9.2

12 minutes de lecture

 Dershan reparut cinq minutes plus tard, accompagné par six femmes et quatre hommes. Deux femmes, habillées luxueusement, affichaient des décolletés si amples qu’on pouvait tout apprécier de leur anatomie en un regard. Et elles le savaient ; l’une d’entre elles fit un clin d’œil à un Modshi qui ne se gênait pas pour profiter du panorama.

 Le pêcheur fut gracieusement récompensé par la femme la plus couverte, et, accessoirement, celle qui apparaissait la plus austère. Il fit une révérence au Prince et disparut.

 La Jarapourie s’approcha de Bhagttat, baissa brièvement le dos et demanda :

“Sa Majesté a-t-elle fait bon trajet ?”

 Sa voix était grave, imprégnée d’une grande intelligence. La femme ne desserra presque pas les lèvres lorsqu’elle la prononça, rappelant un peu l’expression des ventriloques lors de leurs spectacles.

“Ma foi, je n’ai pas à me plaindre. La région est des plus accueillantes.

  • Autrement, l’Empire n’aurait pas consenti à tant de sacrifices pour s’en emparer. Nous ferez-vous l’honneur de partager un banquet avec nous ? Une première moitié de vos hommes est déjà arrivée, l’autre devrait atteindre Sunnahchali demain soir au plus tard.
  • Une invitation ne se refuse pas.”

 Ainsi, on guida les Djahmaratis à travers cette espèce de palais souterrain dans lequel vivaient des hommes à l’allure si étrange, tous vêtus comme des sortes de parodie de princes, aux mœurs grossières en dépit d’une grande amabilité.

 Déjà attablés, les Rébéens discutaient gaiement avec des hommes en chemises amples et ouvertes, mettant l’accent sur leurs musculatures saillantes. Pratha se réjouit en apercevant Malki, dont l’appétit semblait être revenu depuis la dernière fois.

 Orientaux et Djahmaratis se livrèrent à de longues embrassades, déployèrent un festival d’anecdotes survenues pendant le trajet, puis ils s’installèrent les uns à côté des autres le long d’une table de banquet.

 Dans de grosses casseroles, des quantités koshkesques de riz aux légumes étaient attrapées avec une grosse louche et dévorées dans l’instant par les soldats affamés. La femme austère - Pratha, qui avait laissé traîner ses oreilles, apprit qu’elle était surnommée la Matriarche - discutait avec le Prince Bhagttat, autour d’un bol de fruits de mer.

 L’ambiance était des plus joyeuses. Malki, échauffé par le rhum jarapouri, se mit à déblatérer des histoires et déclencha une mousson de rires. Quand bien même les habitants du palais souterrain ne comprenaient pas tout ce que le colosse disait, ses grands gestes et sa bonhomie se suffisaient à eux-mêmes.

 Pratha surprit même la Matriarche esquisser un sourire entre deux décorticages de crevettes. Les plats se succédèrent ainsi deux heures durant, jusqu’à ce que l’armée entière ait le ventre prêt à faire craquer les coutures des uniformes.

 Quand tout le monde eut terminé son pot de khir à la mangue, la Matriarche se leva gracieusement, suivie par Bhagttat. D’un regard, elle imposa le silence à l’assemblée. Ses sujets, si bruyants et décontractés durant le repas se figèrent comme un régiment d’enfants combattants.

 La Matriarche balaya ses invités du regard, saisit du bout de ses doigts bagués un verre en argent et le plaça en dessous de sa poitrine. Ensuite, elle déclara, dans un djahmarati absolument parfait :

“Chers invités c’est avec une joie certaine que j’ai décidé de vous accueillir en ce lieu, qui, en dépit de sa modestie, saura vous procurer du repos et vous aider à préparer vos forces. Comme vous pouvez l’imaginer, ce lieu n’est qu’un ersatz de nos véritables palais ; lesquels sont désormais occupés par des officiers orientaux. Je prie pour que notre collaboration porte de beaux fruits, desquels les générations futures pourront se nourrir. Pour le Djahmarat, pour Jarapour, et pour la victoire, je souhaite porter un toast !”

 Pratha était resté scotché par l’aura que la femme dégageait. À chaque mot que prononçait sa voix grave, il se sentait magnétisé. Quand la Matriarche avait parlé, il en avait profité pour observer plus en détail ses yeux orangés, sa peau bleutée et claire comme le ciel du nord, ses lèvres déployées comme deux pétales de rose noire, son nez droit et fier, ses cheveux courts, laissés libres comme deux courants d’air roux autour de sa mâchoire fine.

 Il était incapable de déterminer son âge. Bien que sa voix fut celle d’une femme mûre, et qu’on sentait en elle le poids des souvenirs, son énergie était celle d’une jeune adulte.

