Futurs aventuriers ou futurs boulets ? (1/3)
Les nouveaux membres de l'équipe furent présentés à tour de rôle au magicien, ils purent même s'entretenir en tête avec ce dernier afin de régler les détails encore flous à propos de la quête annoncée. La plupart de leur question tournait autour du paiement, bien évidemment. Pour quoi d'autre risqueraient-ils leur vie, sinon ?
Le premier, ou celui qui s'était désigné " Premier arrivant premier servi " grâce à la règle du Preums, répondait au surnom Grands-Pieds. Pour sûr qu'ils étaient grands, des palmes pour être plus juste. Deux mètres de haut, taillé à la dure, cicatrices nombreuses et fièrement exhibées. Ses cheveux blonds aux reflets roux lui retombaient sur sa face déformée par une grimace, continuellement énervée. Ses yeux bleus foncés luisaient d'une lueur de folie et son regard perçait celui ou celle qu'il regardait. Il ne s'exprimait pas plus que de raison, la plupart de ses répliques se résumant à des grognements agressifs. Des tatouages symboliques et runiques grignotaient la moindre parcelle de son bras droit jusqu'au milieu du torse. Son buste en cuir et en acier semblait avoir parfaitement été découpé afin de laisser à la vue de tous ce bras pourvu de muscles saillants et de tatouages aiguillant sur ses origines nordiques.
Grands-Pieds frappa le sol de ses bottes en acier, emboîtant le pas du magicien alors que celui-ci rejoignait son bureau improvisé. Le géant nordique s'affaissa le dos afin de ne point se cogner la tête à l'entrée de l'auberge. Le panneau pendant de cette dernière avait suffisamment marquée la peau pâle sur son front d'une jolie teinte rosée. Ils s’assaillirent tout deux dans un silence absolu que seuls les cliquetis des bracelets et des chaînes d'argent dérangeaient. Le magicien semblait l'observer minutieusement. Sous ses épais sourcils noirs, il scrutait l'attitude, l'armure et même la grimace qu'arborait son invité. Une moue déforma son visage avant qu'il ne prenne la parole.
— Votre nom et prénom ? Complets, exigea-t-il, mains jointes sous le menton.
Aucune réponse, seulement deux iris inquiétants au regard fixe. Olgeirth réitéra la question, en vain. L'évidence le frappa de fouet.
— Vous ne parlez pas notre langue ? grogna-t-il, à peine contenu.
Encore un silence. Il quitta soudainement son siège avant de se diriger vers la sortie, Grands-pieds bientôt sur les talents.
— Bande d'abrutis ! Vous avez engagé un mercenaire dont « Preums » constitue l'unique connaissance de notre langue ! Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans votre cervelle ?
Adan et Delhass se jetèrent un regard entendu.
— Maître Olgeirth, cette personne est accompagnée d'une traductrice. Elle devrait d'jà être là...
— Je n'ai pas de temps à perdre avec ces sottises ! marmonna-t-il, tournant déjà les talents.
— C'est un Bërzgherker, lâcha Adan dans un souffle nonchalant.
Jolie trouvaille ! s'exclama-t-il intérieurement.
Sacré joyaux. Une rareté de nos jours... Mais il lui était hors de question de s’humilier publiquement, et encore moins de les remercier. Il s'agissait après tout de leur devoir, le travail qui leur incombait. Sans s'en rendre compte, il avait brutalement interrompu son départ à la simple évocation de ce mot : Bërzgherker, guerrier-mage, guerrier-nordique, instrument de la mort, gardien de l'au-delà, guerrier sanguin... Tellement d'appellations et de définitions différentes avec un point en commun : le combattant. Résistant à la magie même la plus ancestrale, fier et combattant jusqu'à la mort, une rareté prisée qui s’emboîtait parfaitement dans cette entreprise future. Enfin, il devait d'abord s'assurer de la vérité de leur propos...
Il quitta brutalement ses pensées avant de revenir à la réalité, de nombreux regards le fixaient avec intérêt. Suspendus à ses lèvres, ils attendirent qu'il s'exprime. Il s'éclaircit la gorge avant de reporter son regard vers ses seconds.
— En attendant, je passe au suivant. Faites moi signe quand elle sera de retour.
Alors que le magicien tentait de rejoindre à nouveau ses quartiers suivis d'une jeune sorcière, Grands-Pieds s'interposa en gonflant le buste, leur barrant le chemin. Il frappa sa poitrine de son poing violemment avant de crier sans cesse d'une voix grave et rauque :
— PREUMS !
Annotations
Versions