Passé

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16 janvier 6h00 le réveil sonnait

La machine à café était en marche depuis un quart d’heure assurant ainsi un café à la température idéale, comme il l’appréciait

Restait ensuite à beurrer les tartines de bon pain frais

La douche était prise en un peu moins d’un quart d’heure, déshabillage et habillage compris

Rasage de près, toujours après, ensuite les dents, trois minutes à la brosse électrique suffisait

Ainsi, trois-quarts d’heure après il fermait sa porte et se précipitait dans les escaliers pour attraper le métro de 6h53

Vingt minutes plus tard, il arrivait à destination et à 7h14 précise, il poussait la porte de son entreprise, toujours avant ses collègues, c’était si important de montrer qu’on était motivé et pour cela rien de mieux que de faire le café pour le service

Motivé, mais pour autant soucieux des autres afin de ne pas paraître trop ambitieux, et pour cela, il avait déjà une petite blague à raconter qui ferait rire ses collègues, comme chaque matin depuis sept ans


« C'est un type qui croise un de ses copains dans la rue

- Tiens, Albert, ça va ?

- Ben, figure-toi que ma belle-mère est morte, la semaine dernière...

- Oh mince ! Qu'est-ce qu'elle avait ?

- