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Ce hameau futuro-médiéval s'égosille en chants joviaux couverts par la fanfare de cornemuses électriques, de thérémorgues et de vielles amplifiées. Une file de chars dépareillés défile devant un Milo béant, quand le leu de la queue leu leu se prend de sympathie pour ce petit être égaré et l'invite à monter, lui et son stalker robotisé. Aveuglé par les couleurs bruyantes, il faut une minute à notre héros pour se situer. Les coups de hanche de Gigolion, ça, il connaît. Le joueur de clavecinthétiseur à ses côtés, pourquoi pas. Les drapeaux qui changent de couleur au rythme du vacarme, passe encore.
Il s'accorde un sourire fier : quel aventurier ! Comme il se fait à sa nouvelle existence abracadabrante !
Le char d'en face, au drapeau vaguement sino-wisigoth, expose sa plus fière tradition : le tabassage de peluches d'iguanodons scientifiquement discutables, en l'honneur de Sainte Radabaga, mère de famille en forme de brocoli – sculptée dans un brocoli – aux cheveux rouges, à la peau bleue et aux yeux jaunes.
Milo retient un anévrisme, mais tout va bien. Absolument, oui, parfaitement. Circulez, rien à voir : tout. va. bien.
Un coup de coccyx bien placé le ramène à la réalité. Le jeune ex-vice-capitaine visse un œil exaspéré sur son ennemi juré et, d'un geste leste, précis et mécanique, le pousse du char sans plus un regard. Son monde reprend aussitôt des couleurs, et il s'étonne de profiter des festivités.
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