Addendum
Alors qu’Enlil s’apprêtait à se transposer sur Khalarie, à la suite de sa famille, ses sens furent attirés par un sourd craquement, provenant des racines de l’Arbre de diamonite.
Aussitôt, il matérialisa deux orbes d’or au creux de ses mains. Sentant la tentative d’évasion de l’ennemi, il lança ses armes. Il eut juste le temps d’apercevoir le sourire narquois du Gamin avant de réaliser la manipulation dont il venait d’être victime. Cette brèche n’était qu’illusion auditive. Il ne restait plus qu’une minute et trente secondes lorsqu’une détonation digne de la colère de la Mère retentit.
Là où se tenait l’Arbre de diamonite un instant auparavant montait à présent une volute obscure, parsemée d’éclairs rougeoyants. Autour du roi, les éléments se déchaînèrent. Comme une lame tranchante, le vent mêlé à la poussière charbonneuse entailla ses vêtements et sa chair, lui arrachant un cri d’agonie. À cet instant, Enlil honnit son titre, sa puissance, son nom et même ses proches, car ils l’obligeaient à abréger son existence.
Ses rugissements de souffrance traversaient le vide sidéral. Aucun n’aurait pu accomplir l’exploit de maintenir son corps en lévitation tout en luttant contre la tempête maléfique. Hurlant à pleins poumons, il enclencha son aura protectrice et put enfin plaquer ses mains sur ses oreilles, qui suintèrent de sang.
De la tornade mystique surgit le Gamin ; grognant comme un troll en chaleur, il se rua sur Enlil. Sa peau couverte de stigmates ébène révélait que le bambin en lui avait totalement disparu, rien ne subsistait ; nul doute que la mortifère Créature le dévorait de l’intérieur. Obéissant à son instinct de survie, Enlil crispa ses paumes ; deux jets de flammes mordorées carbonisèrent l’enfant hanté, qui retomba en un tas de cendres fumantes, dont une ombre s’échappa.
L’adage dit : qui met à mort le Néant le devient.
Acceptant son sort, le Roi referma ses paupières… et s’offrit à la bête. Un silence religieux s’abattit subitement sur les lieux et, les bras tendus, comme le sorcier de Nazareth sur sa croix, il patienta… La nuée de ténèbres l’enveloppa, l’imprégna, puis le posséda. Enlil s’évanouit et son corps amorça une longue descente.
À l’instant où le décompte arrivait à zéro, son sauveur le rattrapa de justesse et le projeta violemment dans un vortex.
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