Chapitre 12 – L’ordre des choses
Au grand dam de Naps, la confiance et le prestige de Diablé Néotolc ne cessaient de croître. Acquérant de plus en plus de partisans au fil des jours, il proclamait à qui voulait l’entendre être « le futur souverain et sauveur de Paramisse ». Avec la complicité de Naïla, devenue sa concubine, le suppôt du Néant convoqua le conseil Royal afin de débattre la question. Lillia et Nejma, toujours dévastées par la perte d’Ennigaldi désignèrent, contre l’avis de leur sœur, Andromède, pour occuper la fonction durant la crise.
Par conséquent, aux aurores, le palais ouvrit l’hémicycle à ses dignitaires. D’abord arriva Naïla, la tête basse se reflétant sur le sol d’eau rosée, imitée de près par Diablé, bouffi d’arrogance, et dont les gros pas projetaient des gouttelettes. S’ensuivit son fan-club, composé exclusivement de mâles trop bruyants. Bien que certains Elfes et sorcières partagent ses convictions, le sieur Néotolc n’en voulait sûrement pas dans ses rangs. La clique prit place sur les gradins de gauche.
À son tour, Andromède Darck pénétra dans l’arène : souriante, lumineuse et sublime à en faire tirer la langue à un cerbère amoureux, elle resta un instant statique. Ses jolies prunelles d’or se fixèrent sur ses adversaires. La menace n’eut pas besoin de formulation : victorieuses ou pas, elles les briseraient un à un. Certains, plus émotifs, ne purent s’empêcher de frémir. Nejma et Lillia, observant la scène de loin, venaient de comprendre quel genre de femme était leur sœur adoptive : une Reine dans son sens le plus littéral, tout comme Ennigaldi et Kelly.
Claquant des talons, elle reprit son avancée : l’écho imposa le silence. Sa longue robe scintillante, cousue intégralement de fils d’argent, soulignait la virtuosité de son déhanché. Devant les marches conduisant au trône de Rubis, elle lévita et, en vertu de son statut, se posa avec grâce sur l’assise fastueuse. À son tour, sa cour opéra son entrée. D’abord les deux frangines, aussi sublimes que leur défunte mère ; le désespoir camouflé par une épaisse couche d’un élégant maquillage et enfin, les membres de l’Ordre qui, pour l’occasion, présentaient bien. Ils s’installèrent à droite, le long des vitraux retraçant le déroulement de la Création.
Les portes claquèrent alors que les trompettes enchantées retentissaient, enclenchant le débat. Tant qu’une décision à la majorité absolue ne se voyait pas ratifiée, les battants resteraient clos. Ainsi l’exigeait la loi.
Comme l’imposait la tradition, le détracteur ouvrit les hostilités. Naïla se leva :
— …
— On ne t’entend pas ! Parle plus fort, la malmena Andromède.
— Hum ! Hum ! reprit-elle, je cède mon droit de propos à Diablé Néotolc dont la parole sera la mienne, lâcha la traîtresse avec empressement.
— Bouh ! Cet ignoble petit bonhomme ne mérite pas cet honneur, clama l’un des partisans d’Andromède.
— Oui, c’est une honte et un affront à notre régente, s’écria un autre, rouge de colère, aussitôt acclamé par ses alliés.
— Calmez-vous, mes amis ! Cela est son privilège, et ce, en vertu de nos lois. Nous respecterons donc sa lâcheté. Procède à ton plaidoyer… engeance du Néant.
Diablé tiqua face à l’insulte. Se parant de son masque de bon gars, il descendit au cœur de l’arène :
— Nous sommes réunis pour déterminer qui d’elle (son doigt accusateur se pointa sur Andromède) ou de moi, doit diriger notre nation.
Un tonnerre d’acclamations sans motif évident retentit de la part de ses partisans.
— Merci ! Merci de reconnaître ma légitimité. Je ne dis pas que notre puissant être de légende ne l’est pas… mais tout comme moi, elle n’est pas une Siriki ! Donc, pourquoi ne pourrais-je prétendre au titre ?
— Tout à fait ! s’égosilla l’un de ses sbires.
