La cage dorée
À l’étage trônait la pièce maîtresse de sa demeure, la cage dorée, le théâtre des œuvres, des horreurs de Thomas. Des murs au teint ambré, un écrin au drap d’ivoire et bientôt un sol écarlate. Cette chambre avait vue passé tant de femmes, comblées, puis tuées, mais elle avait vu naître tout autant de créations. Encore un moment et la proie des plus exotiques qu’il eût connue, n’entre d’elle-même dans le piège. Plus qu’un instant, avant d’écrire le chef-d’œuvre. Par ses lettres ravissantes, par ses mots meurtrissant il la sublimerai. À sa façon. Thomas jubilait à cette idée, son excitation était à son paroxysme, presque impossible à contenir. Au moment d’ouvrir la cage dorée, il souffla. Il savait qu’avant cela, il devait la faire vibrer au plus profond de son âme et de son corps. Il devait savourer sa chair des plus intimes, déguster ses frissons, se délecter des soupirs… Exalter cette femme unique. Et plus encore, il devait savoir qui elle était. Autrement, son prochain roman ne serait être à la hauteur de cette Muse, de la Perversion.
***
Elle s’approchait du piano d’ébène, ses courbes se balançant d’un bord à l’autre, une ode à l’érotisme, puis souffla avec délicatesse sur le chandelier qui s’y trouvait. Thomas s'avança lui aussi, serein, dans cette intime pénombre.
Elle reprit du vin, puis déposa sur les lèvres de Thomas, un baiser des plus torrides. Dans cette atmosphère fantasque, le piano semblait jouer seul, l’un de ces airs envoûtants, la lueur des dernières bougies, elle, semblait danser sur le visage des amants. Le monde s’effaçait, le temps s’évanouissait… Thomas effeuilla alors cette robe, dévoilant ce corps sublime, brûlant de désir. Elle laissa tomber son verre et ses pétales, asservie à l’étreinte de Thomas. Il lui murmura :
« Qui es-tu ? »
***
Elle était devant lui, sans réponse, autre que son regard de luxure et ses lèvres devenues ruisselantes. Secrète, le sourire familier. Des effluves érotiques émanaient de ce corps et du vin renversé au sol. D'une main ferme, Thomas l’attrapa par les hanches, et l’amena au cercueil d’ivoire. Il ne pouvait plus attendre, il embrasa ses lèvres de baisers ardents, avant de mordre toute chair de ce corps, de la dévorer. Les caresses remontaient des cuisses, jusqu’à la poitrine, en passant par le sexe inondé de plaisir. En réponse, il sentait les épines de sa rose lui griffer le dos, son sexe se soumettre au sien. Elle vibrait, ondulait sous le plaisir. Intense. Sans prévenir, sans retenue, il pénétra cette créature avec violence, comme elles le souhaitent toutes. Ils s’offrirent alors la Perversion, sans pudeur. Elle, prise, soumise par le mâle, l’artiste. Lui, la dominant, l’usant. Au dernier assault, il la sentit partir aussi loin qu’il partait lui-même, enfin, il avait réussi : elle l’avait atteint, l’extase.
Il lui murmura au creux de l’oreille :
« Dis-le moi… dis-le moi et je te promets ce que tu souhaiteras. »
Une voix douce, résonna alors dans la cage dorée, dans l’esprit de Thomas…
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