Chapitre 36 – Soumissions nocturnes
Après avoir visité la cité, les dirigeants se virent attribuer des appartements dans l’une des ailes du palais. Chacun des kidnappés découvrit dans sa chambre une gamme de vêtements fournis pour l’occasion par le clan Lagerfeld.
Lyana, avec l’assistance de Kieran, avait accompli un miracle. Elle espérait être digne de la confiance de son beau-frère. La décoration de l’antre royal fut achevée au moment même où les plus grands trésors des Darck étaient livrés par le conservateur et toute sa suite.
Pour tenir dans la pièce, le Colosse de Rhodes dut être réduit. La main de Midas dominait le centre en lévitation. Excalibur et l’Arche d’Alliance étaient fièrement exposées aux côtés du trident de Poséidon. Pierres précieuses, toiles de maître perdues et instruments enchantés se mariaient élégamment aux couleurs noir et or. Le cahier des charges ordonné par Enlil était plus que rempli.
Lyana et Kieran attendaient avec impatience l’arrivée de leurs proches devant les immenses portes en bois blanc. Warren se présenta le premier. À son bras, une sublime vampire aux formes pulpeuses. Son regard jaune chakratique pétillait de malice. Son habit de soirée rouge pailleté dessinait chacune de ses courbes plantureuses. Elle s’inclina dans une révérence maladroite, ce qui fit sourire Lyana.
— Vos Altesses, c’est un honneur d’être en votre présence.
S’imaginant la tête de Kelly lorsqu’elle verrait la miss, le couple tenta de retenir la crise de fou rire montante et lui rendit la politesse.
Le reste du clan se manifesta bientôt et tous semblaient prêts à savourer le moment historique. Kelly, l’œil critique, changea d’une rotation de la main la tenue de la cavalière du benjamin. À sa grande surprise, la bimbo se retrouva avec deux tours de poitrine en moins, dans une robe bien trop classique à son goût. Cependant, effrayée par le regard incendiaire de la reine lorsqu’elle se tourna vers elle en observant sa métamorphose, elle n’osa se plaindre.
Sans se consulter, les Darck mirent leur masque de noblesse sur leur visage et franchirent les doubles battants gravés du Triskel trinital.
L’entrée de la famille royale, entièrement vêtue de blanc, éclipsa la fantaisie du lieu. Leur trait froid, accompagné d’une démarche impériale, accentuée par la puissance de leur chakra, était si intense, que chacun des convives fut traversé de fourmillements électrisants. Le trio retira l’anneau cuivré de leur pouce et leur trône d’or respectif se matérialisa. Du même pas classieux, ils s’y installèrent. Tandis que Darrius et Kelly se placèrent debout à leur droite, Andromède, Jonas, Lyana ainsi que Nick, s’assirent à leur gauche.
D’un geste, Enlil arrêta les instruments enchantés en plein Stand by me. Aussitôt, un mutisme collectif s’abattit sur la salle. Il parcourut en silence les quelques mètres le séparant du centre de la pièce, leva son verre, puis s’adressa à ses invités, qu’ils soient volontaires ou forcés :
« Une page se tourne pour notre planète.
Et vous qui êtes présents ce soir, serez les acteurs de la réussite de ce miracle.
Il n’y a plus d’autres solutions que d’unifier la Terre sous notre bannière. Notre ambition est d’accompagner la transition de l’Humanité vers l’état de Sorcier.
Les rumeurs sont exactes, Jaouira a jeté, quelques jours avant son exécution, une malédiction de mort subite à l’encontre des êtres non surnaturels.
Aucun contre-sort n’existe, il va me falloir votre contribution à tous. Les dirigeants terriens qui se sont joints à nous signeront la reddition de leurs pays en faveur des Darck. S’ensuivra dans un avenir imminent la communion d’Allégeance.
Celle-ci fera de tout être pensant qui réside sur cette planète l’un de nos loyaux sujets.
Désormais, il n’y aura qu’une seule espèce, les Khal
Ensemble, nous formerons un peuple uni.
Il vous revient de préparer les nations à notre venue.
