Une dernière halte, et nous y sommes...

L'unique pensée qui traversait l'esprit d'Olgeirth à cet instant, alors qu'il regardait le soleil se coucher. Un frisson lui parcourut l'échine alors qu'il voyait la lune disparaître derrière d'épais et sombres nuages. Il avait un mauvais pressentiment. Le ciel était si noir, dénué d'étoiles. Les nuages n'arrangeaient rien à son obscurité, emprisonnant les faibles rayons de l'astre. La forêt de Broscyliande, pourtant si animée et luxuriante, était silencieuse cette nuit. Quelque chose cloche.
Le magicien jeta une œillade plus que significative à Adan, à l'autre bout du feu de camp. Ce dernier, alors qu'il suivait les pas d'Olgeirth à distance raisonnable, interpella l'Elfe sur son passage.

— On a un sérieux problème.

— Quoi ? Ils s'en sont prit à vous ? s'emporta aussitôt Delhass, écarquillant les yeux.

— Qui, donc ? demanda le magicien, surpris.

— Beh la tête de nœud, là. Ser Klair, de mon cul, lui et ses bâtards.

— Ils ne m'inspiraient pas confiance, non plus. Et on dirait que nous ne sommes pas les seuls..., marmonna le magicien, tout à coup pris de spasmes.

— Vous... vous avez peur ? Impossible, lança Adan, qui rit jaune cette fois. Qu'est-ce que vous avez encore fait ?

Le magicien secoua la tête, ses jambes martelant nerveusement le sol. Il décida de faire les cents pas.

— Je... Hum... Il y a une décennie, j'ai... J'avais déjà entendu parler de cette fameuse cité. A l'époque, j'étais accompagnée d'une trentaine de Maître magiciens... A l'origine, ce n'était pas mon idée ni ma découverte. Nous étions partis, si enthousiastes et si impatients, à la recherche de cité aux pouvoirs infinis...

— Ca ne s'est pas bien terminé, je suppose..., ajouta Delhass, en baissant les yeux.

— Quelle perspicacité, le rabroua Adan.

— Nous faisions le tour du monde, arpentions des contrées lointaines à la recherche d'une puissante source... C'est grâce à ces périples que j'ai pu inventé tant d'artefacts et que j'ai fait ces grandes découvertes. En vérité, je n'étais pas seul, j'étais même soutenu par des amis d'enfance... aujourd'hui morts. Par moment, je m'en veux de leur avoir survécu, vous savez. Je me demande si ça valait la peine de poursuivre cette quête, simplement pour survivre.

— Mais qu'est-ce que vous racontez ? l'enguirlanda l'Elfe, sérieusement secoué par ses sombres paroles.

— Cette existence que je mène...Je suis maudit, Delhass. Ils vont apparaître, bientôt et faucheront tous les malheureux sur leur passage, simplement parce qu'une troupe à fomenter pour m'abattre. Ils ont fait de moi leur talisman, ont marqué ma chair... Le dernier voyage que nous avions partagé avec mes chers amis s'était achevé dans le sang et la cendre. Nous étions tombés sur un tombeau ancestral, une crypte plutôt... Ils étaient si nombreux. Ils s'étaient jouer de notre esprit, s'amusaient à nous torturer, à nous massacrer les uns les autres... Nous avions cru nous défendre contre des esprits mais... Ils étaient tout autre.

— Des djinns..., soupira lourdement Adan.

— Je pensais qu'ils n'existaient pas ! Qu'ils n'étaient qu'un moyen de dissuasion pour les pillards... Pour... pourquoi nous parler d'eux aujourd'hui ? Pourquoi avoir porté ce fardeau seul ?

— Un talisman vivant est ce qu'il y a de plus nourrissant comme source de pouvoir, et de portail en cas de besoin... C'est une telle denrée rare que lorsqu'il est créé, ils le défendent bec et ongles. Au moindre danger, ils apparaissent et massacrent tout, laissant leur hôte comme unique survivant.

— C'est de la folie ! Vous avez essayé de vous en défaire ? exigea Adan, alors qu'il regardait du coin de l’œil.

— Non, j'adore l'état dans lequel je suis, bien évidement ! Bien sur que oui, abruti. A ton avis, pourquoi je poursuis ma quête à la Cité Blanche. Elle est l'unique source de magie connue assez puissante qui pourrait me débarrasser de leur influence !

— On y arrivera jamais... Les mercenaires vont sans doute s'en prendre à nous cette nuit, dit Delhass en fronçant les sourcils.

— Ça, ça m'étonnerait ! Olgeirth est le seul à pouvoir détecter la source. Sans oublier que la cité est maudite.

— Tu oublies qu'il n'est pas le seul à détenir la magie ! On a une congrégation de sorcière dans le coin, sans parler de la naine et de son géant ! répliqua l'Elfe, au tac au tac.

Adan dut se rendre à l'évidence, Delhass avait raison. Et si ils s'étaient alliés ? Ça n'avait rien d'improbable.

— En tout cas, rester ici est le meilleur moyen de leur permettre de peaufiner leur complot contre nous ! répondit-il, un pli sur le front.

— Nous devons faire partir, ça va de soi ! annonça l'Elfe.

— Mais on a besoin d'une sorcière au minimum ! Et de guerriers en cas de surprises !

— La naine et son Grands-Pieds, ils nous accompagnent d'office. Valence nous suivra avec les autres, il nous faut une sorcière qui ne serait pas corrompue...

— Ça s'annonce légèrement difficile ! Lança le magicien, clôturant ainsi la discussion.

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