“Pour la victoire !” s’écrièrent en chœur les soldats et les Jarapouris.

 Après le repas, les soldats s’éparpillèrent dans le palais souterrain, emportant avec eux les soldats. Modshi, qui n’avait de cesse de mentionner la femme qui lui avait fait un clin d’œil, se décida enfin à aller l’aborder.

 Pratha, lui, préféra se contenter de la présence de Vartajj, Tindashek, et de Nyny. Sur la fourrure du bolsabak, la boue avait enfin commencé à s’écailler, et lui donnait déjà une allure plus présentable.

 La jeune femme, à mi-voix, déclara :

“J’aime l’atmosphère qui règne ici ; ça me rappelle Lahrati.

  • Tu trouves ? Les Lahratiennes, elles, ne se baladaient pas à moitié nues.
  • Roh, ce que tu peux être bête ! (Elle décocha un baiser sur son front) Je te parle de cette énergie, on sent qu’ils croient en quelque chose. Quoi, je ne sais pas, mais ça se voit. Ils auraient toutes les raisons d’avoir perdu espoir, et pourtant…
  • En parlant de ça, j’avoue ne pas comprendre à quoi rime la stratégie de Bhagttat. Comment ces gens pourraient nous aider à reconquérir - enfin, à libérer - Jarapour ?
  • Ne sois pas trop hâtif dans tes jugements ; on a déjà vu des peuples à moitié nus flanquer des raclées à de grandes civilisations pompeuses.”

 Elle marquait un point. Décidément, Pratha ne se lasserait jamais de son esprit critique, toujours prompt à débusquer la vérité cachée sous le tapis des apparences. Son ventre fut pris d’une bouffée de chaleur qu’il dissipa en couvrant sa bien-aimée de baisers, sans se soucier des quelques personnes restées dans la salle. Au bout d’un moment, la jeune femme grogna en souriant :

“Allons, un peu de tenue.

  • Je m’adapte aux coutumes locales.”

 Vartajj pouffa. Finalement, son chevalier retrouva son calme, et se servit un verre de vin au miel.

 Bhagttat s’approcha de lui et déclara :

“La Matriarche souhaite mettre en place une stratégie ; j’aimerais que tu soies présent.

  • Oh, oui, bien sûr, répondit Pratha en avalant son verre d’une traite. Vous m’attendez ici ?
  • Je n’ai nulle part où m’enfuir, le taquina Vartajj.
  • La Matriarche aimerait également nouer des partenariats avec la compagnie de ton père”, reprit Bhagttat.

 Vartajj parut surprise, compte tenu du fait que la Matriarche ne figurait nulle part dans son carnet d’adresses. Elle fixa le Prince.

“Ne t’inquiète pas, elle pourra attendre que tu reçoives des directives de ton père : je lui ai expliqué la situation. Elle voudrait simplement établir des analyses de marché avec toi.

  • Dans ce cas, allons-y.”

 Pratha envoya Tindashek, bourré d’énergie, jouer avec les enfants du palais. Les mômes disparurent dans l’instant.

***

 La salle de réunion était couverte de grandes tapisseries d’un style qui rappelait le symbolique lahratien. Dessus, des combattants, stylisés à l’extrême, parfois représentés uniquement par un enchevêtrement de traits rapides, livraient bataille à des monstres aux proportions étranges et inquiétantes. D’autres tapisseries représentaient des scènes plus tranquilles ; la purification d’un chevalier dans une fontaine, un aventurier en train de gravir le Mont Royal, la construction de Jarapour.

 Face à cette dernière image, Pratha se rappela avec nostalgie le Chram, lorsque Gopta s’était amusé à la représenter et à y dissimuler la figure de Ghoïskan, au nez et à la barbe du Grand Qalam.

 Enfin, au-dessus du fauteuil qu’occupa la Matriarche, il découvrit un portrait d’un réalisme saisissant. Dessus, un homme couvert d’étoffes flamboyantes jetait un regard bienveillant sur la salle.

 Deux serviteurs apportèrent des parchemins, un registre, et de quoi écrire à la Matriarche, puis il refermèrent la grosse porte de fer derrière eux. A droite de la cheffe, un homme beau comme une statue gardait les yeux fermés et laissait s’échapper d’importantes émanations psychiques autour de lui, comme s’il avait été une chambre de pipe.

“Gul s’assure qu’aucune oreille indiscrète ne s’est glissée sous la porte”, sourit la Matriarche.

 Après un instant, le jeune homme rouvrit les yeux et indiqua d’un regard que la salle était sécurisée.