Exhibez votre nature, exposez la magie et ses bienfaits. »
Électrisée par le discours du futur roi, la populace explosa en acclamations, ce qui fit naître un sourire de satisfaction sur le visage de l’orateur.
— Si Mesdames et Messieurs les Chefs d’État veulent bien se donner la peine, ajouta-t-il, joignant le geste à la parole.
Sous le regard incendiaire et insistant de leurs cerbères, ils avancèrent à contrecœur.
Vladimir, furieux d’être contraint de céder sa patrie à ces despotes sortis de nulle part, s’apprêtait à proclamer son indignation, mais Andromède le stoppa juste à l’instant où il ouvrait la bouche. Dans un plop sonore, il disparut pour intégrer les geôles horrifiques d’où il ne s’échapperait pas de sitôt.
Sous l’attention comblée des membres du clan, ce fut l’un derrière l’autre et la figure contrits, les dirigeants des gouvernements signèrent le parchemin, gravant ainsi leur abdication dans les lois darckiennes. Le dernier en ligne était Kim Jong-Un. Kelly ordonna mentalement à son fils de l’interrompre puis, d’un pas félin, elle rejoignit le tyran au centre de la pièce.
— Nous nous affranchirons du paraphe de cette ignoble immondice, déclara-t-elle assez fort pour être entendue de tous.
Enlil leva un sourcil interrogatif sur sa mère. Il n’eut pas le loisir de réaliser ce qui se passait que le leader de la Corée du Nord brûlait vif sous ses yeux. « J’aurais dû le prévoir », songea-t-il.
Le jet de flamme qu’elle balança sur le scélérat créa un sentiment de terreur oppressant. Surprise par la mort brutale du dictateur, l’assistance cessa de respirer. Tout le monde ici savait que Kelly Darck était un être redoutable, mais la voir en action faisait honneur à sa légende.
— Je n’accepterai jamais qu’un individu aussi mesquin parle au nom du peuple qu’il a brimé. Adoptez ceci à titre d’exemple. S’il s’avère que certains, à l’avenir, reproduisent le genre d’horreur qu’il a osé perpétrer…
D’un claquement de doigts, Kelly réduisit le corps en cendres. La voix d’Enlil, amplifiée magiquement, résonna dans l’immensité de la salle du trône.
— Que les festivités reprennent !
Faisant planer les invités au-delà des sultanats célestes, l’ambroisie offrit tout le charme dont elle disposait. La fête battit son plein toute la soirée, enfin du point de vue des sorciers.
Aucune nation humaine ne s’aperçut de la disparition de leur dirigeant, les spectres ayant revêtu leur apparence, grâce à un sortilège d’esthétisme. Ils jouaient la comédie avec autant de virtuosité que des acteurs hollywoodiens. Jusqu’à la communion transitoire, ils se devaient d’être parfaitement crédibles.
Puis vint le moment de l’affrontement royal…
***
Ceux qui étaient présents lors de la réception ainsi que les représentants humains furent installés dans les gradins du Colisée, sans aucune explication. Tous se demandaient qui serait le prochain à être exécuté. La mort du dictateur carbonisé vif en avait secoué certains.
Le vampire mandaté pour l’organisation de la manifestation de dernière minute avait accompli un prodige. Des torches aux flammes vertes caressaient de leur lueur le centre de l’arène. Établis dans la loge royale, les Darck attendaient anxieusement l’issue de ce qu’ils considéraient comme une aberration.
Enlil et Jonas firent enfin leur entrée sous un tonnerre d’acclamations, la poitrine saillante de détermination. Les femmes, au même titre que les hommes, se pâmaient devant tant de perfection. Ils portaient un simple sarouel de combat noir et avaient laissé leurs cheveux lâchés au vent, ce qui leur donnait un air de samouraï. Le public éclata en un rugissement d’excitation…
Au moment où la clameur s’éteignait, une voix grave retentit :
— Sorciers, vampires et humains, nous assistons à un fait inédit dans l’histoire du royaume.
Deux membres du clan Darck s’opposent ce soir, afin de définir lequel possède la légitimité à gouverner. Le vainqueur sera sacré Roi de la magie.
