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Vous venez mangez chez nous, ce soir ?

— Hein ? Quoi ? Euuh... Oh bah oui, pourquoi pas !

Son estomac gronde derechef, réveillé par un mot-clé surpuissant.

Vous parlez super bien la langue !

— Le français ? Euh... oui, c'est vrai.

— Pas le moindre accent ! Vous avez appris où ?

— Chez... chez moi ?

— Vous avez des parents clamidiens ? On ne dirait pas !

— Euh, en effet. Je ne dirais pas non plus.

La troupe fardée lui secoue la pince sitôt le char garé.

C'est vrai que vous avez des faux-airs du surd-oëst. (Groänadine s'essuie les pieds devant l'auberge et ouvre la porte.) En plissant les yeux comme ça, en penchant la tête comme ça, et en la tournant comme ça.

— J'avais un oncle qui vous ressemblait un peu. (Qidoärdine s'incline devant l'hôte, qui lui rend un salut courtois.) Mais il avait attrapé la blanchite.

— En tout cas, puisque vous venez de Clamide, vous êtes obligé de dîner avec nous ! (Daöndine mène la marche vers leur chambre.) Hein, Groänadine ?

— C'est la Sainte Radabaga en plus ! (Saördine ouvre les rideaux d'un geste dramatique.) Il faut pas fêter ça tout seul, c'est mauvais pour le moral.

— Allez, asseyez-vous, faites comme chez vous.

Elle allume l'âtradiateur, et Milo profite de la chaleur. Il lui plaît, cet endroit douillet. Il observe les flammes danser sur les murs couverts de drapeaux quasi camerounais. On retire cotte de maille et répulsif anti-problème-de-taille-et-monstre-à-écaille avant de lui servir la célèbre potée locale, et notre aventurier se régale.

C'est bon, hein ? Saördine a fait sa fameuse tarte à l'avatar !

Milo s'étouffe avec sa salive et son optimisme.

*Kof kof* Sa tarte à quoi ?

— À l'avatar. Vos parents ne vous ont jamais fait goûter ?

— Euh non, mes parents ne sont pas camerounais.

— « Camerounais » ? C'est une branche de la secte officielle ?

— Quoi ? Euh... Cette tarte, ici... Quand vous dites « à l'avatar », vous voulez dire « à l'avatar », ou « ààà l'avataaar » ?

Les cils de ses hôtes papillonnent ; de quoi générer de sévères tornades un ou deux effets chaotiques plus loin.

C'est une tarte à l'avatar.

— Avec de l'avatar dedans ?

— Saördine ! crie Daöndine vers la cuisine, tu mets quoi dans ta tarte ? De la vatare ?

Une tête interpellée point par l'entrebâillement.

Rissolé de rhubarbe et de rutabaga, purée de pourpier, marmelade de margose, bouillie de bunia, jus de jujube et compotée de curcuma. Ah, un navet aussi. Avec de la guimauve.

Daöndine hausse les épaules.

La recette habituelle, quoi.

— Hmmmmmmm... marmonne Milo qui se ressert. Je vous fais confiance pour cette fois, même si j'ai pas compris tous les ingrédients.

Qidoärdine se gausse dans sa part, laquelle lui entre un peu dans le nez,

Ils sont vraiment tapés, les habitants du surd-oëst.

                                  et se mouche dans sa chaussette nasale.

Une nouille orange et bleue gigote dans le champ de vision de notre protagoniste protestataire, comme pour jouer les post-its mous et longilignes.

Oh, mais oui ! Est-ce que vous avez une fusée ? Pour aller sur la Lune ? J'en ai pas pour long, je vous la rends vite vite !

— Une fusée ? Hi hi hi, vous êtes drôle !

— Ah non, je n'ai aucun humour.

— C'est triste.

— C'est super triste.

— C'est grave triste, ce que vous dites.

— Oui, bon, hein.

Une minute de silence s'écoule entre les grignotements de la tarte et les ronflements de l'âtradiateur.

Et donc, euh... Vous savez où trouver une fusée ?

— Bien sûr, à l'écurentrepôt.

— Ahein.

— Venez, on va vous montrer. Vous avez votre repousse-raptor ?

— Mon...?

— Le pschitt-pschitt.

— Ah ! Non.

— Ah ? Et vous ne portez pas d'armure non plus. Vous n'avez pas peur ?

— Quels étranges énergumènes, les habitants du surd-oëst.

— Braves ou insensés ?

— Un peu des deux, je dirais.

La procession procède vers l'entrée, enchaîne les allées de chênes aux fanalogènes, gravit les marches de l'arche aux strobotorches, s'attelle aux ruelles éclairées aux chanDEL, se fond dans les fortifications sous les lanternéons, et vole un escabeau aux tombeaux de bobos à fluo-flambeau.

Qidoärdine, spray en main, entrouvre la porte et jette un œil vigilant dans le grangegar. Point de dinosaure, alors il cliquette vers la fusée à louer, passe son parchemin de crédit sur le scanner du guichet, et nos amis embarquent à bord du glorieux véhicule de bois. Dans un fracas de fumée d'ergol, la fusée s'envole.

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