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— Tu vaux n’importe quel Avenger à mon avis, cape ou pas cape.
— Cap’ de quoi ? Moi, je suis cap’ de tout !
— C’est pas la question, Bardan.
— C’est quoi la question ? Vous insinuez que j’ai pas compris la question ?
— Non, mais y’a pas...
À l’approche de l’holopital, le turbolide tousse et hoquette jusqu’à l’arrêt complet.
— Que se passe-t-il ? Votre véhicule est usagé ?
— Nan, z’inquiétez pas. Milo cale des trucs, des fois.
— Quoi ?! Mais… Non mais vraiment, cette fois j’ai rien fait ! Enfin, je crois…
Bardan éjecte du 4x4L le passager homicide de passage qui, si l’on tend l’oreille, s’écrase au travers d’une fenêtre fermée droit dans la chambre escomptée. Le moustachodonte s’extirpe à son tour d’un bond de volcangourou à ressorts sur un trampoline élastique au carré.
— Louboutou y va nous réparer ça le temps que Spara lise son journal, hein ? Et avant que Corduvac s’impatiente ?
Milo proteste muettement, choqué-déçu mais résigné. L’ingénieur acquiesce, distrait.
— Louboutou ? Chatou ? Allô ?
— Hm...? Ah, je pensais aux bébés. C’est encore mignon, à cet âge-là. Ça ne commet pas encore de fashion faux pas.
Louboutou biberonne déjà en pensées ; il se balance de droite à gauche, bras croisés.
Quand le tueur revient chargé de ses colis humains, Louboutou chatouille un joint, Milo calibre un siège et Ruleck s’y cale, fort aise.
— Ah bah, dit-elle avec une verve inhabituelle.
— Mais ! barytonne Bardan.
— Comment... gémit Milo.
Louboutou, quant à lui, baisse ses bras non plus croisés, mais ballants et brinquebalants. Car les bébés qu’il attendait : ils sont adultes, et bien plus poilus que lui.
— Pff… En plus ils s’habillent n’importe comment. Mélanger du jaune canari avec de l’améthyste, c’est vraiment un truc de débutant.
L’assassin esquisse une courbette et tend un bras tendu tel un coutelas vers ses deux protégés :
— J’ai l’insigne honneur de vous présenter Diablotin du 46,5.
Parmi les salutations cordiales, notre visiteur temporalo-décalé tangue d’un pied sur l’autre et balbutie des bêtises :
— Euh… Et l’autre ?
— Comment ça, « l’autre » ?
— Ben... le deuxième jumeau ?
— Oui, quoi ?
— Eh bien… il a pas de prénom ?
— Le monsieur vient de te le présenter.
— Oui… mais l’autre…
— L’autre quoi ?
— Mais… Vous voyez bien des jumeaux comme moi, hein…?
— Il nous prend pour des cons en plus, le Cordu !
— Non, non… J’ai juste… J’ai encore rien compris.
Il pleurniche et renifle, mais Bardan roule des yeux et des pelles mécaniques.
— Ils sont jumeaux, Corduvac ! Qu’est-ce que tu comprends pas, à la fin ?
— Le premier s’appelle… Diabolo…? Viiiingt…? Bref, et le deuxième ?
— Non, le premier s’appelle pas.
— Ah bon ?!
— Bien sûr ! Le deuxième non plus.
Le dimension-trotteur porte une main à son cœur, chagriné pour ces (grands) enfants non désirés.
— Mais donc, Diavolin…
— Diablotin du 46,5, c’est la paire de jumeaux.
— Ah bon ? On peut pas les appeler séparément ?
— Pour quoi faire ?
— Mais… Oh, et puis zut.
— La prochaine à drauche, coupe l’assassin à l’intention de Ruleck.
La trombomobile trace et se gare à la gare, sous un hangar ringard aux cigares bulgares épars.
Le meurtrier, flanqué de ses protégés, brandit un compapier pour se repérer.
— Ici ! exulte-t-il devant un pavillourte.
L’équipe de tracassés toque à l’entrée au doux fumet de tourte au yaourt, mais aussi de rhum orangé triple-arrangé.
Pas de réponse.
Le meurtrier délibère intérieurement : s’inquiéter, ou ne pas s’inquiéter ? Comment se fera-t-il payer ?
— Ah ! remarque Ruleck.
— Hm, acquiesce Spara.
— Hm-hm, confirme Louboutou.
— Erf, râle Bardan.
Les jumeaux tapent du pied en cadence.
— Une porte auto-manuelle, traduit l’assassin. C’est à nous de l’ouvrir.
À ces mots, il presse la poignée et pénètre l’entrée.
— Laissez-la entrebâillée, parce que je ne vois pas la télécommande pour la fermer.
L’équipe se faufile et se tasse mais Milo, en fin de file après inspection de l’imperméabilité dimensionnelle de l’accès et un coup de répulsif pour la forme, lâche la cloison qui échoue à se clore.
— Aaah ! J'avais dit attention ! gronde l’assassin, plus prompt à déterrer la hache de guerre qu'un nécrophile ses proies.
— Mais… Mais ça ne change rien… non ?
L’ampoule du couloir s’allume sur la tête du tueur à gages, qui tourne des yeux de merle en frite vers l’équipe :
— J’ignorais que vous aussi meniez une mission d’escorte. Je suis navré, vous m’avez l’air bien mal tombés avec l’objet de votre contrat.
Un pouce désolé pointe le tempo-touriste paumé. Milo proteste,
— Mais… je… enfin… quand même… hein !
avec son éloquence accoutumée.
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