Chapitre 47 – Dernière carte
Enfer terrestre. Clan Darck 2.0 :
Le Sage, alias Darrius apparut au milieu des dépouilles de Gogs et aussitôt, il détecta au loin les corps inertes de son cadet et de Merzhin, qui lui, avait été décapité. Affolé, il se dématérialisa pour réapparaître à ses côtés. Soudain, il sentit l’approche de l’aura malfaisante de la Créature mortifère. Il les prit avec lui et ils disparurent à l’instant même où le poing gorgé de chakra du Néant allait s’abattre sur eux.
Une fois Kieran confortablement installé dans un coin de la salle du trône, sur un magnifique lit à baldaquin d’ivoire, il fit appel à l’une de ses alliées par l’esprit :
— Lyana ?
— Enfin, ce n’est pas trop tôt ! Je commençais à m’inquiéter. Kieran a-t-il survécu ?
— La modification de la trame a fonctionné. Tranquillise-toi, ton époux est un peu dans les vapes, mais il récupérera rapidement.
— Parfait ! Je pars d’Earth2 sur-le-champ.
« Alors, comment t’expliquer, cher lecteur : la reine Lyana et les Junic avaient été expédiés ensemble dans le passé.
La mère avait veillé à ce que la future maman débarque en 2012 et les grands-pères en 1966. Ceux-ci, grâce au lien entretenu avec leur petite-fille à naître, avaient réussi à déterminer l’époque d’arrivée de Lyana.
En attendant de la retrouver, ils avaient exécuté, toujours sous couvert de leur identité factice, diverses missions confiées par les Hoods. Et maintenant, retournons à nos moutons. »
Quelques minutes plus tard, sa bru franchit les portes en trombe et se précipita sur celui qu’elle n’avait plus revu depuis son départ, pour l’enlacer de toute la force dont elle disposait. Enfin, elle était soulagée de la douleur perpétuelle due à la séparation.
— Embrasse-le, qu’on en finisse, ordonna sèchement Darrius.
Le tendre baiser qu’elle posa sur ses lèvres eut pour effet de sortir Kieran de son apathie.
— Lyana, prononça-t-il dans un souffle. C’est vraiment toi ! Je craignais de ne pas assister à la naissance de notre fille. Quand es-tu revenue ?
— Je n’ai pas le temps de tout expliquer mon amour, tu dois activer le projet Tempus.
— Cela signifie que je demeure le seul Roi en ce temps et que nous avons perdu !
— Non ! Ça prouve uniquement que la prophétie s’est accomplie. La Création ne peut plus être annulée par le Néant. Mais si nous ne le défaisons pas, il ruinera notre Univers et s’attaquera ensuite aux réalités alternatives.
— Sans mes frères, il est inconcevable de vaincre ce gamin.
Darrius, exaspéré par ces palabres inutiles, remit de l’ordre à la situation :
— Si tu veux revoir Enlil, Warren et ta mère, tu ferais mieux de t’exécuter, fiston. Bien que vous ayez réussi à affaiblir la créature, à part ton chakra, rien n’entretient le bouclier. La magie générée par ce sortilège codé que tu dois créer permettra de recalibrer le Continuum que nous avons trop distordu. Ainsi, le temps, sans rétablir son cours d’origine, refoulera toute personne ne résidant pas à la bonne époque.
Kieran sentit que quelque chose clochait chez son père, mais il n’aurait su préciser quoi ! Le Roi fit tourner trois fois l’anneau incrusté d’une tanzanite qui embellissait son majeur et aussitôt, son trône d’or transparut. Chancelant, il s’installa dessus, puis mit ses mains sur les accoudoirs. Un cliquetis retentit sur le bord, laissant apparaître un port USB. Kieran y introduisit le mini disque dur, que Lyana lui avait fourni et la salle fut plongée dans la pénombre.
Les karistals, implantés au plafond, scintillèrent d’un chakra émeraude, qu’il identifia comme étant celui de Warren, avec quelques subtilités de puissance qu’il ne lui connaissait pas ! En harmonie, elles concentrèrent leurs faisceaux d’énergie vers le cœur de la pièce.
Tandis que la manipulation était en cours, Christian et Karl débarquèrent en compagnie d’une adorable jeune fille. Lorsqu’il posa son regard sur elle, Kieran sut d’instinct. Tout comme Kelly et Enlil, il relia les points et appréhenda le problème dans son ensemble.
— Tu n’es jamais revenue dans le présent. Tu es restée seule durant toutes ces années. Je suis désolé, déclara-t-il à sa femme.
— Warren avait prévu un truc pour remédier à ceci, et Enlil tenait à respecter sa promesse.
Par l’esprit, elle leur transmit le plan concocté par le Capuchon vert.