— Il suffit ! Diablé Néotolc n’est rien ! Nous le soupçonnons de travailler pour l’ennemi, révéla Naps, qui rêvait de le réduire en cendres.
Andromède se délecta de l’air choqué du clan de gauche, Naps n’avait pu s’empêcher de cracher le morceau. Elle ne lui en voulait pas, car il paraissait haïr la mortifère créature plus que quiconque. Il était évident qu’il était encore très affecté par la perte d’Ishtar et de Sokar.
— Bon ! Au lieu de faire semblant d’être important, viens-en aux propositions qui permettront de mettre fin à cette invasion, l’exhorta Andromède, déjà lasse de son baragouinage.
— Comme il vous plaira, répondit Diablé avec suffisance. Il nous faut attaquer les monstres à l’extérieur du dôme. Nous vivons comme des rats en cage, nos terres sont stériles et donnent naissance à des Gogs. Sans oublier le peuple confiné et entassé dans les cités. Et pour finir, nous sentons tous que la sorcellerie de Paramisse faiblit ; un moment arrivera où nos pouvoirs disparaîtront ; cela nous laissera sans défense. Je te cède l’auditoire, douce régente.
Il disait vrai ! La puissance des dragons et leur nombre ne conféraient aucune chance de victoire à l’Ordre ; et ça, il le savait également. Tous comptaient sur Andromède et son génie pour les tirer de là. La sorcière était sur le point de trouver la solution, mais une intensité magique qu’elle ne détenait pas s’avérait encore nécessaire.
— Je ne plaiderai pas ma cause, car je n’en ai pas besoin. Passons au scrutin. Que ceux qui sont pour le pestiféré le communiquent par l’esprit au déversoir, et de même pour les suffrages en ma faveur.
L’hémicycle s’assombrit, les flambeaux enchantés s’enflammèrent, la lueur verdâtre dansant sur les murs laissa entrevoir une coupole de Karistal de belle taille percer les flots. Du crâne des électeurs s’extradèrent de petites sphères blanchâtres, qui virevoltèrent jusqu’au calice.
Alors que son adversaire apparaissait détachée, Diablé tenait avec force le bord des accoudoirs. La coupe devait absolument s’illuminer de son chakra. Rouge, or, rouge, or, celle-ci clignota durant une interminable minute avant de se stabiliser. Or.
Les votes de ses partisans auraient dû lui octroyer la victoire, car certains étaient des infiltrés. La catin avait un coup d’avance. Des cris de protestation retentirent :
— Silence ! hurla Andromède.
Illico, le calme s’installa ; elle reprit :
— Sieur Néotolc, ploie devant moi, reconnais ta défaite !
Résigné, il quitta sa place et rejoignit le cœur de l’arène. Suprême humiliation : sous l’œil de tous, il s’exécuta.
— Relève-toi ! Nous allons accomplir ton plan. Toi et tes fidèles franchirez le dôme et décimerez les dragons, annonça-t-elle, haineuse.
— Cela revient à nous condamner, votre Majesté !
— Bien sûr ! Que veux-tu que ça soit d’autre ? Tu m’as publiquement défiée et insultée, peut-être espérais-tu une récompense ? J’ai un projet pour nous sauver et tu n’en feras pas partie. ÉVACUEZ MON ROYAUME, TOI ET TES SBIRES, SUR-LE-CHAMP !
Sa rage engendra une tempête qui propulsa Diablé directement sur la porte, qui s’ouvrit, le laissant se fracasser contre le mur de Karistal, bien plus solide que sa sublime boiserie. Les agents de la Reine restèrent de marbre tandis que les dissidents se bousculaient pour rejoindre leur maître au pas de course. L’un d’eux se retrouva piétiné. Ces gigotements inutiles amusèrent beaucoup Nejma et Lillia, qui, face au pathétisme de la situation, postèrent leurs regards sur Naïla. Elle se tenait, penaude, à l’écart. Bien décidées à la ramener sur le droit chemin, elles s’approchèrent.
— Comment peut-on être aussi idiote à plus de quinze mille ans ? lâchèrent ses sœurs d’une même voix.
