Les propos de ce chapitre sont en lien avec l'histoire raconté. Merci de prendre note de cela, lorsque vous lierez. L'un des personnages est un manipulateur.

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Le bruissement d’un habit de peau qu’on remet interpella Frizure qui observa la tente d’un œil discret. Dans son palais composé de miroir, elle pouvait bien s’éclipser et n’entendre du monde qu’un lointain murmure fouetté par le vent de sa prison.

Ainsi quand elle vit un homme se rhabiller et qu’elle découvrit le visage pétrifier de son sauveur, elle comprit le pouvoir qu’elle aurait sur lui. La vengeance d’Azur n’était pas qu’un mot balancé en l’air et piétiné à la première occasion. Il y avait une matière collante, d’un noir écœurant qui jalonnait l’esprit du garçon. La vie s’était amusé d’une bien laide façon avec lui, et Frizure saurait en prendre profit.

L’homme embrassa le front transpirant d’Azur et le recouvrit des draps de peaux sans mot dire. Seul un sourire carnassier étirait ses lèvres sans couleur.

Esseulés, l’entité et le jeune homme restèrent silencieux. L’un imaginant le déroulement de la nuit, l’autre cherchant à revenir dans son corps.

— Vient-il souvent te visiter, Azur ? murmura Frizure.

Le souffleur ferma la bouche et réussit à tourner la tête vers la bouche pulpeuse de la prisonnière.

— Souvent… ? Plutôt quand il veut. Quand les filles de la tribu ne lui conviennent plus. Je ne compte plus fois où il vient. J’essaie de faire le mort, le temps qu’il commence et qu’il termine.

— Ce sera là, un bon exercice, chuchota-t-elle, sous le regard attentif du garçon.

— Explique-toi. Je ne saisis pas. Parle-tu, de le tuer ? J’aimerais pouvoir le faire.

— Tuer ? Tu n’as pas le cœur pour tuer. Il faut lui donner le souffle du tueur. Tu n’es aujourd’hui, qu’une victime. Une victime en métamorphose. Subit encore. Endure. Ressens tout et avale-le, pose ta haine à petit dose dans ton cœur. Il se teintera de noir et toi, tu apprendras à durcir plus que ton âme.

Azur voulu se redresser, mais il n’y parvient pas décharger de son énergie.

— Je subis depuis que j’ai sept ans, dit-il entre ses dents.

— Et regarde-toi. Tu n’as même pas la force de te redresse et de crier. Ça… ce qu’il te fait. Prends son énergie, prends sa perversité, prends toute l’horreur dont il fait et change là en force. Chaque fois qu’il reviendra, je veux te voir te lever et que tu t’en gaillardise. Jusqu’à dire non.

— J’ai dit, des milliers de fois. Ça n’a rien changer.

— Ça changera quelque chose en toi… crois-moi. Ton corps finira par se durcir et par ce sauver de lui-même.

— Fuir ? Je veux le tuer, moi.

— Pas avec un cœur si fragile. Tuer n’est pas qu’un mot, c’est un principe, c’est une façon de vivre. Tu veux souffrir de la culpabilité ? Voilà ce qu’est de tuer avec un cœur chaud, encore juvénile. Laisse-moi le modeler, laisse-moi te sauver à mon tour.

— Est-ce me sauver que de me donner en pâture à mon oncle ?

— Crois-tu qu’il sera le seul que tu pourras tuer, si tu te mets à m’écouter ? La route est longue Azur, elle est cruelle. Tu dis vouloir assassiner une reine, reprendre le pouvoir, ton titre… Il faut apprendre la cruauté pour s’élever à tuer. Il faut souffrir de mille poisons pour ne plus ressentir son cœur. Voilà ce qu’est la véritable vengeance, petit.

Azur fixa les lèvres de la femme et s’abreuva de cette vérité qu’elle lui révélait. Avait-elle tort ?

Sa main alla caresser la surface du miroir qui semble frémir sous ses doigts.

— Alors, s’il faut ça. Qu’il en soit ainsi. Mais je veux mes vengeances que l’on soit bien clair, toi et moi.

— Tu les auras en temps et en heure, mon cher.

Dans un geste de fatigue, Azur tira la couverture de peau et s’en recouvrit le corps. Il plongea le miroir dans le noir et y posa son visage.

— Frizure, murmura-t-il. J’attends beaucoup de notre pacte. Car, c’en est un.

— Ne t’en fais de rien. Je te propulserai au sommet…