— Impossible ! Tu deviendrais une aberration paradoxale ! l’avertit Darrius, les yeux sortant presque des orbites.
— Tu ne comprends pas ! Nous l’avons déjà fait ! Ma manœuvre ressort dans le fil des événements. Selon maman, dans la précédente écriture, Blue Hood a prévenu Jonas de l’existence d’Enlil.
— Ce genre de choix cornélien ! Voilà pourquoi j’aime quand Enlil est présent, il sait trancher les questions cruciales. Tu es sûre de toi ?
— Certain ! Princesse, dit Kieran, viens donc faire un gros câlin à ton papou, au lieu de faire ta timide !
Ne pouvant contenir ses larmes, Kayna courut dans les bras de celui qu’elle avait rêvé de rencontrer. Durant de longues minutes, père et fille s’étreignirent. Soudain, le vortex entra dans sa phase ultime d’invocation.
— C’est le moment, poste-toi sur le faisceau, intima Darrius à Kieran.
Kieran chuchota quelques mots à l’oreille de sa merveille, se leva du trône et embrassa sa femme. Il braqua ensuite son regard sur Christian et Karl :
— Reprenez vos apparences s’il vous plaît ! C’est flippant de se dire que durant plus de sept décennies, vous avez bluffé les plus puissants monarques de l’histoire du Clan Darck.
— Enfin, ce n’est pas trop tôt ! lança Karl. Ma tête de BG me manquait.
En harmonie, les stylistes redevinrent les Junic. Une alarme retentit et la voix d’Alexa résonna :
— Roi Kieran, le projet Tempus va s’activer. Cinq, quatre, trois, deux, un. Démarrage du sortilège.
Le sol de Karistal émeraude se gorgea lui aussi du chakra de Warren. Un hephtagrame d’argent s’imprima sur l’intégralité de sa surface. Et finalement, il s’embrasa, libérant une série de chiffres et de symboles informatiques qui vinrent encercler le cadet, qui s’illumina. Un trou de ver émergea là où il se tenait, l’aspira et recracha dans le même temps les frères Hood. Puis la faille se referma et un compte à rebours apparut au-dessus d’eux.
— Salut à tous. Nous disposons de deux heures trente pour accomplir la mission, les informa Warren, comme s’il n’avait jamais surgi brutalement d’un vortex spatio-temporel.
Repérant sa nièce, il lui ouvrit les bras. Kayna s’y précipita.
— Tonton Warren, j’ai vu papa.
— Alors, il est comme on te l’avait dit ?
— Encore mieux !
Elle fila ensuite auprès d’Enlil qui l’étreignit avec douceur.
— C’est bon, tu peux me lâcher tonton Voldi ! J’étouffe un peu au cas où tu ne l’aurais pas remarqué. T’as quoi au bras ?
— Disons que c’est l’une des conséquences de la rencontre de ton papa et de ta maman sur Paramisse.
— Voldi ! s’exclama Darrius.
— Oui papy Darrius ! Tu ne trouves pas que tonton Enlil fait peur aux gens, comme le méchant dans Harry Potter ? demanda Kayna.
— Mouais !
Il toisa brièvement son aîné avant d’ajouter :
— Effectivement, ça se tient, mon petit cœur d’amour.
— Et nous, on est ses agents maléfiques ! renchérit-elle, le regard malicieux.
Fier de la franchise et de la froideur royale de sa disciple, Enlil l’embrassa sur le front et, conformément à l’ordre reçu, la libéra. D’un claquement de doigts, la princesse Kayna Darck fit apparaître son trône de diamant et, le pas gracieux, s’y installa tout en savourant la crème glacée aux quatorze chocolats qu’elle avait invoquée.
Tout à coup, une douleur collective les posséda tous. Le crâne en feu, ils mirent leurs mains sur leurs tempes et s’écroulèrent au sol. Hurlants, le corps en proie aux convulsions, les yeux révulsés et durant deux minutes qui leur semblèrent une éternité, une MAJ de leur souvenir s’effectua.
La crise passée et les esprits apaisés, une fois certain que sa nièce adorée se portait bien, Enlil exigea de savoir de quoi il retournait. Lyana lui expliqua brièvement ce qu’avait projeté Kieran. Ils étaient tout à l’évocation du nouveau contenu de leur mémoire, lorsqu’à la surprise générale, un Capuchon bleu passa les battants de bois blanc, soutenant dans ses bras une charmante petite sorceline à la chevelure d’argent et au regard d’or.
— Lya ! lâchèrent avec synchronisme les membres du clan.
Le plan du cadet fonctionna. Se retirant de la vie magique, il put vivre normalement avec Lyana et voir sa fille grandir. Il en conçut même une deuxième, tandis que ses frères se chargeaient de diriger l’univers. À l’occasion, il s’autorisait une mission sous couvert d’un capuchon.
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