 La Matriarche se racla la gorge, avala un verre d’eau, posa son visage sur le dos de ses mains, et dit :

“J’ai longtemps attendu ce moment, Majesté. (Bhagttat répondit d’un sourire et baissa la tête.) Comme vous avez pu brièvement le voir, les orientaux ont su s’implanter et canaliser l’énergie de notre ville. Il faut le reconnaître, les Jays ont fait preuve d’une grande intelligence.”

 La Jarapourie déplia un parchemin et en révéla le contenu à la salle. Dessus, quatre visages de peaux-blanches, chacun sévère d’une façon différente.

QAYS - SHMAHAL - ZAMAR - NOAH, indiquaient les légendes sous les visages.

“Ils se sont partagés équitablement la ville, et ont été très habiles pour en conserver le contrôle. Baisse de taxes, maintien de la plupart des libertés civiles, arrivage massifs de produits manufacturés à Qama’el et dans les exploitations…

  • Vous voulez dire que les esclaves se sont mis à travailler dans les usines ? demanda Bhagttat.
  • En effet. Avec l’arrivée de machines agricoles, leurs mains n’étaient plus nécessaires aux champs. L’avantage d’une telle évolution, c’est que pour un prix dérisoire, les Rébéens peuvent se permettre d’inonder les marchés jarapouris. Ceci signifie deux choses. La première est l’appauvrissement fulgurant des classes commerçantes et aristocratiques ; soit les meilleurs remparts face à l’intégration par l’Empire. La deuxième, et c’est là que réside l’intelligence des envahisseurs, est l’amélioration, toute aussi fulgurante, du niveau de vie du sujet moyen.
  • Les vivres des opposants sont coupés tandis que le peuple en vient à apprécier ses bourreaux… Maître Velli doit jubiler depuis sa tombe.
  • Je n’en doute pas. C’est pourquoi, chaque jour qui passe, la possibilité d’une reconquête s’affaiblit. Nous allons devoir être plus rusés encore.
  • A quoi pensez-vous ?”

 La Matriarche déplia cette fois une carte de Jarapour, sur laquelle étaient tracées les zones d’influence des différents Jays, ainsi que tout un tas d’indicateurs statistiques sur la partie inférieure.

“D’après mes hommes, on compte près de huit cent mille personnes dans les murs de la ville. Environ le double en incluant les bourgades alentour. Sur ces huit cent mille personnes, comptons les deux tiers comme ouvriers ou paysans. Ceux-là, à moins d’un miracle, ne se rallieront que marginalement à notre cause. Ils n’ont jamais si bien vécu que depuis l’arrivée des Rébéens. Ensuite, et c’est sur cette partie de la population que nos efforts doivent porter : les classes de commerçants et d’artisans déshéritées. Vous pouvez me croire, ils ne demandent qu’à recevoir des armes pour pouvoir se retourner contre les impériaux. Ces derniers le savent, c’est pourquoi tous les membres de ces classes dont l’attitude est ambiguë sont sous étroite surveillance.

  • J’entends, mais je doute - sans parler du fait que je ne dispose pas de stocks suffisants pour armer tant de monde - que des commerçants soient très efficaces au combat.
  • Qui a parlé de combat ?” sourit la Matriarche, aussitôt imitée par le reste de la table.

 Bhagttat observa la femme d’un air surpris, plongea ses mains dans sa barbe, et bredouilla :

“Je… ne vois pas où vous voulez en venir.

  • Voyons, l’Empire profite de sa position de force pour jouer la carte de la tempérance, reprit la cheffe Jarapourie. Nous allons jouer sur leur terrain. Ce qu’il faut, c’est permettre aux classes moyennes de sortir la tête de l’eau, leur redonner l’assurance de la victoire, miner l’ennemi en jouant à son propre jeu.
  • Inonder le marché de nos produits, si je comprends bien ?
  • Plus précisément, inonder le marché noir, corrigea la Matriarche. Et pour ce faire, Majesté, vous avez choisi les meilleurs alliés qui soient.”

 Cette fois, c’était Pratha qui ne comprenait plus rien. Vartajj et lui se dévisagèrent, la jeune femme resserra l’emprise de sa main sur la sienne.

“Prenez cela comme un gage de confiance, j’ai inscrit sur cette carte que voici (la Matriarche déroula un autre parchemin) tous mes points de vente. Notez la présence de ce que nous appelons les zones grises, là où les frontières entre les zones d’influence des Jays sont floues. C’est précisément là que nous pourrons frapper le plus fort. En ce sens, la présence de l’héritière de la compagnie Deshkarni est une bonne nouvelle. Il faudrait, également, Majesté, que vous contactiez les autres acteurs économiques de Samsharadh, afin de mesurer leurs capacités de production.

