Disparue à l'Aube
ETATS-UNIS,
CALIFORNIE, 1947.
Leonardo Shakespeare regardait dans le vague. Il se sentait faible, et sentait qu'autour de lui tout tremblait sauvagement. Jamais il n'avait perçu tant de déséspoire dans un lieu.
Aussi fort qu'il le pu, il s'accrocha sa propre veste comme si c'était un gilet de sauvetage. Il avait l'impression que chacune de ses respirations était fausse, et que l'oxygène qu'il en aspirait n'était que du carbone.
L'alcool faisait effet : malgré la pluie qui se déversait sur la ruelle étroite, et le tonèrre qui grondait au dessus de cette dernière, il avait terriblement chaud. Sa vision n'était que plus trouble plus les secondes passaient -à moins que ce ne soit des minutes- à une lenteur infernale égale à celle à laquelle son cerveau tournait.
Il avait en l'espace de deux jours ingurgité plus d'alcool que durant toute sa vie, si bien que du vomi avait eu le temps de s'étaler autour de lui, regurgitant une terrible odeur nauséabonde entre les deux colones de maisons.
Comment avait-il peu laisser faire ça ? Il aurait dû être capable de sauver Emmaline, il aurait dû pouvoir la protéger, mais au lieu de cela il avait été trop occupé par ses récoltes ! Elle avait été portée disparue, du jour au lendemain plus aucune nouvelle d'elle ! Il avait reçu des lettres demandant de l'argent, quarante-huit heures après, réclamant des sommes astronomiques dont l'ampleur avait noircit sa vie. Soit l'argent, soit sa fille. Alors dans attendre, il avait commencé à réunir 1 000 000 cent, arnaquant et volant pour sauver sa fille qu'il chérissait tant. Qu'aurait-elle pensé de lui, le voyant ruiner de vieilles femmes aux yeux éteints par la vieillesse ? Le sachant fouinant dans les maisons dans l'espoir de dénicher ne serait-ce une feuille d'or ?
Et pourtant, pour cette même personne qui serait outrée de ses actes, il l'avait fait. Sacrifiant son honneur et la valeur qu'il avait toujours inculpé à Emmaline qui était celle qu'il appelait la loi de la bonté. Ne jamais ruiner quelqu'un, parce que cette victime serait plus victorieuse que le délinquant. Derrière tout trafic se cache un secret, révèlé ou non mais bien présent.
Et il avait finalement obtenu la somme, en un temps record.
Le soir venu, il se rendit au cimetière, devant la tombe de sa defunte femme. C'était un lieu sombre, et terriblement inquiétant. Il y a avait une cinquantaine de tombes, plus maussades les unes que les autres. Le sol était recouvert d'une épaisse couche de sable humide mélangé à des graviers, et sous les pas de ses visiteurs, il créssillait.
Il s'assit par terre, devant cette tombe qu'il entrentenait chaque jour, et il pria, longtemps. Puis il attendit. Les bandits lui avaient dit d'attendre minuit, alors il attendit. Et une heure du matin passa. Deux, puis trois. Il ne pu se résoudre à partir, même si l'horaire était dépassé. Alors il longea les allées, éclairé seulement d'une torche de feu. Il regardait les noms, il les retenait. Il se demandait un instant pourquoi et comment étaient-ils morts, puis pourquoi la tombe n'était pas entretenue.
Rapidement, il se rendit compte qu'il avait déjà fait toutes les allées. Alors il entama la dernière. Une tombe, deux tombes, trois tombes. Et il cru véritablement mourir. La quatrième tombe inquiquait Emmaline Shakespeare, Emmaline. Sa fille, sa fille unique.
Il tomba à genoux et pleura.
Il pleura autant de temps qu'il lui fallut pour se vider, puis lorsqu'au petit matin cela fut terminé, il mourrut. De chagrin, de honte. De colère.
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