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Un soir d’été, Hobbes entendit du bruit dehors. Des gens riaient et chahutaient. Cela lui parut bien proche et il observa discrètement par la fenêtre. La ville célébrait sa traditionnelle fête de fin des moissons et l’euphorie se répandait partout. Hobbes habitait dans une propriété excentrée, il supposa donc que les fermes des alentours devaient aussi participer aux festivités à leur manière. Le robot s’étonna de la scène qu’il entraperçut au travers de ses volets malgré la nuit tombée. Pour lui, ce n’était pas un problème, ses capteurs pouvaient modéliser son environnement même dans le noir le plus total.

Il découvrit deux jeunes gens allongés sur la pelouse de son terrain, le long de la clôture. Hobbes avait eu envie de l’entretenir après l’avoir négligée pendant des années et laissé les herbes folles pousser comme elles l’entendaient. Des heures à faucher avaient rendu l’endroit plus accueillant. Cependant, il ne s’attendait pas à une visite comme celle-là.

Le robot enfila son déguisement et sortit discrètement par la porte. Les intrus ne prêtèrent aucunement attention à ce dernier, bien trop occupés à s’amuser. Hobbes scanna ses visiteurs et les reconnut. Marlène et Lucas, qui avaient une nouvelle fois bien grandi. Il estima leur âge à dix-huit ou dix-neuf ans, et leur amitié d’enfance s’était transformée en une autre forme de relation depuis peu, ils étaient amoureux. Hobbes détecta que leur euphorie provenait en partie de leur consommation d’alcool élevée. Ce n’était pas la première fois qu’il croisait des personnes en état d’ébriété, et certainement pas la dernière. Par contre, il n’avait pas souvenir d’avoir déjà vu ce qu’ils faisaient.

Lucas était allongé sur son dos, il souriait, il regardait Marlène installée sur lui et ondulant du bassin. L’analyse faciale traduisit sa curieuse déformation de visage comme du plaisir. Leurs habits étaient éparpillés autour d’eux et le jeune homme massait la poitrine de sa partenaire.

Des humains qui pratiquent le coït, constata Hobbes.

Le jeune couple, plein de fougue, se désinhibait et profitait d’un bon moment en ignorant où ils étaient. Au moment où Marlène lâcha un gémissement sonore, le robot eut un réflexe qui le surprit lui-même. Il leva sa main gauche et activa la lampe torche au bout de ses doigts, interprétant le cri comme de la douleur. Il éclaira les deux jeunes gens. Ceux-ci s’arrêtèrent, figés par la stupeur, puis Marlène attrapa son chemisier et se releva. Lucas la suivit, enfila dans la précipitation son pantalon et manqua de coincer son sexe dans la fermeture à glissière. Ils ramassèrent leurs affaires, finirent de se rhabiller maladroitement et détalèrent après un saut par-dessus la clôture. Lucas tomba, Marlène l’aida à se relever. Ils s’enfuirent en riant, main dans la main.

Hobbes éteignit sa lumière. Il resta comme hébété pendant quelques secondes, cherchant à comprendre leur réaction face à une simple lampe torche. Bien qu’il se soit tenu à l’écart des humains, le robot avait pu les observer pendant des centaines d’années. Ce soir-là, il découvrit que ces créatures biologiques n’avaient de cesse de l’étonner.

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