— Je porte un garçon ! J’ai été stupide de me faire engrosser par un monstre, mais dois-je priver mon enfant de son père ?
— Nous ne comprenons pas, mais nous t’aimons, déclara Lillia avec douceur.
— Andromède te pardonnera ! ajouta Nejma.
— Tu crois ?
L’intéressée à l’ouïe plus que remarquable entendit la conversation depuis sa haute posture. Plutôt que de descendre les cent marches, elle se propulsa d’un bond et atterrit avec élégance auprès du trio. La mine avenante, le regard attendri, elle prit la concernée dans ses bras :
— Naïla, bien sûr que je t’absous ! Toi et ton petit êtes chez vous dans cette cité. Mais ta félonie te coûte tous tes privilèges ainsi que ta position dans l’Ordre. À compter de ce jour, plus jamais tu ne poseras un pied dans le palais. Tous connaîtront ta trahison. Magnanime, j’autorise tes sœurs à te rendre visite à loisir. Je t’accorde une heure pour disparaître. Retrouve-toi en ma présence et je t’écorcherai vive, sans sommation.
Sur cette tirade, la première des Darck tourna les talons et laissa le trio en état de choc. Andromède ne souhaitait manquer le départ des traîtres sous aucun prétexte.
**
Lillia recherchait Andromède, espérant la convaincre de changer d’avis au sujet de l’inconsolable Naïla. Ce chagrin constant mettait le devenir bébé en danger. Sa souveraine s’affairait dans le reflet de l’Univers. D’une intelligence supérieure, elle avait tout de suite compris des choses qu’aucun autre ne saisissait.
— Si tu viens une nouvelle fois plaider la cause de ta sœur, inutile de perdre ton temps. Elle vivra comme une gueuse, je ne reviendrai pas sur ma décision.
La dureté de son timbre ne pouvait être plus explicite. Malgré la rigidité de la Reine, Lillia demeurait persuadée qu’Andromède restait le bon choix.
— Ta visite tombe bien cependant ! J’allais essayer quelque chose…
L’excitation soudaine d’Andromède étonna Lillia. Loin d’apparaître comme un modèle d’exubérance, excitée par sa découverte, elle disparut sous une trappe qui n’avait jamais existé auparavant. Lueur, éclairs et brouhaha suggérèrent qu’un important chamboulement se produisait sous ses pieds. Les galaxies statiques se mirent en mouvement ; Lillia en effleura une qui, à son contact, dévoila son contenu. Nombre d’astres et myriades d’étoiles se dessinèrent. L’hologramme en trois dimensions étalé sous ses yeux l’époustoufla.
— Incroyable, monte vite voir !
— J’arrive !
Son joli visage refit surface et Andromède resta subjuguée de longues minutes, puis finit par s’extirper des sous-terrains.
— N’est-ce pas fantastique ! En réalité, ceci représente une carte complète de l’univers. Quoi qu’on dise des Puissances, Green Hood est un artiste, je n’ose imaginer les avancées pouvant découler de cet artefact.
Au milieu du plan stellaire, une planète du nom de Colubrina clignotait et la reine y posa le doigt. Celle-ci s’élargit, laissant deviner des eaux beiges et une terre bleue. Le globe pivota : l’un des trois continents était marqué d’une pyramide.
— Elle ressemble étrangement à la nôtre, souligna Lillia.
— En effet, voyons voir cela.
Aussitôt sélectionnée, une image en tout point similaire à leur trésor s’afficha. À ses côtés figurait une légende.
— Votre Altesse ! Votre Altesse !
Essoufflé, son page personnel pénétra le sanctuaire et les interrompit.
— Quoi, encore ? Un napperon a disparu ?
— Non, Votre Altesse. La Créatrice soit louée, j’ai résolu le problème. Cela venait…
— Tu veux quoi ? coupa Andromède.
— Diablé Néotolc, ses disciples et une multitude de têtes de dragons sont revenus.
