Chapitre 16 : DERNIER ESPOIR ET DÉFENSE DE L’AMOUR

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La rumeur se répandait qu'une nouvelle cargaison d'esclaves allait bientôt arriver en Amérique, et Nkulu, de plus en plus bouleversé par cette perspective, se rendait au port. L’espoir de retrouver des visages familiers, de revoir sa famille, de récolter des nouvelles, l’animait chaque jour. La pensée de pouvoir savoir ce qu’il était advenu de sa mère, de son père, de ses frères et sœurs, l’incitait à se précipiter au port dès qu'il entendait des rumeurs de nouveaux arrivants. Cette fois, il décida d'emmener Isabelle Walford avec lui, ne sachant pas si c’était pour la rassurer ou si c’était simplement parce qu’il avait besoin de sa présence réconfortante.

Le port était animé, bruyant, mais ce jour-là, un cri perça l’atmosphère, un cri de douleur. Un jeune noir, encore marqué par la terreur de la traversée, était frappé sans pitié par un soldat portugais. Les coups pleuvaient sur le corps frêle de ce jeune homme, sans défense. Nkulu ne put supporter cette scène. L’adrénaline monta en lui, et dans un élan de colère, il se rua sur le soldat, frappant violemment son oppresseur. La brutalité de la situation ne tarda pas à attirer l'attention des autres soldats, qui commencèrent à se précipiter vers lui pour l’immobiliser.

Mais Isabelle, observant la scène, se précipita pour s’interposer. Elle avait un faible pour Nkulu, et sa passion, son amour pour lui avait évolué en une véritable défiance envers l'injustice qu'elle voyait. Elle s’interposa, usant de son influence, de son statut, pour calmer les soldats. Elle ne se souciait plus des conventions sociales qui condamnaient son amour pour un esclave, pour un homme noir. Elle se souciait de lui, de son courage, et elle se fichait de l’opinion des autres.

Cette scène provoqua une onde de choc. La nouvelle se répandit rapidement : Isabelle Walford, la fille du riche et respecté John Walford, avait défendu un esclave. Cela ne passa pas inaperçu. Le père d’Isabelle, une figure respectée dans la société, fut humilié lors d’une réunion des bourgeois de la ville, un cercle de notables et de fortunés qui se réunissaient régulièrement pour discuter affaires et affaires de l’époque. L’opinion publique, bien que marquée par l’érudition des colonisateurs, se souleva contre lui, voyant dans l’action de sa fille une rébellion contre l’ordre établi. Isabelle, en s'opposant ainsi, avait défendu l'innocence, mais également l’honneur de son amour secret.

Au fil du temps, Nkulu, que l’on appelait maintenant Charles Walford, devint un homme plus sage, plus beau encore. Ses cheveux crépus et son regard profond, empreint d’une sagesse acquise au fil des épreuves, attiraient l’attention. Il avait appris à parler l'anglais couramment, mais son Kikongo restait sa langue de cœur, celle qu’il utilisait avec les autres noirs du domaine, sa langue maternelle, son ancre dans ce monde qui semblait si lointain. Il n’oubliait pas ses racines, même lorsqu’il se retrouvait à parler avec ses maîtres et collègues blancs.

Le secret de son amour avec Isabelle se répandait lentement, mais silencieusement. Les servantes noires de la maison étaient au courant de la liaison, et elles en étaient fières. Elles admiraient Nkulu, qui, malgré sa condition d’esclave, avait su s’imposer par sa beauté et sa personnalité. Elles le respectaient, et en secret, elles soutenaient leur jeune maîtresse dans son amour interdit.

Finalement, la vie de Nkulu prit un tournant décisif. Son maître, John Walford, décida de l’emmener en Angleterre, là où il espérait que la fortune et les affaires l’attendaient. La décision fut prise rapidement, et le départ fut planifié. Cela marquerait la fin de son séjour en Amérique, mais pour Nkulu, c’était aussi une chance de s'éloigner des douleurs de l’esclavage, de vivre une nouvelle expérience. Isabelle, bien que triste de cette séparation imminente, comprenait. L’amour entre eux restait intact, même s’il s’agissait d’un amour qu’ils devaient vivre dans le silence et la discrétion.

Distance et durée du voyage entre l'Amérique et l'Angleterre :

En 1671, la traversée de l'Atlantique entre l’Amérique et l’Angleterre durait environ 1 à 2 mois, selon les conditions météorologiques et les vents. Les navires n’étaient pas aussi rapides que ceux de nos jours, et les traversées pouvaient parfois prendre un peu plus de temps.

La distance entre l'Amérique, généralement partant des ports de la côte Est (comme la Virginie ou les colonies caribéennes) et l'Angleterre, était d’environ 6 000 kilomètres.

Le voyage n’était pas facile. Les conditions de vie à bord étaient éprouvantes, et la mer était souvent capricieuse. Mais pour Nkulu, c'était un nouveau chapitre de son existence, un chapitre où il pourrait peut-être espérer une vie différente, loin de l'oppression des terres américaines.

L'histoire de Nkulu, de Charles Walford, et d'Isabelle Walford ne s’arrêtera pas là. Ce voyage en Angleterre était un signe de nouveaux départs, de nouveaux défis. Mais les épreuves qu’il avait traversées, l'amour qu'il avait trouvé, tout cela resterait gravé dans son cœur, comme un testament de sa résilience et de sa lutte pour sa dignité.

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