Chapitre 16 – Noces sanglantes

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Lorsqu’il entendit sa douce moitié s’agiter, Merzhin s’en approcha. Avenante, Andromède se retourna et, tendrement, lui sourit. Affectueusement, l’éphèbe caressa sa joue. La reine appréciait ces moments intimes où elle pouvait n’être qu’une femme fragile. Lovée contre le buste saillant de son aimé, elle saisit en douceur sa main qu’elle posa sur son ventre.

— Connecte ta magie à la sienne, l’invita-t-elle le timbre empli de malice.

— Tu mijotes encore un truc, mon adorée.

— Tu es censé obéir à ta majesté.

— Et ce soir, te soumettras-tu à ton Roi ?

Son attitude lascive promettait une lune de miel pleine de délices. Faussement fâché, il canalisa une infime partie de son énergie mystique dans sa paume, qu’il modela en fil de chakra. Lentement, il se tissa un chemin jusqu’au bébé. Ému aux larmes, Merzhin ne put s’empêcher de dévorer les fines lèvres rosées de sa compagne et se mit à rire aux éclats.

— Il faut l’annoncer à tout le monde ! Ne bouge pas, je m’en occupe !

D’une pensée, l’enchanteur se recouvrit d’un sarouel noir traditionnel ainsi que d’une jaquette de velours blanche au dos brodé de Triskel d’or, symbole du clan Darck. Il embrassa goulûment Andromède et se précipita hors des appartements royaux. Nombre de pages et servantes qui se trouvaient sur son passage s’esclaffèrent devant son air guilleret. Le couloir aux portraits traversé, il glissa sur la rampe des escaliers. En bout de course, d’un bond, il se propulsa sur le parvis du palais.

Merzhin amplifia sa voix grâce à un envoûtement de son cru et déclara la nouvelle à l’entièreté des sujets :

— Votre majesté porte une princesse !

Applaudi fortement par les badauds qui étaient là, il les remercia de multiples révérences. L’ensemble des habitants cessèrent leurs activités à l’annonce et, dans un élan commun, ils se réunirent sur « la Place du bas des marches ». Le peuple s’était énormément développé depuis la venue sur Terre. De moins de dix mille survivants, les Khals comptaient désormais plus de quarante mille âmes. Et toutes, sans exception adoptèrent Merzhin, qu’ils considéraient comme un héros. Pourtant, Andromède tenait à ce que sa nature d’enchanteur ne soit pas connue de la population. La créatrice l’avait ordonné au travers d’un songe.

Entendant l’engouement que générait la nouvelle, la future mère rejoignit Merzhin. À son arrivée, tous ployèrent le genou. Perturbé par la beauté insensée de sa moitié, l’éphèbe loupa le coche. Gêné, il se prosterna. Andromède ne put contenir le ricanement, qui s’expulsa :

T’es adorable, quand tu rougis !

Quelle idée de venir accoutrée de façon si charmante ? Cette robe or me donne envie de te déshabiller sur-le-champ.

Voyons, ce serait inconvenant d’exposer notre passion à nos sujets.

Qui sait ? Ils apprécieront peut-être le spectacle !

Cela faisait longtemps que les Khals ne s’étaient pas réunis en cet endroit et la marée qui se tenant devant elle l’emplit de fierté. Le rituel d’alliance devait se dérouler en présence des chefs de Coven et des courtisans. Éprouvant en cet instant le bonheur sincère qui émanait de l’assemblée, elle décida qu’il en serait autrement :

— À la nuit tombante, je prendrai Merzhin pour époux, devant vous, au sein du Colisée,

Cette nuit, Khalarie fêtera l’avènement d’une nouvelle ère !

Ce soir, notre royaume grondera de sa joie. La dynastie Darck naît aujourd’hui.

C’est dans une explosion tonitruante que les Khals accueillirent la nouvelle. Les demoiselles imaginaient déjà quel vêtement elle invoquerait, alors que leurs homologues masculins se repassaient en mémoire les formules à spiritueux.

La journée s’écoula rapidement et tous s’affairaient aux préparatifs de dernière minute : nourriture, décorations, spectacles. La cérémonie d’union royale n’avait jamais été exécutée (après avoir perdu Othar, Ennigaldi n’avait pu se résoudre à choisir un autre partenaire. Durant des milliers d’années, elle est restée fidèle à l’Elfe, malgré son trépas.)

