Chapitre 4 : LA BATAILLE D’AMBUILA
Le 29 octobre 1665, au cours d’un ultime acte de résistance, le roi Nvita a Nkanga António 1er mourut atrocement, et avec lui s'effondra le royaume Kongo. Toute la liberté africaine semblait partir avec lui.
Envoyés par le Vatican pour s’accaparer des richesses de l’Afrique et mettre en esclavage les Africains, les Portugais arrivèrent avec la religion des blancs comme mascarade. Ils introduisirent cette religion au royaume Kongo et à ses états vassaux. Avec ruse, ils utilisèrent la religion pour distraire les Africains et demandèrent au roi Nzinga Nkuvu de l’imposer au peuple, mais il s’y opposa lui-même. Son fils, Mpanzu Nzinga, s’y opposa également dès le début, refusant même de se faire baptiser. Contrairement à son père et à son frère, Nzinga Mvemba, il ne reçut donc pas de prénom portugais.
Les Portugais fomentèrent une rébellion juste après la mort du roi Nzinga Nkuvu pour mettre au pouvoir l’autre frère de Mpanzu Nzinga, son frère docilement christianisé, Nzinga Mvemba Alfonso. Ils firent tuer Mpanzu Nzinga car il s’opposait à la religion. Le roi Alfonso réalisa plus tard qu’il avait été trahi par les Portugais, qui tentèrent même de l’assassiner. Des membres de la famille royale, des nobles et des hommes riches furent kidnappés, tandis que d'autres peuples furent vendus comme esclaves en Amérique. Le royaume Kongo entra officiellement en guerre avec le Portugal, un conflit armé qui dura plus ou moins un siècle.
C’est dans cette période de déstabilisation et d’insécurité que Nvita a Nkanga António (Antoine) monta au pouvoir en 1661. Il hérita d’un état où la traite des noirs terrassait les hommes noirs, et où les larmes et le sang coulaient comme de l’eau. Fils de Nkanga García, ce roi avait vu son père résister héroïquement aux Portugais, mais c’était maintenant son tour. Des milliers de soldats africains tombèrent en affrontant les chrétiens catholiques portugais blancs.
Partout, les Portugais renversaient les rois provinciaux des voisins du Kongo qui se montraient hostiles, juste pour imposer leur religion et voler leurs richesses. Leur but : favoriser des guerres entre royaumes d’Afrique centrale pour leur vendre des armes en échange d’esclaves. Les rois qui refusaient ces accords étaient tués.
En 1665, les gourmands et insatiables Portugais demandèrent au roi Nvita Nkanga António 1er de leur céder gratuitement le sud du royaume, riche en cuivre. Le roi refusa catégoriquement, et les Portugais voulurent provoquer sa chute en armant les rois provinciaux pour s’attaquer à lui. Le roi décida enfin de chasser les Portugais une fois pour toutes dans une guerre sans pitié à Ambuila, l’actuelle Angola.
AMBUILA , le 29 octobre 1665
Nvita a Nkanga fit le tour de son royaume pour rallier son peuple à la cause nationale et former une large coalition autour de lui. Partant de la capitale Mbanza Kongo, il avança à la tête d’une armée de 22 000 hommes, dont 300 étaient armés de mousquets et de pièces d’artillerie, dirigée par le métis Luís Lopes de Sequeira. Les armées se firent face à Ambuila.
À 9h, les Bakongo chargèrent, mais furent repoussés par l’artillerie portugaise. Nvita a Nkanga prit alors lui-même la tête de ses troupes et réussit à encercler l’ennemi. Le roi vaillant s’enfonça dans le champ de bataille, et les Africains prirent l’avantage. Soudain, le roi reçut une balle dans la tête et tomba. Il aurait été reconnu et décapité par les Portugais. Démoralisés par la perte de leur souverain, les Bakongo continuèrent à se battre, mais après six heures de combats, la situation tourna définitivement à l’avantage des Portugais.
Tout ce que nous faisons a toujours des conséquences à l’avenir. Pensez-vous qu’Alfonso 1er aurait accepté les Portugais, leur culture, leur religion et leur langue, s’il avait su que le royaume finirait ainsi ?
Le bilan du côté portugais reste inconnu, mais 5000 Kongo, dont le roi, ses deux fils, ses deux neveux, quatre de ses gouverneurs et 500 membres de la noblesse furent tués et déportés en Amérique comme esclaves. La bataille extermina l’élite de ce royaume. La tête du roi António Nkanga Nvita fut mise sur une lance et promenée dans une chapelle de la capitale Kongo, Mbanza Kongo, pour signifier à tous les Bakongo de se rendre car leur souverain était mort. Les Portugais mirent la ville à sac, l’incendièrent et interdirent sa reconstruction. Le royaume Kongo ne devint qu’une ombre de lui-même.
Parmi les jeunes nobles, les fils des nobles, il y avait un jeune homme de 17 ans. Beau, avec des abdos dessinés, des cheveux noirs et longs, et musclé, il se nommait Nkulu. Les Portugais l’appelaient Pedro. Il s’apprêtait à quitter sa ville, son royaume. Il voyait les maisons incendiées, les corps Kongo et portugais allongés morts, chacun selon sa circonstance et sa position. Les femmes et les enfants pleuraient, mais les hommes restaient silencieux, sachant qu’ils allaient devenir esclaves.
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