Première esquisse

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« Maintes fois, j'ai rêvé de te rendre cet hommage

Aussi si tu veux bien ce soir tu seras bien sage.

Pas nécessaire de rougir, tu es formidable

Lâche prise, apprécie mes coups de crayon rebelles.

Un sourire sur tes lèvres s'esquisse, un délice.

Subtile promesse déposée avec malice.

Balance tes vêtements, ils te font ombrage

Et dissimulent ton corps, ce serait dommage.

Laisse-moi te débarrasser de cette armure

Libère-toi de tes doutes et tes blessures

Encore un instant que je gomme les fissures.

Tu es dans ta plus belle tenue, plaisir absolu.

Offre-moi chaque courbe, tu ne seras pas déçu

Irrésistibles, tes formes sont de belle facture

Laisse mes doigts errer sur la toile, ma signature.

Es-tu prêt à me suivre dans cette grande aventure ? »

David relisait le message envoyé par son amie Aurore. Les deux jeunes gens avaient appris à s'apprivoiser jour après jour, pourtant ce SMS le déstabilisa. Leur route s'était croisée lors d'un vernissage chez un ami commun. Ce soir-là, la jeune artiste exposait sa première toile. Il se rappela sans mal la qualité du tableau. Il était exceptionnel. Au travers des traits, elle avait sublimé le corps féminin. Le modèle était d'une grâce surnaturelle, dans son drapé, les courbes révélées sans aucune vulgarité. Il n’avait pu résister, son regard s'était attardé sur la poitrine voluptueuse et il avait rougi. Aurore avait souri avec tendresse en voyant cela. Puis, ils avaient discuté tout le reste de la soirée. De fil en aiguille, ils avaient appris à se connaître. Depuis, une charmante complicité s'était tissée et les réunissait.

Le texto reçu ce soir laissa David songeur. Pourquoi parlait-elle de modèle ? Pourquoi lui ? Et qu'entendait-elle par nu, armure... Il avait compris depuis bien longtemps qu'elle aimait peindre l'érotisme et lui donnait vie avec sensualité. Les peintures de son amie diffusaient de belles lumières. Ainsi, les visiteurs contemplatifs de ses œuvres touchaient des yeux leur fantasme. David était toujours surpris par les réactions provoquées par les toiles aussi bien sur un public masculin que féminin. Il aimait s’assoir en retrait et regarder les potentiels acheteurs commenter la peinture. Jusqu'à présent, elle avait rendu hommage aux femmes avec respect. Elle mettait en valeur leur beauté intérieure quel que soit leur profil.

Là Aurore venait de lui donner rendez-vous dans son antre. Il était hors de question de ne pas répondre à son invitation. Une fois sur place, il verrait bien ce qu'elle entendait par hommage et modèle. Il était tout de même mal à l'aise, il ne voulait pas la décevoir, ni laisser de malentendus s'installer dans leur relation amicale. Se faisait-il des films ? Ou était-il en train de fantasmer ? Arrête de cogiter, songea-t-il et soit flatté. Pourquoi lui ? Elle avait tant de prétendants qui gravitaient dans son univers. Il s'amusait de la voir les éconduire toujours avec délicatesse. Ils étaient tous des hommes musclés, carrés et sûrs d'eux. Il était tout le contraire. Son corps, même avec tout le talent de son amie n'avait rien d'exceptionnel. Il était plutôt banal. Mais d'ailleurs comment pourrait-elle le savoir ? Perdu dans ses pensées, ses pas le conduisirent devant l'atelier, ils connaissaient très bien le chemin. Il était planté sur le palier et son index figé sur la sonnette. Quand la porte s'ouvrit, Aurore se tenait devant lui dans un pantalon de toile beige et une chemise blanche.

  • David, te voilà enfin. Je t'en prie entre, ne fais pas attention au bazar. Je suis une grande spécialiste, j'ai tendance à m'étaler. Mets-toi à l'aise. Veux-tu un truc à boire avant que nous commencions ? J'ai mis de l'eau à chauffer.

David sentait le feu lécher ses joues, la tenue de son amie révélait ses courbes en transparence. La lumière de la lucarne se déposait sur le tissu et offrait à son regard une merveilleuse vision. L'eau du thé bouillait et son corps s'embrasait. Que lui arrivait-il ? se demanda-t-il tout en essayant de garder un peu de contenance.

  • Tout va bien David ? Tu as l'air nerveux. J'espère que mon message n'y est pour rien. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Ma demande n'est pas ordinaire, je te l'accorde. Je pense qu'après mûre réflexion, je voulais que tu sois ma prochaine création. Tu es partant ?

David prit un temps de réflexion, il ne savait plus où se mettre. Il cherchait du regard un endroit où il pourrait cacher son émoi. Qu'est-ce qu'elle attendait de lui ? Il était comme un gosse que l'on vient de prendre sur le fait et il n'avait pas de bonnes explications à fournir. Ses mains étaient moites, signe de son émotion. Ce fut pire, quand Aurore prit son menton du bout des doigts et lui dit :

  • À partir de maintenant, laisse-moi faire. Je te promets que je vais prendre soin de toi. L'expérience est juste pour toi, et tu auras le choix une fois que j'aurai terminé. Mais pour l'instant, accepte d'être mon modèle. Je te propose dans un premier temps de nous installer devant la psyché. Je veux juste que tu te découvres comme mes yeux te voient. Je vais prendre ta main et je ne la lâcherai que si tu me le demandes.

