À table

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Céléna pénétra dans le studio de Mike. Gaspard passa entre les jambes de son maître, le chat voulait toute son attention. Une fois la caresse obtenue, il renifla les chaussures de l’intruse. Le jeune homme fut surpris de voir son matou sympathiser aussi aisément avec une étrangère. Jusqu’à présent, il les avait toutes fuies. L’animal ne réapparaissait que lorsque la belle d’un soir repartait. Pour l’heure, il était toujours présent dans les pattes et semblait même s'y plaire. Fallait-il y voir un signe ?

  • Tu sais que tu es la première qu’il adopte dès qu’elle franchit la porte.
  • Pourquoi ? Les madeleines sont tes péchés mignons ? dit Céléna avec un sourire en coin.
  • Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, répondit Mike gêné.
  • Allez, laisse tomber, tu n’as aucun compte à me rendre. Ton biscuit à la cuillère doit être savoureux. En attendant, offre-moi plutôt un truc à boire, ajouta Céléna tout en prenant Gaspard dans ses bras.

Mike était stupéfait, le minou blotti contre sa poitrine ronronnait. Il en était jaloux.

  • Un jus de fruit, ça te va ? Je n’ai pas fait de courses. Je ne pensais pas devoir me mettre derrière un fourneau ce soir.
  • Monsieur cuisine, j’ai une chance folle.
  • Enfin là, cela ne sera que des bricoles. Je suis parti une semaine, le frigo crie famine, pas de veine.
  • Va pour ton verre de jus de raisin. Je préfère les grappes à la pulpe. Je connais une bien meilleure façon de se rassasier. Pas besoin de fouiller les placards, ni d’ouvrir les tiroirs. J’ai une idée bien plus sympa pour ce soir.

Mike l’observait, il n’en croyait pas ses yeux. La proposition était des plus claires, il lui faudrait se montrer à la hauteur pour la satisfaire.

  • Par où veux-tu commencer ? L’entrée ou le dessert ? proposa-t-il l’air de rien.
  • Le plat principal est-il copieux ? répondit-elle pour entrer dans son jeu.
  • Je pourrais même te dire qu’il fait des envieux, répondit Mike serein.
  • Alors passons à table, il ne faudrait pas qu’il refroidisse.
  • Aucun risque, il est bien au chaud attendant le service.

Céléna posa délicatement le chat dans son panier qui râla d’être ainsi abandonné. Elle lui offrit une dernière caresse avant de s’installer sur le tabouret de bar. Mike se tenait face à elle, il ne pouvait la quitter du regard. Dans ses mains, le liquide ambré jouait contre les parois du verre. Elle, de son côté, faisait chanter sa coupe avec son index, le pervers. Cette vision fit frissonner l’hôte, il imaginait déjà ce doigt esquissant ses lèvres. Il ne put résister à cette pensée et passa sa langue sur leurs contours.

  • Méfie-toi, cet amuse-bouche je le picorerais avec gourmandise, dit Céléna en se mordillant le bord des lèvres.
  • Si tu continues à me mettre l’eau à la bouche, je ne pourrai plus résister et je vais m’empresser de te feuilleter sans faim et pétrir tes miches avec mes mains.
  • Roohh et moi, j’adorerais déballer ta friandise, je m’en lèche d’avance les babines. Je suis conquise.

Ils se regardèrent et éclatèrent de rire, leurs joues devinrent rouges, la température s’élevait dangereusement dans la pièce.

  • Un peu de glace dans ton jus ? demanda Mike sans hésitation.
  • Pourquoi pas, j’adore les frissons qu’ils procurent.

Céléna porta le glaçon à sa bouche. Il lui échappa et glissa dans son décolleté sous le regard amusé du jeune homme.

  • Quelle maladroite, je suis, s’empressa-t-elle de dire en essayant de le rattraper.
  • Je peux le déloger, le hacher menu, proposa Mike en bon chevalier servant qu’il était.

Il avait suivi le malotru dans sa chute et appréciait de voir les deux tétons de la belle se dresser. Un vrai succès.

  • Je pense que c’est trop tard, il vient de fondre de plaisir dans ma profonde vallée.
  • Comme je le comprends, je bous d'en faire tout autant, murmura Mike.

Il s’empressa d’avaler le fond de son verre pour déglacer ses pensées. Céléna avait l’art et la manière de le faire mijoter. Il appréciait avec délicatesse cette entrée en matière, lui le fin gourmet. Elle pimentait la soirée avec grâce, la coquine épiçait la conversation avec sensualité. Si son ordinateur avait été à portée de main, l’auteur se serait empressé d’extraire avec subtilité ce premier échange et en écrire mille feuilles. La belle remuait tous ses sens, il ne savait pas combien de temps il pourrait tenir. Devait-il mettre le couvert ? Abaisser la garde, pour ressentir les premiers effets acidulés. Chaque parcelle de son corps était sur le point de flamber. Encore une allusion et il était grillé.

Il ne la connaissait vraiment qu’au travers de leurs échanges sur la plateforme. Derrière l’écran, il frémissait dès qu’elle soupoudrait ses textes de commentaires sucrés salés. Dans sa cuisine, ce soir la réalité prenait une autre saveur. Céléna le faisait mariner, quel bonheur. Que lui réservait-elle ? Allait-elle se contenter de le déguster des yeux ?

  • Te mets pas la rate au court-bouillon, le buffet est ouvert, suis-moi il est temps de profiter du canapé. Je te vois loucher dessus depuis un petit moment. Et je serai heureuse d’en apprécier la douceur, mes pieds sont en compote.

Les événements s’accélérèrent, Céléna l’attira contre sa poitrine et le poussa sur le sofa. À califourchon, elle s’installa sur les cuisses du beau cuistot. L’apéro était consommé, il était temps d’apprécier le plat de résistance et ses garnitures. Les savourer les unes après les autres. Ses mains se frayèrent un chemin sous la chemise pour découvrir la chaleur émanant de son torse. Elle malaxa ses tétons puis laissa paresser sa paume le long de son ventre. Lorsqu’elle arriva à hauteur de l’objet de toutes ses convoitises, le fruit défendu, elle s’y attarda longuement. Elle prodigua des va-et-vient lents et intenses. Céléna avala le bonbon. Son palais se goinfrait de cette fabuleuse sucrerie. Mike vibrait sous les coups de sa langue insatiable.

  • Quel appétit ! lâcha-t-il dans un râle de plaisir.
  • Tu oses me demander de parler la bouche pleine. Veux-tu que je sois impolie ?
  • Je pourrais toujours sortir mon fouet si nécessaire.
  • Monsieur est friand, il veut saler les ébats.
  • Madame, ferait-elle la fine bouche ?
  • Attends que je fasse de toi mon quatre-heure et tu en redemanderas petit goinfre.
  • Pour l’heure la plus gloutonne, c’est toi.

Céléna reprit là où elle en était restée, ne voulant pas laisser retomber le soufflé. Tout en elle réclamait une dernière douceur. Elle enroba le met exquis de ses lèvres rouge framboise et d’une bouchée se gava du nectar.

  • La prochaine fois c’est moi qui régale, dit Mike en prenant dans ses bras sa délicieuse confiserie.

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