Second degré
Le calme relatif qui s'est installé dans ma maison ne durera pas. Chaton est dans le jardin, il creuse des trous... Sa nouvelle stéréotypie depuis le début du confinement. Il creuse, dépose délicatement ses dinosaures, rabat la terre d'un geste doux, attend une minute et les déterre avec autant de fierté qu'un archéologue. Et il recommence. Encore et encore et encore. Ça dure depuis des semaines, tous les jours, et quand il pleut c'est le drame. J'hésite à remplir une bassine de terre pour mettre dans la cuisine mais je sens que je ne contrôlerai rien du tout.
Je profite de ce moment paisible pour faire un peu d'administratif... Pas par plaisir, mais on va bien devoir les déclarer ces foutus impôts et visiblement, je suis la seule à prendre ça au sérieux. Je me plonge dans des calculs improbables quand ma bulle de concentration explose. Un boulet de canon traverse ma cuisine en battant des mains, mains pleines de terre, terre qui vient décorer le carrelage, le frigo et la gazinière. Génial, encore du ménage !
C : je dois faire pipi !
M : parle plus fort, je suis sûre que toute la rue ne t'a pas entendu...
C : JE D... haaaaaaaa !!
M : pourquoi tu ris en sautant sur place chaton ?
C : j'ai compris !!!
M : Que c'était une blague ?
C : Oui !
M : Et qu'il ne fallait pas vraiment le faire ?
C : Oui !!
M : Et que je ne me moquais pas de toi ?
C : Oui !!!
M : Et alors ?
C : Alors c'était drôle, maman !
M : Je suis fière de toi mon chéri. Câlin ?
C : Non ! je vais faire pipi, en silence !
M : Et après ?
C : je retourne jouer avec mes dinosaures ?
M : pas de câlin ?
C : Ha... non !
Je retourne à mes impôts le sourire aux lèvres face à cette indéniable victoire de l'humour. Le reste n'a pas d'importance.
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