  • Je le ferai dès la fin de cette réunion.
  • Je vous en remercie. La stratégie que j’ai à vous proposer est simple, mais terriblement risquée. Voyez-vous (la Matriarche désigna son registre), je dispose d’une liste longue comme les remparts de personnes dont nous pourrions obtenir la loyauté. Il faut importer le maximum de produits à des prix défiant la concurrence et les remettre à ces commerçants, artisans…
  • Défier une concurrence dont vous avez vous-même dit qu’elle était déloyale ? s’agaça Bhagttat.
  • Simple, mais terriblement risqué, répéta la Matriarche, stoïque. Il faut les vendre à perte.
  • Vous voulez couler mon pays ?
  • Non, loin de moi cette idée. A vrai dire, ce que je vous propose, Majesté, est un pari. Vous mettez temporairement le Djahmarat en banqueroute, en espérant que cela suffise à affaiblir les soutiens de l’Empire au sein de la ville. Si cela marche, Jarapour et le chemin jusqu’à Fort-Putra s’ouvre sous vos pieds. Ce sera probablement le plus grand coup d’éclat de votre campagne. Les générations à venir conteront l’événement avec les larmes aux yeux. Si cela échoue, alors il vous faudra abandonner définitivement la région, et, avec elle, Lahrati et potentiellement le Royaume de Pothara, à vos ennemis. Les généraux Rébéens ne pousseront pas l’insolence jusqu’à vous retirer votre pays, mais cela vous mettrait dans une situation critique.
  • Et lancer l’assaut sur la ville reviendrait à un suicide…
  • Tant que les jayshis se tiendront fermement appuyées sur leurs jambes : oui. C’est pourquoi je propose, plutôt que d’engager une confrontation directe, d’affaiblir lesdites jambes. Et puis, je n’ai pas encore tiré toutes mes cartes.”

 La Matriarche fouilla un instant dans son manteau et en sortit une petite boule noire aux reflets brillants. D’un geste de tête, elle ordonna à la fille à sa gauche d’aller chercher “le nécessaire”. Cette dernière revint un instant après, un bol dans la main, et une sorte de longue flûte avec une pointe arrondie au bout.

 La cheffe plaça la boule dans le socle et concentra son énergie psychique en un faisceau de chaleur, dans ses paumes.

Quel genre de… Bhagttat ?? pensa Pratha.

  • J’avoue que je ne m’attendais pas à ça, songea le Prince.

 Une petite traînée de vapeur légèrement bleuâtre s’éleva, apportant une odeur légèrement sucrée avec des notes boisées. Calmement, la Matriarche sortit un couvercle et le plaça sur le bol.

“Ceci, chers invités, est probablement l’arme la plus dévastatrice qui soit. Les peuples à l’est de l’Océan de Feu l’appellent chandu. Nous parlions avant d’affaiblir les jambes de l’envahisseur ; avec ça, croyez-moi, celui-ci perdra jusqu’à la volonté de se tenir debout. On la produit à partir de simples pavots somnifères. Le contenu de deux fleurs à peine suffit à faire dormir un homme pendant une dizaine d’heures.”

 La Matriarche fit passer la pipe jusqu’à Bhagttat et l’invita à tirer une inhalation.

“Prenez garde, Majesté. Cet opium, comme nous l’appelons, peut vite se transformer en fléau.”

 Bhagttat acquiesça, tira sur la pipe et sentit l’euphorie s’infiltrer dans sa gorge et se diffuser un peu partout dans son corps. Des fourmillements remontèrent le long de son cou et baignèrent son esprit dans un cocon de bien-être.

 Il passa la pipe à Pratha, qui se hasarda à goûter à son tour, non sans que sa bien-aimée ne soupirât. A son tour, il découvrit les bienfaits de cette pâte noire, et les courbatures dans ses jambes disparurent.

 La jeune femme qui avait apporté la pipe et le bol récupéra le matériel et quitta la pièce.

“D’immenses champs de coquelicots poussent du côté des montagnes, vers Kamnagar. Nous arrivons à faire entrer d’assez grandes quantité d’opium pour subvenir aux besoins de la majeure partie des étrangers. A vrai dire, nous avons déjà commencé à l’écouler, et les résultats ne se sont pas faits attendre ; trois compagnies ont déjà manqué à leur devoir lorsqu’une bande de pillards s’est attaquée à une bourgade derrière les murailles, il y a de cela deux semaines.

  • Une arme redoutable, en effet… Plus que n’importe quel canon, déclara le Prince.
  • Je suis ravie de voir que nous sommes du même avis. Quelque chose me dit que notre collaboration sera des plus fructueuses.”

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Virgoh-Vertigo ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0