Alors que le soleil se trouvait au Nadir, les Khals commencèrent à s’amasser devant le Colisée. Plus sublimes les unes que les autres, les sorcières auraient toutes empli Kelly Darck de fierté. L’empreinte de la Gardienne du Continuum perdurait depuis des millénaires, et pas seulement pour son style intemporel : ses chroniques, tout comme sa philosophie figuraient au programme de l’Université des Arts invisibles, demeurant un passage obligatoire dès l’enfance et qui se clôturait le jour de la trentième année d’un Khal.

Comme l’exigeaient les lois immuables de la magie, les femmes prirent place à gauche, et les hommes à droite. Lorsque tous furent installés, le firmament scintillait d’étoiles. Les flambeaux enchantés cerclant l’odéon se mirent à briller d’or. Disséminées çà et là, les darboukas envoûtées entamèrent la mélopée nuptiale.

Habillée d’un caftan doré aux multiples voilages écarlates, qui se mariait parfaitement à la couronne d’Ennigaldi, la reine éternelle apparue à gauche de la piste, portant sa chevelure tressée à droite, signe qu’elle était en paix. Merzhin, à son tour, se transposa face à sa dulcinée. Elle le trouva époustouflant dans sa longue veste de soie cobalt sertie de pierres précieuses et qui lui arrivait aux genoux. En dessous, se devinait un pantalon de lin blanc, aussi immaculé que ses babouches. Sa crinière ébène volait au vent.

Tous deux avaient mûrement répété la danse invocatrice. Le son des percussions allait s’intensifier. Prêts à s’harmoniser, d’un bond en arrière, ils s’élancèrent. D’une même impulsion, ils tendirent les paumes : s’en élevèrent des filaments d’énergie qui, parvenus au centre, s’unirent. Désormais connectés, c’est au rythme des secousses qu’ils entamèrent la chorégraphie acrobatique. Chacun de leur mouvement générait une poussière fluorescente que le sable absorbait. Puis, le déclin des tam-tam annonça la fin prochaine du tracé d’invocation.

L’assistance, subjuguée par le spectacle, avait adopté un silence respectueux. Au cœur de la piste se dessinait un imposant Triskel, luisant d’or et de cobalt entremêlé. Lorsque les fiancés reposèrent définitivement pied à terre, la mélopée se termina. Toujours liés par le chakra, ils convoquèrent celle qui conduirait la cérémonie :

— Nous ouvrons les dimensions,

Régente céleste, ici-bas, nous t’accueillons.

Le couple expulsa la magie canalisée au-dessus de l’arène. Un maelström aussi brillant qu’une étoile se manifesta alors et une femme splendide, à l’aura ténébreuse, vêtue d’une robe de soie rouge en émergea, se posant avec élégance au cœur du Triskel. Effectué en délicatesse, l’atterrissage déclencha le tremblement de toute la cité. À la manière d’un doux supplice, la puissance de Zargua El Gamma se mit à peser sur les esprits. La divinité se prosterna devant la Reine.

— Bienvenue Mère, c’est un plaisir d’enfin vous rencontrer !

Le ton était plus que cassant. Zargua savait, pour n’avoir jamais cessé de l’observer, qu’il valait mieux ne pas contrarier sa progéniture qui, par la volonté de la Créatrice, était devenue Maîtresse des Créatures Célestes. Merzhin se contenta d’un sourire avenant et se félicita de ne pas avoir convié son père.

— Merci mon enfant, je suis sincèrement heureuse de ton bonheur.

Installé côté sorcier, Iblisse scrutait la scène. Chargé par Red Hood d’avertir le couple d’un danger imminent, il entendit la double annonce faite sur le parvis. Outré de ne pas être invité, il revint à l’heure prévue pour se poser au milieu des pécores. Les prouesses de son fils et de la Gardienne de la magie l’avaient scotché, bien qu’il n’en soit pas étonné. Quant à l’insupportable régente, d’habitude si prompte à répondre aux attaques sournoises, jamais il n’avait perçu autant de douceur dans son regard.

Las de ne pas être de la partie, il s’incarna au côté de la divinité.

— Père ! s’écria Merzhin. Je ne vous ai pas appelé ! Euh ! je voulais dire… Que faites-vous là ?

— J’ai vu de la lumière en passant, répliqua froidement le djinn.

Blasée de ces simagrées, Andromède lança un œil incendiaire, qui eut tôt fait de remettre de l’ordre au contexte.

— Installe-toi auprès de Zargua, proposa-t-elle à son beau-père.

Fondant devant le sourire charmeur qu’elle lui offrit, il en oublia ses griefs. Par télépathie, Zargua l’informa du procédé.

Vu des gradins, les quatre puissants avaient l’air de badiner innocemment.