Abasourdies par la nouvelle, les deux sorcières restèrent éberluées. Cela faisait déjà trois jours, ils auraient dû être rôtis et digérés par les dragons. Reprenant ses esprits, la Régente invoqua son vortex et tira Lillia par le bras. De l’autre côté, elles observèrent l’effroyable rébellion depuis la tour de Karistal.
— Tous au palais ! vociférait Néotolc. Allons destituer la poltronne !
Fouettant le sang des badauds et des membres de l’Ordre présents, tous le suivirent afin qu’il s’empare du trône.
— Peuple de Paramisse, s’éleva alors la voix d’Andromède, ne croyez pas un mot de ce félon. Son succès doit être dû à un pacte avec l’ennemi, qui a concédé la victoire pour mieux vous leurrer.
— Tu tentes de sauver ta précieuse petite couronne. Toi, tu espères… Moi, j’agis ! Abdique en ma faveur, cria Néotolc.
— ABDIQUE ! ABDIQUE ! ABDIQUE ! ABDIQUE, scanda la population à l’unisson.
— Comme il vous plaira. Je vous abandonne à cette mort que vous désirez tant.
— Histoire d’être sûr que tu ne prépares aucun coup fourré, j’exige ton enfermement et la mise en sommeil de tes pouvoirs, reprit le traître.
Ne supportant pas un tel affront, la sorcière sauta des hauteurs et les jambes fléchies, la paume gauche étendue au sol, elle atterrit. D’un air meurtrier, elle déchira sa robe des deux côtés jusqu’aux hanches et, le pied gorgé de magie, elle le balança dans la face de Diablé. Trop lent, il ne put arrêter l’attaque et se retrouva catapulté à l’autre bout de la cour. Enfin, le jour tant attendu était arrivé.
Dignement, le paria se releva, puis essuya avec sa manche le sang s’écoulant le long de son menton. Sa rancune trop longuement contenue se mua en un cri de rage libérateur et son chakra explosa. Désormais recouvert d’une fumée rubis aux sombres reflets, les veines palpitantes, il se dirigea vers l’objet de sa haine.
« Ne l’amoche pas trop, résonna une voix dans sa tête, je vais en avoir besoin sous peu. »
Guerrière accomplie, Andromède canalisa tout le chakra céleste à sa disposition. Enflammée de son divin pouvoir, elle chargea ; réaction escomptée par l’adversaire. Fusant depuis leur position respective, la confrontation de leur énergie mystique engendra une vague qui les repoussa tous deux à une extrémité. Assommé, aucun ne put maintenir son bouclier. C’est à ce moment précis que les dragons, la gueule béante, choisirent pour jaillir. Naps et Sarek n’eurent que le temps d’ériger une barrière protectrice autour de Khalarie. En quelques minutes à peine, la horde mit le continent à feu et à sang. Déjà en sursis, la cité devint le vestige d’une grande civilisation.
Le mari et le fils d’Ishtar se trouvèrent rapidement à bout de forces, car ce qu’aucun d’eux n’avait soupçonné, c’est que Diablé avait feinté son malaise. En effet, il lui fallait un prétexte pour laisser rentrer les reptiles. Bientôt, son Maître obtiendrait ce qu’il désirait et, de concert, ils ne leur resteraient qu’à détruire la Création…
Sa prise de conscience apparut digne de l’oscar du meilleur acteur. L’air ensuqué, il lança ses directives :
— Arrêtez-la ! Je veux voir cette gourgandine enchaînée.
Diablé remit en place le bouclier, non pas sur toute la surface du continent, mais uniquement autour de Khalarie. Il venait de gagner sa légitimité. Impuissants, les disciples demeurés fidèles à Andromède plièrent le genou.
Une à une, leurs têtes tombèrent.
**
Positionnée au centre de la cour, son dos clairement visible, la pauvresse tressaillait de terreur. Ses cris de détresse étouffés par un sortilège resserrèrent le cœur de Naps et Sarek, spectateurs forcés, pleurant la perte de Lillia et Nejma. Aucun ne comprenait pourquoi Diablé les avait épargnés.
