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Destinataire absent lors de la livraison, relut Hobbes sur l’avis de passage.

Encore une fausse excuse pour ne pas sonner, estima-t-il. L’ancien facteur n’avait pas peur d’engager la conversation avec lui, au contraire du jeune qui l’avait remplacé. Celui-ci n’avait jamais osé l’appeler lors d’une livraison. Hobbes ne lui en voulait pas, il était habitué à ce genre de réaction.

Il arriva au bureau de poste après deux heures de marche. Ce n’était pas si loin, mais son genou capricieux l’empêchait d’avancer à bonne allure. Chaque habitant rencontré le dévisageait, comme s’il représentait l’attraction du moment. Cela l’indifférait. Lorsqu’il poussa les portes, l’agent de sécurité l’interpella.

— Excusez-moi, monsieur, mais vous ne pouvez pas porter un chapeau et une cagoule dans les lieux publics, annonça-t-il d’un ton autoritaire. C’est la loi.

Sans dire un mot, Hobbes fouilla dans son manteau, puis sortit un document plastifié accompagné de sa carte d’identité. La photo représentait un vieillard avec une moustache blanche, les cheveux plaqués en arrière, des sourcils épais, et la peau ridée tombante. L’autre papier, un certificat médical, évoquait une maladie de peau contraignant l’homme à sortir aussi couvert. Il avait maintes fois entendu les rumeurs à son sujet. Certains habitants pensaient qu’il souffrait d’une défiguration affreuse. D’autres, que c’était un tordu.

— Oh, veuillez m’excuser, monsieur… Hobbes, s’interrompit l’agent en lisant le document. Vous pouvez entrer.

L’homme s’installa dans la file et patienta le temps qu’un guichet se libère. Il entendait des murmures tout autour et sentait la moitié des regards braqués sur lui, gênés pour la majorité. Un petit garçon tira sur son manteau puis se fit rapidement réprimander par sa mère, plus inquiète pour son enfant que pour Hobbes. L’homme n’en avait que faire et demeurait impassible.

Lorsque son tour arriva, il fut satisfait de constater que la vieille Maryse travaillait encore au bureau de poste. Elle faisait partie des rares personnes à l’accueillir chaleureusement à chaque passage.

— Bonjour, monsieur Hobbes, vous venez pour retirer un paquet, je suppose ?

Il hocha de la tête et déposa l’avis de passage accompagné de sa carte d’identité sur le bureau. La femme inséra celle-ci dans son ordinateur qui autorisa la procédure.

— Je vous amène ça de suite, dit-elle en se levant.

Elle revint deux minutes plus tard avec un carton sur un chariot à roulettes.

— Votre colis est particulièrement lourd, monsieur Hobbes, annonça-t-elle comme une amicale réprimande. Vous savez que je suis dans l’obligation de vous demander un supplément, car il dépasse les quotas autorisés.

Hobbes sortit sa carte de paiement et la tendit. Maryse acquitta la transaction, puis invita le vieil homme à aller chercher son paquet à la porte de droite. Il s’exécuta, entra à la demande du personnel, se pencha en avant et ramassa le carton sans peine. Il inclina légèrement sa tête pour remercier Maryse, puis se dirigea vers la sortie. L’agent de sécurité lui tint la porte. Hobbes lui adressa un merci d’un signe de la tête. Il entama la longue marche de retour, un colis de trente-sept kilos entre ses mains.

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