L'insoumise
Impuissante, je saisis la barre à contre cœur
Nauséeuse, de devoir autant me dévoiler.
Salaud, comment ai-je pu commettre une telle erreur ?
Offrir tout de moi sans pouvoir m’arrêter.
Un ultime baiser m’a-t-il quémandé, le voleur !
Maintes fois, j’aurais dû m’échapper.
Insoumise, je n’ai plus aucune peur.
Sûrement la dernière fois que j’y mettais les pieds.
Enfin je peux respirer loin de tous ces voyeurs.
Qu’est-ce qu’ils espèrent ? Que je vais m’abaisser à toutes leurs demandes. Cette soirée est pour moi une renaissance. J’ai lâché la barre, jeté l’intégralité de mon maigre costume.
Sur la scène, je me retrouve nue sans artifice. Ce geste provoque des râlements chez les hommes excités par le spectacle que je leur propose. Ils n’en demandaient pas tant, et se sentent privilégiés d’assister à une telle mise en scène.
Eux, pantins qui fantasment devant mes courbes si bien dessinées. Moi, libre, le rideau peut tomber. Des larmes s’échappent de mes grands yeux verts, lavant mon âme. Ce cabaret a voulu happer mon identité. Une dernière révérence, pied-de-nez à ces petits mecs frustrés, je peux les imaginer la langue pendante et la queue frétillante.
Je leur tire la langue, et leur envoie tout de même un baiser brûlant, juste pour que mon image reste gravée dans leur mémoire. Les laisser là, pantois, est jubilatoire. Moi l’insoumise, je leur tourne le dos, leur exposant mes fesses pour la dernière fois.
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