Douze Paramissiens s’étaient regroupés autour du grand roux barbu et de la prisonnière. Son front, orné d’un Karistal doré, le désignait désormais chef de l’assemblée. Sa toge bordeaux, entourée d’une fine chaîne d’os, accentuait sa maigreur. Ses yeux rouges dégageaient une perfidie hérissant le poil des captifs. D’un chant grave aux intonations perçantes, il commença son plaidoyer.
— Cette vénérable gourgandine a été choisie pour canaliser le chakra des sorciers les plus puissants de Paramisse. Par notre saint sacrifice, elle obtiendra le pouvoir nécessaire afin d’éliminer les dragons. Moi, régent suprême, suis sur le point de préserver les derniers vestiges de notre glorieuse civilisation.
Une fois son monologue achevé et satisfait de son macabre discours, il laissa glisser son regard sur ses adorateurs, qui semblaient ne plus avoir de quelconque volonté. D’un geste, le gourou imposa le silence et entama le charme de transfert.
D’une voix totalement désincarnée tout en brandissant une dague de Karistal, il entreprit l’incantation. Nul doute possible, une entité obscure possédait le Goret.
— Sa peau fendue et un poignard céleste pour tracer le sceau !
Les douze infâmes complices l’entourant firent écho.
Beau-frère et neveu comprirent aussitôt qu’Andromède n’était pas sacrifiée pour vaincre, mais pour servir. Vides de sorcellerie, ils ne pouvaient qu’assister à son tourment.
Du bout de la lame, tout en poursuivant sa psalmodie, Diablé creusa lentement treize entailles dans le dos de la sorcière.
— La décharge instaure la pure magie !
Les bruits ancestraux des darboukas se joignirent à la supplique des fidèles, qui, dans un parfait synchronisme, levèrent la main et transférèrent leur chakra dans les plaies béantes faites par le suppôt du Néant.
Andromède paraissait en proie à de terribles convulsions, puis un cri aigu franchit ses lèvres : son âme venait d’être transpercée.
Solennel, le silence s’installa. La manœuvre continua plusieurs minutes, pendant lesquelles la martyre passait de la conscience à l’inconscience, jusqu’au moment où tout s’arrêta. Les douze possédés autour d’elle se retrouvèrent affalés au sol, vides de pouvoir.
Lame brûlante lui perforant les entrailles, une vague de magie bouillante s’inséra dans la treizième blessure. La souffrance endurée par la première du Clan Darck fut un autre des maux nécessaires à cette longue histoire. Sage, camouflée par un sortilège, se trouvait à ses côtés, pleurant chaque larme de son corps face au tourment de sa première amie. Mais ça ne pouvait être qu’elle…
Le maléfice la retenant prisonnière se brisa. L’instinct de survie prit le dessus. L’environnement se figea, puis un hurlement résonna, expulsant une sphère d’énergie dorée qui frappa les cieux.
La déchirure laissa entrevoir la Mère qui, du petit doigt, toucha de sa délicatesse la suppliciée. Puis elle se referma et le cours du temps se rétablit.
Andromède émergea, aussi belle que redoutable. Son chakra luisait d’un éclat la rendant superbement terrifiante. La sacrifiée avait évolué ! Désormais, elle détenait le contrôle de l’essence de la sorcellerie. Sa crinière de jais, devenus argentée, couvrit son corps nu. À ce moment précis, Diablé sut qu’il avait perdu la bataille ! Elle allait annihiler les dévots du Néant et ensuite, elle le démolirait.
La Gardienne de la magie dévisagea ses bourreaux avec une haine farouche. Hypnotisés par sa perfection, les gorets ne remarquèrent pas que sa chevelure avait poussé pour venir transpercer leurs âmes impies de la même manière qu’ils avaient souillé la sienne.
— Suppliez-moi de vous épargner, immédiatement !
Son ton sonnait impérieux et froid. Elle ne ressemblait plus à la frêle jeune femme attachée à l’autel de pierre.
— Jamais, sale catin, hurla Néotolc, je préfère crever ! Notre seul maître reste le Néant, et nous lui avons permis de détruire ce misérable m…
La mort le frappa subitement, emportant ses desseins diaboliques avec lui dans l’Entre-deux-mondes…
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