingt-quatre heures depuis la dernière fois où il avait vu Tom.

Il plongea sa main dans son autre poche, et en sortit un petit flacon en verre, contenant un liquide mauve. Il déglutit avec difficulté, repensant à tout ce qui venait de lui arriver.

Sa décision était prise : il ne ferait pas comme ses prédécesseurs. Il avait choisi de profiter des mois qui lui restaient, ne pas chercher à lutter contre la mort. Il avait accepté que tout ce qui lui était arrivé et tout ce qui l’attendait le dépassait, et que se battre pour trouver un moyen de mettre fin à cette malédiction était vain. Certainement, l’instinct de survie reprendrait le dessus dans les derniers jours, et il regretterait peut-être sa décision le moment venu ; mais ce n’était pas grave. Sa vie était plus importante que sa survie, Tom était plus important que la Mort…

*Quelques jours plus tard…*

“Merci, bonne soirée !”

Tom et Antoine sortirent du restaurant, main dans la main, le sourire aux lèvres.

– Il était pas mal, le serveur, tu trouves pas ? lança Antoine en rigolant.

– Bah vas-y, va l’attendre à la fin de son service et rentre avec lui ! s’écria Tom en lui mettant une petite tape derrière la tête.

Les deux garçons se promenèrent dans les rues de Paris, en discutant de tout et de rien, devant le ciel orangé de ce début de soirée. Le temps était doux, juste assez chaud pour rester en t-shirt, avec un vent léger et agréable. Il y avait peu de monde dehors, on se serait cru dans un film.

Leurs jambes les amenèrent au hasard sur un petit pont où presque personne n’allait. Ils s’arrêtèrent au milieu de celui-ci et en profitèrent pour prendre quelques photos, avec le coucher de soleil derrière eux.

Alors Tom releva la tête et le regarda droit dans les yeux avec un air sérieux. La bise faisait flotter doucement ses cheveux d’or et caressait ses joues, on aurait vraiment dit un ange... Il prit une grande inspiration, fit gonfler sa poitrine, puis expulsa tout l’air accumulé par le nez.

Et, dans un instant magique où tout s’était arrêté autour d’eux, Tom posa un genou sur le pavé vénitien, et sortit de sa poche un écrin, qu’il ouvrit avec précaution, laissant apparaître une bague somptueuse, ornée d’une émeraude aussi belle qu’une étoile…

– Antoine, pour les six mois qu’il nous reste, est-ce tu veux m’épouser ?

Antoine écarquilla les yeux et resta immobiles durant un moment. C’était comme si son cerveau avait arrêté de fonctionner, sous le choc de ce qui se déroulait devant ses yeux.

Et après avoir pris le temps de réaliser ce qui se passait, une lueur passa dans son regard, et tout son visage s’illumina d’un coup.

– OUI ! s’écria-t-il, fou de joie.

Tom glissa délicatement la bague le long du doigt de son amoureux, puis se releva et l’embrassa fougueusement. Ils se serrèrent dans les bras l’un de l’autre de toute leur force, un immense sourire sur leurs lèvres.

C’était le plus beau jour de leur vie, et c’est ce souvenir qui serait le dernier à défiler devant leurs yeux, juste avant leur dernier souffle. Car c’était celui qui les unissait à jamais, et les rendait inséparables pour toujours, et même le trépas ne pourrait pas rompre leur lien indéfectible. C’était leur victoire, à tous les deux, face à la vie, face à la mort.

– Je t’aime, Antoine.

– Je t’aime, Tom.