Créature en tous genres, je vous laisse contempler ce duel confrontant les deux plus puissants monarques que la dynastie Darck a engendré : Enlil et Jonas.
Un nouveau tonnerre d’acclamations explosa. Signalant le début de l’affrontement, les flammes vertes passèrent au rouge. Sans avertissement, le point chargé de chakra, Enlil se précipita à une vitesse dépassant l’entendement. C’est en croisant ses bras pour protéger son torse que Jonas encaissa le choc. La force absorbée le catapulta dans les airs. Dans un parfait salto, il atterrit sur ses deux jambes. D’une voix emplie de fureur, il provoqua Enlil :
— Tu n’as que ça à m’offrir ? Je vais te bousiller la gueule, petit prétentieux.
Il se mit à rire nerveusement.
Ses yeux étaient injectés de sang et son souffle était haletant. Une rage primaire l’avait submergé. L’enveloppant d’une nuée dorée, son énergie mystique explosa et Jonas disparut pour réapparaître derrière son descendant. Il colla sa main sur son dos et propulsa une décharge de foudre. Enlil poussa un cri de douleur qui résonna dans toute l’arène. Il se retourna et saisit son rival par le cou.
À son tour, la colère l’envahit. L’aura argent des Gardiens de la Magie se manifesta. Ses cheveux, blancs comme neige, s’envolèrent sous les coups de bourrasques générées par son chakra.
— Abandonne maintenant Jonas, ou je te tue ! le prévint, Enlil, furieux.
— Jamais ! Petite chose insignifiante ! hurla Jonas, enragé.
Il lui décocha un uppercut, ce qui fit lâcher prise à Enlil. Les regards de haine qu’ils se lançaient étaient sans équivoque : l’un allait devoir abattre l’autre. Jonas se refusait à sauver l’humanité et ça, Enlil ne pouvait le tolérer. Il avait bien conscience que quelque chose clochait. Malheureusement, le manque de temps ne lui permettait pas de réfléchir à une solution moins radicale que la mort de son grand-père.
Ils s’élancèrent alors dans une lutte sans merci, feux, foudre et arts martiaux. Le spectacle mettait la foule en haleine. Le seul son audible était la respiration saccadée des adversaires qui ne s’épargnaient rien, comme le prouvait le sang teignant le sable de l’amphithéâtre. Hypnotisés, les spectateurs retenaient leur souffle.
La fin approchait. On sentait qu’ils étaient à bout. Enlil n’en revenait pas. Jamais personne ne lui avait tenu tête aussi longtemps.
Il invoqua des milliers de billes ardentes et, d’une simple pensée, il les positionna autour de Jonas. Une exclamation s’éleva des gradins. Attendant que le glas sonne pour l’ancien souverain, l’ensemble du public se leva. Accueillant la mort avec la prestance d’un roi, le grand-père s’effondra à genoux, au cœur de l’arène.
Puis les balles fusèrent. Un éclair venant des cieux frappa soudain le centre du maelström formé par les projectiles, qui furent repoussés par une vague d’air d’une incroyable intensité. Jonas n’était plus seul. À ses côtés se trouvait une créature divine, et pas n’importe laquelle… Il s’agissait de Farouh, du Clan Siriki, reine des célestes et de surcroît, leur grand-mère.
— Arrêtez cette comédie immédiatement. Que la honte soit sur vous. Les Darck ne se comportent pas ainsi.
— Farouh, c’est un honneur de vous recevoir, mais n’oubliez pas à qui vous devez obéissance, répliqua Enlil froidement.
— Ne néglige pas les liens du sang qui nous unissent, jeune Héritier.
— Je ne vous dois rien. On ne se connaît pas et en ce qui me concerne, ton imbécile de mari m’a provoqué. Je me suis contenté d’y répondre.
— Ne ressens-tu pas la souffrance de son âme qui pervertit sa nature ?
— Si, c’est de la jalousie et elle est palpable !
— Mon Jonas n’a jamais été une personne envieuse et ne le deviendra jamais. C’est la dualité entre l’esprit d’Anatole qui est toujours en lui et le sien qui le conduit sur la route de la démence.