Enfin, le cérémonial débuta. Mais avant d’en découvrir la conclusion, revenons quelques heures en arrière, au moment exact où Merzhin annonçait l’heureuse nouvelle sur le parvis du palais.

**

Non loin de la rive occidentale du Nil, à hauteur de Thèbes, se trouve la vallée des Rois. Comme son nom l’indique, les monarques d’une ancienne civilisation venus d’ailleurs et devenus légende, reposaient dans ces tombeaux, couverts de sable et oubliés de tous.

Parmi la quantité faramineuse de sarcophages entreposés, soudain, l’un d’eux s’entrebâille. Et pas n’importe lequel ! Celui du puissant Sethi Ier (ce qui expliquerait que lorsqu’on a découvert le mausolée en 1817, son corps momifié avait disparu). Cette momie, arborant un regard étincelant, d’un rubis hypnotisant, en sort.

Alors que les femmes s’affairaient à puiser l’eau du fleuve, les hommes débutaient la récolte des dattes et des Carmos (figues de Barbarie). Pendant ce temps, les enfants étudiaient sous la surveillance des scribes en profitant de la fraîcheur offerte par les souterrains.

Cette après-midi-là, la mystérieuse entité figea, sans savoir comment, les trois mille âmes peuplant l’antique ville égyptienne. Ainsi, « la chose » put s’abreuver jusqu’à étancher sa soif millénaire. À son départ, il ne restait plus qu’une traînée de cadavres exsangues. Se nourrir permit également à la carcasse putréfiée qu’elle habitait de se régénérer. Allongée au bord d’une oasis, elle se défit de ses bandages ensorcelés. Répondant à l’injonction de son instinct, elle tendit l’index ; un étrange phénomène s’en échappa et enroba les morceaux de tissu. Son autre main s’imbiba alors d’un halo rubis, qui creusa un trou. Son trésor profondément enfoui, elle admira son physique dans le reflet de l’eau.

Satisfaite de son allure, plus qu’avantageuse, elle se perdit dans sa contemplation. Soudain, une puissance maléfique, non loin d’elle, éveilla sa faim. En un clin d’œil, elle transforma sa chair en nuée ardente. Alors qu’elle parcourait la distance la séparant de Khalarie à une vitesse stupéfiante, Thèbes voyait les dépouilles vidées de fluide revenir à la vie.

Traversant les parois de la cité immaculée, la silhouette reprit forme dans la pénombre d’une ruelle déserte. Avant de se mêler à la foule, elle analysa minutieusement les autochtones. À son grand désarroi, elle couvrit son corps sculptural d’une djellaba rubis, copiée sur l’un des Khals.

Constatant l’attroupement devant le Colisée, elle choisit de remettre sa traque de l’entité obscure, pour assister à l’événement qui se préparait. La créature n’avait aucune connaissance des coutumes de ce bétail et, étonnamment, elle paraissait parfaitement à l’aise parmi ce peuple.

Se rangeant dans l’une des files, le vampire observa l’environnement familier. Durant la longue attente, il s’intéressa aux badinages qui de ses voisins, ce qu’il trouva très distrayant. Parmi la populace, certains visages ne lui semblèrent pas inconnus.

Enfin, il put s’installer. En prime, sa place offrait une vue directe sur la source de pouvoir convoitée. L’apparition d’Iblisse au sein de la cité, et plus particulièrement son essence néantisée, avait attiré la chose jusqu’ici.

Hypnotisé par la danse du culte qui se déroulait devant lui, le pharaon oublia la faim. Époustouflé par la beauté de Zargua, il sentit poindre une émotion. Provenant des tréfonds de sa mémoire charnelle, de sombres réminiscences l’envahirent : des crocs, du sang, la rage, une haine féroce.

Zargua invoquait le chaudron d’argent, alors qu’Iblisse incarnait les liens d’or. Fier, le père noua avec délicatesse les poignets des fiancés. Désormais face à face, ils échangèrent un baiser ; puis plongèrent leurs mains jointes dans la marmite bouillonnant d’eau pourpre sacrée.

— Qui donne l’époux ? claironna Iblisse de son timbre charmant.

Ensemble, les hommes se levèrent et en cœur lancèrent :

— Nous, les Sorciers de Khalarie !

— Qu’il en soit ainsi, acta le seigneur démoniaque.

— Qui donne cette Reine ? claironna Zargua de son timbre impérial.

Harmonieuses, les femmes se levèrent et en chœur lancèrent :

— Nous, les Sorcières de Khalarie.

— Qu’il en soit ainsi, acta Zargua.

