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Corduvac ? T'étais aux toilettes avec Bardan ?

— Hein ? Quoi ? Non ! Bardan est...? Je l'ai pas vu.

Ruleck s'accroche aux bretelles de sa combi pour ne pas tanguer.

Quoi ? Mais alors... Le chasseur l'a éjecté ?!

— Quel chasseur ?

— Celui qui tire la chasse ! Il l'a jeté dans l'espace ! Oh non... Bardan...

Une cascade étouffée retentit, suivi d'une chute de pierres dans la boue, puis d'une succion spatiale. La porte s'ouvre sur l'imposante figure bardanienne toute maculée de la sueur de l'effort sans réconfort, précédée d'un nuage de nourriture authentiquement recyclée.

Ruleck lâche un soupir rasséréné, oubliant même de demander comment Milo a bien pu le manquer.

Une fois le géant nauséabond distancé, des bruits retentissent depuis le sas d'entrée. Louboutou active le scan actif (on dit aussi « jette un œil par le judas ») et annonce le verdict :

Ça va, c'est un cambrioleur.

Milo retient un cri.

Un camb... Dans l'espace ? On est bien dans l'espace, hein ?

— Oui, bah tu veux quoi ? Qu'ils nous cambriolent sur terre, là où il fait jour ? Où tout le monde peut les voir ?

— Mais...

Spara, muettement arrivée, lève une main pour faire taire ses employés.

Ruleck, appelle la corpolice.

La pilote cherche son pouce dans sa poche et active le combiné épidermique dans lequel du heavy metal d’ascendeur retentit pour faire patienter les citoyens persécutés.

Deux singles plus tard, la ligne ne répond toujours pas.

Hm, fait Spara. Essaie J. Raff, alors.

Ruleck s'exécute ; le combiné décroche aussitôt.

— Rëmb Ruleck ! Ça fait une paye ! Vous êtes pas encore morts ?

— Ça devrait pas tarder : on a un type louche qu'essaie d'infractionner.

Pas de souci, je vous envoie Bilus Daie, il va vous le cogner.

— Cimer, vieux frère.

No souçaï, les canailles. Au fait, vous savez ce qu'il veut ?

— Non, c'est pas déconseillé ?

Plus depuis la circulaire de 102. Allez-y, demandez-lui.

Milo lève un doigt hésitant pour protester mais se dit qu'après tout, il n'y connaît rien à cette société farfelue. Il se ravise, et laisse Louboutou entrebâiller la porte d'entrée.

Bonjour, c'est pour...

Un coup de rallonge électrique le coupe.

— PFFFRRRT ! Vous m'avez vraiment cru ! HAHAHA !

Pas le temps de semoncer J. Raff – ni le robot qui se fait l'écho de son rire gras – que le malfaiteur dégaine une neutronçonneuse ; l'équipage se tire en hurlant.

Mais ! s'indigne Bardan. C'est pas un cambrioleur ! C'est un tueur à gages !

Milo s'étouffe sur sa salive sèche voire calcaire ; Bardan se racle la gorge profonde.

Tss. Ça, c'est parce que t'es à découvert, mon vieux Cordu. Fallait économiser.

— Mais j'ai même pas de compte, ici !

— B1en 5ûr qu3 s1, 7'as lai5sé traîn3r t0n ADN p4rtout.

Notre dimension-trotteur ouvre la bouche pour protester, mais l'assassin ravi de raconter sa vie le coupe.

Connaissez-vous notre sauveur et maître Glogblorg ?

— 'Tain, râle Bardan. Je suis maudit du cul.

— Et moi, alors ? gémit Milo.

La troupe tourmentée, sans s'être concertée, part vers le hangar et se jette sur la navette, qui décolle avec un bruit de castagnettes.

Le meurtrier plisse des yeux ténébreux et les regarde s'éloigner.

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