— OK, je vois. Tu as une autre proposition que d’éliminer celui que je considère comme mon véritable grand-père ?
— Je savais que tu t’opposerais à cette solution, donc nous allons les dissocier.
Sans prendre la peine de rétorquer, Enlil se transposa face au miroir d’onyx. Quelques secondes plus tard, les membres de son clan le rejoignirent.
Puis arriva Farouh, en compagnie d’un Jonas lévitant à ses côtés, endormi grâce à un sortilège. Tous réalisaient en cet instant l’absurdité de ce qui venait de se passer.
***
Enlil dessina un cercle de sel au sol, puis s’installa en son centre, dans la posture du lotus. Ses acolytes comprirent d’instinct ce qu’il s’apprêtait à accomplir et reculèrent de quelques pas. Farouh, debout dans un coin, essayait de maintenir le sommeil artificiel de son mari. En proie à l’inquiétude et à la culpabilité, sa fille vint à ses côtés.
Son regard ne pouvait pas se détacher de son père, dont l’état semblait critique. Son teint habituellement bronzé était devenu aussi laiteux que celui d’un cadavre. La fièvre provoquée par la lutte entre les deux entités faisait suer son corps à grande eau. Un filet de sang sortait de ses yeux, de son nez, de sa bouche et de ses oreilles. Seuls les mouvements de sa poitrine, indétectables pour un néophyte, le distinguaient d’un macchabée.
À l’instant où les pouvoirs de l’aîné commencèrent à se canaliser en vue de l’opération, le calme s’imposa au cœur du vide dimensionnel. Conformément aux instructions de mamie, il se préparait à invoquer l’Autel sacré du clan Darck. L’incarnation de cet artefact d’une puissance incomparable exigeant le dévouement d’un damné, le vortex de Kieran recracha avec violence un individu en provenance directe du couloir de la mort de la prison de San Quentin, aux USA. Affalé sur le sol, celui-ci réalisa qu’il était en présence de gens, tous plus beaux les uns que les autres :
— Peut-on m’expliquer ce qui se passe ? implora-t-il.
Il tourna la tête dans tous les sens et, lorsqu’il aperçut Enlil en pleine concentration d’énergie au cœur d’un cénacle de conjurations, il se mit à rire…
— Eh bien… me voici à Poudlard à présent !
Kieran s’approcha du désigné au sacrifice.
— Ferme-la et arrête de bouger, ignoble petite souillure, ordonna-t-il avec bienveillance.
Écœuré de se trouver en sa présence, Warren préféra l’endormir d’un souffle de chakra et, de l’index, il le plaça au centre du cercle.
Un athamé apparut alors dans la main droite de l’aîné. De la pointe, il grava au niveau du cœur le Triskel trinital. Lambeaux de peaux et minuscules morceaux de chair voltigeaient sous son poignet exercé. Lorsqu’il eut terminé, ses yeux se révulsèrent. Et soudain, à la manière d’un automate, il planta d’un coup sec la dague dans le crâne du condamné. Celui-ci exhala un dernier râle, annonçant sa fin.
Coulant de la plaie, le sang se mua en Triskel écarlate. Cédant sa place à un maelström ténébreux, la victime se consuma et, de son brasier éteint émergea la sainte table, faite des ossements de Naps et Sarek.
Conformément aux directives télépathiques de Farouh, Kelly invoqua seize darboukas qu’elle disposa autour du périmètre de sel. La céleste se mit à côté de son époux, dont le corps en lévitation convulsait fortement. Elle le conduisit prudemment jusqu’à l’autel. Puis, suivant ses instructions, la Trinité ainsi que le reste de la famille les entourèrent.
— Ce que nous réalisons n’a jamais été tenté auparavant, alors, restez concentré ! En aucun cas, le rite ne doit s’interrompre. Si nous échouons, Jonas rejoindra les portes des Créateurs. (Le ton sur lequel elle prononça l’avertissement était à glacer le chakra, puis, elle continua :) je vais entamer le cérémonial. Je suppose que je n’ai pas besoin de vous l’expliquer, à moins que votre comportement insensé ait aussi effacé notre savoir-faire ancestral.
