Chapitre deux

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Me voilà revenu devant mon ordinateur et ce texte qui, au lieu d’être une histoire de tueur en série, est en train de devenir mon journal intime. Je pourrais effacer tout ce que j’ai écrit cet après-midi, mais là, je ne peux plus. Il se passe des choses vraiment bizarres depuis que j’ai reçu cette maudite boîte…
Je suis donc parti tout à l’heure pour souffler un peu. Je me suis dit aussi que je trouverai peut-être un peu d’inspiration dehors. J’ai coupé par le parc. Il faisait beau, j’ai même pu enlever ma veste. J’ai croisé un homme qui promenait son chien, un basset hound, le même chien que celui de Colombo. Des enfants roulaient en vélo avec leur père. Une vieille dame était assise sur un banc, émiettant du pain pour le donner à des pigeons. Bref, une bonne vieille scène de parc, comme dans les films…
Je suis sorti du jardin public et je me suis dirigé vers le centre-ville. J’avais l’intention de marcher sans but réel, juste pour réfléchir, quand j’ai rencontré Owen, mon meilleur ami. Je le connais depuis le secondaire. Comme ça faisait longtemps qu’on ne s’était plus vus, on en a profité pour aller boire un verre.
Une bonne heure et demie plus tard, je suis rentré chez moi. Le ciel commençait à s’assombrir, recouvrant la ville d’un lourd couvercle sombre et impénétrable. On allait encore avoir droit à une pluie qui allait s’installer pour un moment. J’ai hâté le pas, à la fois pour ne pas me retrouver trempé mais aussi parce que je voulais réessayer d’écrire. J’étais déterminé à me mettre devant mon ordinateur dès que je serais à la maison, sans perdre de temps. Arrivé devant chez moi, j’ai entendu le téléphone qui sonnait. Je me suis dépêché d’ouvrir la porte d’entrée avec ma clé mais je suis arrivé trop tard. Quand j’ai décroché, mon correspondant n’était plus en ligne. Puis quelque chose a attiré mon regard et j’ai cru être victime d’hallucinations.
La boîte se trouvait sur la table basse, bien en évidence.
Quand on lit des romans noirs et que le héros connaît la peur, la vraie, l’écrivain décrit son état en disant que son cœur « cogne à tout rompre dans sa poitrine », que le souffle lui manque, que ses cheveux se dressent dans sa nuque, etc. … Mais il n’y a pas de mots assez forts pour décrire la peur panique qui s’est emparée de moi à la vue de cette boîte. J’étais comme figé. J’avais des fourmis dans les jambes, les mains moites et les pulsations de mon cœur battaient dans mes tempes, laissant s’immiscer un mal de tête bourdonnant. Ma respiration était saccadée, j’avais littéralement l’impression d’étouffer.
Quelqu’un – que je ne connais pas – s’est introduit chez moi. Et cette personne était peut-être encore là. Connaissant le contenu du colis, je n’avais pas trop envie de la rencontrer.
On était seulement au milieu de l’après-midi, mais avec ce temps, il faisait sombre. Le silence dans la maison était pesant. Je me suis dirigé à pas feutrés vers la cuisine. J’ai pris ce couteau avec lequel ma femme tranche certains légumes, ce genre de couteau à la lame longue et large, comme dans ces films d’horreur. Je n’avais pas l’intention de m’en servir, je voulais juste dissuader un quelconque agresseur.
J’ai fait le tour du rez-de-chaussée mais je n’ai rien trouvé. Je m’apprêtais à monter l’escalier pour vérifier l’étage quand j’ai vu une ombre derrière la grande fenêtre du salon. Le cœur battant, mais déterminé à défendre ma maison (et ma vie, en fait, avant tout), j’ai ouvert le rideau d’un geste large en montrant bien l’arme que j’avais en main. Je me suis retrouvé devant une Madame Cuddle blême, la bouche ouverte et les yeux écarquillés.
J’ai ouvert la porte d’entrée, à la fois désolé d'avoir infligé une telle frayeur à cette gentille vieille dame, quoiqu’un peu trop curieuse, et énervé, précisément par cet aspect fouineur de sa personnalité.
Elle a bafouillé des excuses, promettant qu’elle n’espionnerait plus jamais ma maison. La pauvre petite vieille tremblait. Je me suis excusé aussi pour cette frayeur et lui ai assuré que je n’en avais pas après elle.
– Ah ! Donc vous êtes au courant qu’un homme s’est introduit chez vous ? C’est lui que je surveillais ! m’a-t-elle dit, visiblement rassurée.
– Un homme ? ai-je demandé. Vous l’avez vu ?
– Oui ! Un jeune homme, grand et plutôt costaud. Il est rentré chez vous par la porte de derrière ! J’ai d’abord pensé que c’était un de vos amis, mais pour m’en assurer, je vous ai téléphoné. Comme vous n’avez pas répondu, j’ai décidé de venir jeter un coup d’œil…
Je lui ai dit de ne pas se tracasser, que cet homme semblait avoir quitté les lieux quand elle avait téléphoné, ou bien m’avait-il vu arriver. Je n’étais pas sûr de ce que disais, mais mon but était qu’elle rentre chez elle et qu’elle se mette à l’abri. Je lui ai assuré que j’appellerai la police et elle m’a quitté, soulagée.
J’avais bien l’intention de téléphoner pour signaler que quelqu’un s’était introduit chez moi, mais avant, je ne sais pas pourquoi, j’ai voulu aller voir à l’étage s' il était bien parti. Je suis monté, lentement. Les marches de bois craquaient sous mon poids, ce qui ne m’arrangeait pas du tout. Arrivé en haut, je ne savais pas trop par où commencer mes recherches. Notre chambre ? Celle de notre fille ? J’ai opté pour la nôtre, un éventuel voleur irait directement dans la chambre où il était le plus probable que les occupants cachent leur magot. On place rarement des billets sous le matelas d’un enfant…
Je me suis donc faufilé vers la pièce, passant devant la salle de bain. C’est là que j’ai entendu un bruissement derrière moi et avant de me retourner, quelque chose de lourd a heurté ma tête. Je me suis écroulé, l’esprit embrouillé, croyant que ma tête venait d’exploser. Et puis le noir complet

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