Sur ces mots, les mariés devaient disparaître, mais Andromède, qui visualisait le versant des mâles, remarqua que nombre d’entre eux ne s’étaient pas levés. Propulsant sa conscience, elle sut immédiatement qu’ils avaient succombé à une étrange créature. Merzhin constata la même chose du côté féminin. Au regard inquiet de leurs enfants, Zargua et Iblisse comprirent que quelque chose clochait. À leur tour, ils sondèrent les alentours : plus de cinquante victimes ! Le plus stupéfiant, c’était que leur voisin ne semblait pas s’apercevoir de leur trépas.

Ils n’eurent pas à chercher le responsable bien longtemps. La seconde d’après, jaillissant des airs, l’être percuta Iblisse de plein fouet.

— L’odeur de ton sang m’affole les papilles !

Trouvant humiliant d’être considéré comme une collation, le seigneur démoniaque se fâcha et, d’un uppercut gorgé de ses noirs pouvoirs, il envoya valdinguer la bête. Alors que la créature, sonnée, s’écrasait aux pieds d’Andromède, Iblisse les rejoignit, désappointé :

— Alors, l’agression, la folie et le reste, OK ! Par contre, me faire traiter comme un kebab, sûrement pas !

Curieuse, la reine ne put s’empêcher d’examiner cette chose de plus près.

— Quelle est cette créature ? demanda-t-elle en portant son regard sur le nouveau roi.

Luisant d’un cobalt intense, Merzhin plongea dans ses souvenirs à la recherche de l’information (contrairement aux sorciers en effet, les enchanteurs n’utilisant pas la totalité de leur cerveau, un temps arriva où les premières réminiscences commençaient à devenir floues. Mais ne souhaitant jamais rien oublier, il avait passé cinq décennies à mettre au point un enchantement permettant de fragmenter sa mémoire.) Après une minute « examen poussé, son chakra se résorba :

— Il s’agit d’un suceur de sang, appelé vampire. Ils sont originaires de la défunte planète d’Hériakonpolis, détruite par leur arrogance. Pour faire simple, au fil de son histoire, la Terre a accueilli moult espèces venues d’ailleurs. Toutes ont tenté de soumettre l’humanité, mais aucune n’a survécu face à son instinct de survie.

Se rappelant soudain de la présence du peuple, qui attendait la conclusion des événements, Andromède prit la parole :

— Mes très chers sujets ! Rentrez et barricadez-vous. Il se peut que d’autres créatures rôdent. Activez toutes les protections ensorcelées nécessaires.

Un mouvement de panique commençait à poindre, mais elle y remédia sur le champ :

— Dans le calme et la sérénité ! Merci !

— Ceci ne me regarde pas, lâcha Zargua.

La reine claqua des doigts, suivie par Merzhin, faisant apparaître le vortex conduisant au Sultanat, que la céleste emprunta. Suivant les mêmes règles de non-ingérence, le djinn embrassa son fils puis, dédaigneux, déclama :

— Ha oui ! Red Hood m’envoyait vous avertir d’un danger… Je suppose que c’est de cela qu’il s’agissait.

Puis, s’engloutissant dans sa nuée, il s’évapora.

***

En sortant du vortex cobalt de Merzhin, les souverains restèrent sans voix face à la splendeur trônant au cœur du couloir aux portraits. Après s’être assurés que le vampire planant à leur suite ne se réveillerait pas, ils rejoignirent le gigantesque miroir. Sur sa glace, une sublime écriture d’émeraude s’imprima, ligne après ligne. Andromède les lut à voix haute :

Chers vous deux,

L’annonce de votre mariage nous a transportés de joie. Nous n’attendions que ça !

Il est évident que vous êtes faits l’un pour l’autre et nous sommes très heureux que vous vous soyez décidé à franchir le pas !

Nous vous transmettons tous nos vœux de bonheur et nous vous offrons ce cabinet dimensionnel façonné à partir d’un fragment du Palais Paladium. Nous sommes certains que vos deux grands esprits sauront en découvrir les nombreuses facultés.

Bien affectueusement, les frères Hood.

Sitôt la lecture achevée, un maelström se forma au cœur du reflet de sortie. D’un souffle, Andromède expulsa le prisonnier et, du même pas que son époux, traversa. L’intérieur d’un blanc immaculé se transforma en une plaine verdoyante et la voûte stellaire les subjugua. Agencées harmonieusement, les étoiles avaient représenté les portraits d’Andromède et de Merzhin.

— Si nous nous intéressions à notre invité ? proposa le roi.

— Je m’y emploie !

