Une aura mystérieuse se dégageait de son corps, un corps si voluptueux. Elle trônait sur la marche du balcon, dominant le jardin fleuri. Subtile beauté, presque qu’illusoire, et pourtant, si réelle au cœur de Thomas. Une beauté fragile, toujours éphémère. Il devait cueillir cette rose avant qu’elle ne se fane. Il devait une énième fois nourrir sa perversion, sublimer son bouquet, son œuvre... Descendant de son piédestal, pas à pas, il s’approchait de l’inconnue, de l’objet de son désir.

***

 Arrivé à sa hauteur, il pouvait l’apprécier : un parfum boisé, une robe en guise de pétale et des épines dans le regard. Enivré par l’alcool et ses effluves, il se présenta à elle :

« Bonsoir, jeune inconnue… »

Un sourire en guise de répartie, elle semblait amusée par cette approche. Surpris et charmé par cette réponse, Thomas en était d’autant plus intrigué. Il contemplait son regard de braise, ses lèvres attirantes. Il avait envie d’elle. Sur un ton plus séducteur, il lui murmura :

« Qui êtes-vous ? »

Cette fois-ci le sourire s’effaça pour laisser place à des traits cinglants. Thomas fût troublé par cette soudaine sévérité. Il l’avait froissée, il ne comprenait pas de quelle façon, lui qui avait tant l’habitude des femmes. Ètonnant. Il resta immobile, face à elle, attendant donc patient et curieux, un geste de sa convoitise.

***

 Un long silence, puis elle sourit de nouveau et sans détourner son regard de Thomas, s'avança vers l’escalier. Elle lui paraissait si singulière, et pourtant ce dernier sourire adressé, lui, était presque familier. Enfin d’une manière intimidante, elle l’obligea à le suivre. Comme pour se faire pardonner, il suivit cette étrange créature, à fleur de peau.