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Un matin, Hobbes regardait à travers les lames de ses volets. Les vitres étaient recouvertes d’un filtre de confidentialité à effet miroir. Cela lui évitait de devoir se déguiser et être vu sous sa réelle identité. Les robots n’existaient plus cette société humaine qu’ils avaient pourtant contribué à reconstruire. Cet état de fait ne résultait pas d’une injustice, ils avaient collégialement décidé de s’effacer d’un monde dans lequel ils avaient estimé ne plus avoir leur place. C’était comme tourner la page, selon l’expression humaine.

Ses capteurs visuels pointèrent du mouvement à l’extérieur, des gens se promenaient sur le chemin longeant sa propriété. Il reconnut Marlène, la petite fille qui voulait récupérer une balle la dernière fois. Elle avait bien grandi en quatre ans. Un autre garçon, très certainement Lucas, le fils aîné d’un autre voisin, l’accompagnait.

Ils sont vraiment inséparables ces deux-là, constata-t-il.

Hobbes pensait souvent au cycle de vie des êtres humains. Il les considérait inefficients. Ils nécessitaient beaucoup de temps pour être fabriqués, avec une grande part de hasard, là où lui avait été construit et rendu opérationnel après vingt-sept minutes passées sur une chaîne d’assemblage à l’usine de Salerne. C’était une jolie ville, quand il y repensait, mais elle n’existait plus. Ni elle ni l’Italie. Le pays s’appelait désormais Iunis et la ville Samnium. Son visage s’était complètement transformé.

À l’issue de sa construction, Hobbes fonctionna de manière ininterrompue jusqu’à ce jour, sans rien demander d’autre que quelques pièces détachées, de l’électricité pour recharger sa batterie, et du lubrifiant pour ses parties mécaniques. Les humains, ça prenait des années pour qu’ils soient opérationnels, ça tombait en panne facilement, et leur durée de vie s’avérait très courte. Hobbes n’avait jamais réellement compris cette différence.

Un autre mouvement attira son œil, proche de l’entrée de son terrain cette fois. Un homme aux cheveux bicolores descendait d’une moto rouge criard. Celle-ci s’évapora en une nuée de particules lumineuses. Il marchait d’un air nonchalant, les mains fourrées dans les poches de sa veste cramoisie, en souriant. Le visiteur s’approchait du portail et le franchit. Hobbes relativisa ses récentes interrogations sur les humains.

Ils sont inefficients, mais il existe quelques rares exceptions.

L’un de ses plus vieux amis, rencontré quelques millénaires auparavant, quand les robots côtoyaient encore les humains, lui rendait visite.

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