Aurore baissa légèrement la lumière de l'atelier, elle s'approcha du miroir, plaça David face à son reflet et commença l'effeuillage. Elle se tenait dans son dos et passa ses mains autour de son torse. Ses doigts défirent les boutons. Ils cédèrent les uns après les autres et elle effleura la peau ainsi révélée. David n'osait plus bouger. Il acceptait chacun des gestes qu'elle prodiguait. Elle ouvrit les pans de la chemise avant de la faire glisser au sol. Elle poursuivit, saisit un pinceau et se dirigea vers sa toile. David resta dans la position sans faire le moindre mouvement. Il s'observait et n'appréciait pas l’image que la glace lui renvoyait.

  • David regarde dans ma direction et souris s’il te plait. Je n'aime pas ce que je vois dans tes yeux, tu es bien trop dur avec toi. Rends-moi un service, j'ai besoin de toi. Rapproche tes deux mains, frotte-les. De mon côté je prépare ma palette.

David fuyait les yeux d'Aurore, elle le déstabilisait. Où voulait-elle en venir ? Une douce chaleur se diffusait en lui, un bien-être l'enveloppait et il se détendait.

  • Maintenant, passe lentement tes mains sur ton torse, laissent les paresser le long de tes poignées d'amour. Ne va pas aussi vite, elles font partie de toi. Elles sont là, ne les rejette pas. Découvre chaque parcelle de chair que tu croises. Ton corps réagit, il frissonne. C'est parfait pour moi. Allez, on recommence, frictionne tes paumes. Cette fois focalise ton attention sur ton ventre, esquisse de petits cercles autour de ton nombril. Fais-moi plaisir, recommence je n'ai pas eu le temps de percevoir ton mouvement. Prends ton temps, ressens et vibre. Je te vois, tes yeux ont glissé sur le miroir. Tu t'observes différemment.

David suivait les consignes, il se laissait guider. Tout était surprenant, le massage prodigué au travers des mots d’Aurore par l'intermédiaire de ses mains lui procurait un plaisir sensationnel. Tous ses sens s'éveillaient. Il s’interrogeait : que faisait-elle réellement derrière son chevalet ? Tout à coup elle se téléporta à ses côtés. Comment avait-elle fait ? Elle se plaça entre lui et la glace. Il pouvait admirer le reflet du galbe de ses fesses sans avoir besoin de la toucher mais l'envie se faisait plus vive. Pourtant leur amitié était plus forte, changer de statut il ne voulait pas. Cela voudrait peut-être dire de la perdre. Il se contenta de la dévisager du regard pendant qu'elle s'amusait à faire glisser sa fermeture éclair de son pantalon. Avec son pouce, elle effleura la bosse sous le boxer. Et disparut comme elle était apparue.

  • David, maintenant assieds-toi sur l'estrade juste derrière toi, celle que j'ai recouverte d'un tapis de laine. Apprécie la douceur de ce parterre. Cette enveloppe soyeuse va recouvrir ta peau sans la brusquer. Pour commencer, pourrais-tu te tenir dos à moi pour que je puisse admirer ta chute de rein. Place tes mains de chaque côté, elles vont guider les miennes sur le papier. Accorde-les au galbe de tes fesses, tes doigts sont le lien entre nos deux pensées. Chaque mouvement que tu apposes me permet de découvrir au mieux tes traits.

David à genoux tentait de reproduire chaque geste, des frissons le parcouraient dès que son index se perdait dans la fente de ses fesses. Il fut surpris du plaisir que lui donnait cet auto massage. Toutes ses répétitions étaient des cascades d'ivresse sur sa peau. Il ne savait pas combien de temps il allait pouvoir tenir sans que son sexe ne se révèle au grand jour. Son pénis était enroulé et rêvait de prendre le large.

  • Tu peux à présent remonter tes mains sur ta poitrine de façon à ce que j'observe le haut de ton dos. La courbure de ta colonne est parfaite, elle sillonne avec harmonie jusqu'à la commissure de ton fessier. J'hésite encore entre le côté pile de ta virilité ou la face cachée de ton intimité.

David rougissait encore et encore, il se demandait si tous les autres modèles avaient eu le droit aux mêmes attentions. Si c'était le cas, il n'y aurait eu que des femmes. Aurore, avait-elle été aussi directive ? Les avaient-elles déshabillées ou s'était-elle contenté de leur offrir leur plus beau reflet sur la toile. Il découvrait une facette inconnue de son amie. Il savait qu'elle avait gardé une part de mystère sur son côté artistique - elle lui en avait parlé mais sans se révéler. Était-ce pour d'autres raisons ? Pourquoi avait-elle changé d'avis ?

  • Je sais ce que tu penses mais je ne voulais pas t'effrayer. Tu te demandes pourquoi un homme là où j’aime à sublimer le corps de la femme. Pourquoi aujourd’hui je veux visualiser les formes masculines ? Pourquoi, je t’ai choisi toi plus qu’un autre ? Parce que c’est toi tout simplement, parce que derrière ta carapace se cache un mec bien. Je veux juste t’aider à t’ouvrir au monde et que celui-ci te découvre. Tu vois tes défauts, je ne les effacerai pas. Concentre-toi sur ma voix et laisse-moi te guider.

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