— Mme Macqueloque ?

La voix acérée se meurt dans les couloirs tamisés.

— Mme Rodred Macqueloque ? Vous êtes là ?

Au fond de la maison, une ombre désarticulée frissonne ; se meut. Se lève. Elle amorce une déambulation enivrée sur un seul pied ; l’autre n’est pas très marin.

L’assassin resserre sa chakravate, illustre insigne de l’ordre des tourne-navets de la confrérie des Tuaisseppatret-Billinmêbon.

— Voici le paquet.

La figure se redresse, sitôt dessoûlée.

— Oh mon dioptre ! J’ai cru qu’il leur était arrivé malheur !

Ses mains de mère se bousculent sur les visages poupins, les enlacent comme de précieux biens.

— Mes petits choux, comment allez-vous ? Enchantée, je suis maman !

L’assassin toussote et recoiffe son crâne rasé.

— Il vous reste douze heures avant leur double majorité. Je vous laisse en profiter avant de les livrer au monde du Tartaravail ?

— Oui, merci ! Merci infiniment !

Elle dégaine un flashéquier.

— À Monsieur Moindpré Beaudeloin, c'est bien cela ?

Il acquiesce gravement et Rodred détaille ses ouailles.

— Programme de la journée, les pipous : balade en poussette, toboggan, jeux tridéo, rando, apéro, resto, tord-boyaux et dodo !

Elle tressaille sous leurs sourires canailles.

— Mais d’abord on fait ripaille en attendant la levée de la grisaille.

Elle cisaille les prêt-à-chauffer et ravitaille son adorée marmaille.

Après la pagaille de boustifaille que l’équipage point ne graille, les jumeaux baillent une réplétion bruissant des entrailles. La maîtresse du bercail les assaille de baisers.

— Et tout le long, on fera des holographes pour l’album de famille !

Leur gouaille la raille, cette mère ringarde qui déraille. On entrebâille une fenêtre, vérifie la défaille de la brumaille et brave le frais pour fêter les retrouvailles.

Milo n’en pense rien qui vaille, mais tend une main hésitante vers la poignée.

— Attendez, coupe la néo-mère, je vais fermer la porte pour que vous puissiez l’ouvrir.

Rodred presse l’holocommande et referme l’entrée. Notre aventurier temporalo-décalé, la mine boudeuse, serre des poings outrés et tape du pied.

— Mais on me grondait parce que je risquais de la fermer !

— Ou1, m4is t’av4is pa5 la tél3co.

Milo déclare forfait avec le même enthousiasme que ses impôts. Il ne comprend rien, et c’est aussi bien.

Spara, à l’avant, ouvre la porte auto-manuelle à la main. Le groupe hétéroclite lui emboîte le pas ; ils s’éclipsent un par un. Milo en particulier, encore une fois kidnappé par le prince de Nulle-Partout.