Il est midi, j'ouvre les yeux sur cette nouvelle vie qui m'attend. En quelques heures tout vient de changer, j'ai claqué la porte à mes errances nocturnes. Je peux passer à autre chose. Demain je m'inscris au Royal Ballet School j'ai assez économisé et les pourboires seront ainsi bien réinvestis.

Anna me rejoint pour un brunch entre filles dans un petit café au bord de la Tamise. Au loin, Big Ben sonne quinze heures. Je suis enfin libre, plus aucune obligation. Anna sourit à chaque fois que je lui relate la soirée. Elle regrette de ne pas avoir été là, à son regard j'imagine pourquoi.

Vers dix-sept heures, nous nous quittons. Au moment de nous dire au revoir, elle s'aventure à déposer un baiser sur ma bouche. Surprise, je reste là sans bouger, n’offrant aucune résistance. La chaleur de ses lèvres sur les miennes, mon corps se relâche. Est-ce que je lui ai donné un signe positif ? Je ne sais pas, en tout cas pas de façon consciente. Elle s'éloigne, et avant de disparaitre, m'envoie un dernier baiser.

Je pars macher un moment sur les quais, pour retrouver mes esprits. Est-ce qu'elle me plait finalement ? Dois-je lui laisser espérer plus qu'un baiser ? Je ne sais plus, c'est un beau brin de femme, elle ne m'a pas caché qu'un rencart, toutes les deux, ne lui déplairait pas. Et moi dans tout ça, je veux quoi ? Une vraie histoire d'amour? Un plan cul ? Ou les deux peut-être ?

Je déambule profitant de la douceur de l'été, quand un homme m'interpelle.

- Baiser Brûlant, tu fantasmes à voix haute ?

Je me retourne, qui a bien pu me suivre jusqu'ici et comment m'a-t-il reconnue ? Nicolas se tient devant moi, il me tend son portable. Je ne comprends pas ce qu'il attend. Ses yeux verts ont le même effet qu’hier, ils me font oublier un moment Anna. Il effleure ma main, j'échappe le téléphone. Je me précipite pour le ramasser et me confonds en excuses. Quelle idiote !

- Tout va bien ? me demande-t-il avec beaucoup de douceur. Après ce qui s'est passé cette nuit, je veux m'en assurer.

Le rouge monte à mes joues, cette fois le maquillage ne cachera en aucun cas l'effet qu'il a sur moi.

- Tu as un numéro de téléphone ? Pour discuter, si tu en ressens le besoin, n'hésite pas.

Dois-je me méfier ? Faut-il envisager qu'il ait quelque chose de précis derrière la tête ? Laisse-lui une chance, peut-être qu'il est différent de tous ces hommes qui ont croisé ta route. L'écran s'éclaire, il me dévoile un merveilleux paysage de montagne. Une fois le numéro entré, je le lui rends. Il me sourit avec tendresse.

- Maintenant de toute façon je n'ai plus rien à te cacher, hier je t'ai tout dévoilé.

- Ne t'en fais pas, je ne me trouvais pas dans la salle à ce moment-là, le boss m'avait envoyé faire une course. Quand je suis revenu, tu avais déjà disparu. Je ne te dis pas le bazar que tu as laissé derrière toi. Mon sujet d'étude s'en est trouvé bien largement agrémenté. Je t'en remercie.

- Ravie d'avoir pu t'aider.

Nicolas fait mine de s'en aller. Dommage, qu’il soit pressé. Il doit sûrement rejoindre le cabaret. Et pour la deuxième fois dans le même après midi, ma bouche se trouve au cœur des débats. Ses lèvres sont si douces, je ne me sens pas de les lui abandonner. Mon corps vibre de part et d’autre, je le laisse prendre le contrôle de moi.

À son tour Nicolas s'éloigne et se retourne pour m'envoyer un baiser.

Nymphe de leur désir partagé,

Ils se sont de mon corps emparés,

Convoitant mes lèvres humectées.

Oscillant de ma bouche à ma douce féminité.

Langoureuse ma langue avide de leurs baisers.

Attirées, mes mains se font plus pressées

Souhait d'une nuit de plaisir libérés.

Amusée, notre appétit est décuplé.

Noués les uns aux autres, je suis charmée.

Nos baisers nous unissent, enlacés.

Amour à trois dans cette nuit d'été ?