— Et…

Andromède l’ignora superbement pour se concentrer sur l’infime lueur qu’elle discernait au plus profond du vampire. S’enfonçant un peu plus dans son âme, elle se tétanisa soudain. Merzhin, qui suivait l’exploration par le truchement de l’esprit, se sentit nauséeux face à tant de ténèbres.

Sortant de sa transe, l’air songeur d’Andromède laissait deviner qu’une idée pointait déjà dans son imagination. Sans prévenir, elle balança une déflagration de chakras en direction de l’horizon. Surpris, Merzhin en perdit l’équilibre et tomba à la renverse.

— Avise-moi au moins la prochaine fois, s’énerva-t-il.

D’un regard, elle le recadra puis, tout sourire, expliqua la raison de son geste :

— L’ombre possédant ce corps est une empreinte résiduelle d’une créature ancestrale similaire au Néant. De ce fait, nous ne pouvons la détruire, au risque de devenir le Néant lui-même.

— Que proposes-tu alors ?

Votre Majesté !

L’affolement psychique de son conseiller n’augurait rien de bon :

Master Gaudin, que se passe-t-il ? s’irrita Andromède.

Les morts du Colisée circulent dans la cité ! les protections tiennent pour l’instant, mais il semblerait que leur rage décuplent leurs forces.

Le roi va prendre cette affaire en charge. N’intervenez pas.

La communication télépathique rompue, Merzhin se dirigea vers le reflet de sortie.

— Contente-toi de les assommer. Je pense pouvoir les sauver, l’informa-t-elle avant qu’il ne disparaisse.

À peine se retrouva-t-elle seule que le vampire sortit de sa léthargie. Imaginant avoir une chance de savourer la reine, il bondit sur elle. Pauvre chose : elle fut figée dans les airs avant même d’atteindre sa proie.

— J’aime bien les enfants. Ceux que j’ai mordillés avaient bon goût, l’avisa la créature d’un timbre strident.

Andromède leva un sourcil interrogatif, mais la sérénité et le badinage morbide de l’entité furent immédiatement identifiés comme une vaine tentative de manipulation. L’ignorant, d’un claquement de doigts, elle invoqua le Grimoire de son clan. Dans un plop sonore, le D… surgit.

— Trouve-moi un sortilège adapté à la situation de notre ami.

Le recueil plana jusqu’au vampire. Du Triskel doré, gravé dans son cuir rouge, s’éleva un faisceau qui analysa la bestiole de long en large. Puis, l’opération achevée, il retourna rapidement auprès de sa maîtresse, où ses pages défilèrent à toute allure, pour finalement s’arrêter sur une conjuration.

Saisis mon espoir, toi qui as sombré dans le noir

Psalmodia-t-elle en propulsant une nuée cuivrée sur le prisonnier.

Du firmament dimensionnel jaillirent alors des éclairs ébène qui vinrent frapper l’entité figée. Son cri d’agonie provoqua une intense secousse. C’est les canines exposées, les yeux luisants de rubis et le corps parcouru d’une énergie obscure, qu’il philosopha :

— Une fois que ma tête sera tranchée, est-ce que j’entendrai, ne serait-ce que pour un court instant, le son de mon propre sang gicler hors de mon cou ? Ce serait la plus belle manière d’en finir.

— Je n’envisage pas de te tuer, mais de t’emprisonner. Tu seras sous le contrôle de l’âme pure, que tu empêches d’exister.

— Ma puissance ne te le permettra pas, cracha-t-il.

N’accordant pas plus d’importance au moucheron, elle poursuivit sa litanie :

Purge sa haine animale, que sommeille le mal.

L’énergie ténébreuse circulant sur la chair du monstre prit peu à peu une teinte blanchâtre. S’ensuivit une déflagration immaculée et le phénomène se dissipa. Préférant prévenir que guérir, d’un faisceau, Andromède s’entailla la paume et, de l’index, projeta un filament de sang qu’elle relia au cœur du vampire.

Par le lien écarlate, je t’unis aux Darck.

En conclusion, la manifestation s’évanouit. De rougeâtre, son regard laissa place à un bleu gris. Merzhin, qui surveillait les morts-vivants, qu’il venait d’assommer d’un seul coup de talon, sentit s’estomper l’essence diabolique qui les animait. Sans plus attendre, il regagna le cabinet dimensionnel ; une peine immense le submergea à la vue de l’homme recroquevillé dans un coin.

— Ah ! Te voilà enfin, le sermonna sa reine. Il semblerait que notre ami n’ait aucun souvenir du passé, hormis son nom.

— Qui est ?

— Darrius Coltone, désormais serviteur immortel du clan Darck.

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