La remontrance était cinglante, et aucun d’entre eux n’y répondit, car tous acceptaient cette vérité. Comment leur en vouloir ? Qui ne craquerait pas face à la pression procurée par un sauvetage planétaire !
Farouh ferma les yeux afin de canaliser la quantité d’énergie mystique nécessaire à l’exécution de la dissociation. À tour de rôle, ses assistants, en commençant par Darrius et en finissant la manœuvre par Warren, entrèrent en introspection. La voix divine de la Céleste s’éleva, puis suivirent les tam-tam, entreprenant une partition aux notes graves, persistantes, puis saccadées :
« Un sorcier qui est deux.
Deux âmes en une.
Le même est différent.
Le tandem doit être séparé. »
Dans une totale harmonie, la psalmodie de ses assistants rattrapa la sienne. Le corps de Jonas lévita légèrement au-dessus de l’autel, puis une enveloppe vaporeuse s’en dégagea. Enlil identifia aussitôt la silhouette de son Gardien royal.
Une dague de karistal, identique à celle visualisée lors de la réminiscence de sa vie oubliée émergea dans la main de la matriarche. Ses yeux virèrent au noir intense et le chant s’arrêta net. Un sceau mystique affleura sur la poitrine du maudit.
Pour le second tempo, Farouh reprit l’incantation seule, afin d’invoquer la magie de son peuple. Suivant son élan, ils propulsèrent le chakra canalisé sur la reine des célestes. Les projections de sorcellerie aux dominantes dorées conféraient au spectacle morbide un caractère féerique. Dans un parfait paramissien, elle poursuivit :
« Rogo autem mysticum Iesu vis Sidi
Sigillum Dei in anima et non polluam
Per hoc pugione ego dabo vobis tergum tuum individuales intentiones
Anatole Vraimond erit chimaera Elymas magus. »
À l’instant où sa litanie prit fin, elle planta la dague céleste avec conviction au cœur du sceau apparent sur le torse de son époux, perforant son âme.
La chair vaporeuse d’Anatole acquit alors une consistance réelle. Brusquement, les deux entités poussèrent un cri si aigu et dans un synchronisme si parfait que tous sursautèrent. Une flamme bleutée, venue du royaume d’Iblisse, apparut en dessous d’eux. Elle lécha leurs corps pervertis par la magie du roi des Djinns. Puis l’enveloppe charnelle de Jonas tomba délicatement sur l’autel. Quant à son homologue, Kieran le ramena à ses côtés et l’installa confortablement sur le lit, invoqué d’une simple pensée. Farouh, après s’être assurée que son aimé ne risquait plus rien, vint à la rencontre de sa fille :
— L’urgence pour tes garçons est d’assimiler la notion d’honneur familial. Comment osent-ils avoir plus de considération pour cette ignominie que tu as créée, plutôt que pour leur grand-père, qui s’est sacrifié pour eux ? s’insurgea-t-elle.
— Avant toute chose, ma très chère mère, mes fils adopteront l’attitude qu’ils désirent, peu importe qui est en leur présence. Enfin, n’omettez pas que, comme tout le Sultanat céleste, vous leur devrez allégeance sous peu. Connaissant mes enfants, si vous appréciez votre statut de leader de votre dimension, je vous conseille de ne pas les contrarier ou de m’irriter. N’oubliez pas qui a fait de vous la reine de votre peuple. Si vous voyez une objection à leur comportement, je vous invite à vous asseoir.
Farouh fut troublée. Même si elle n’avait pas été présente pour l’élever, jamais sa fille n’avait bravé son autorité ou ne s’était adressée à elle avec tant de rancœur. Elle encaissa la réflexion en silence et retourna sans un mot au sein du palais Paladium.
Enlil s’apprêtait à donner ses directives pour le lendemain lorsque, sous les yeux de son clan, il s’effondra. Andromède se précipita à ses côtés. D’un halo de lumière argenté, elle sonda l’état de son descendant.
— Il n’est que surmené ! Du repos lui fera le plus grand bien !
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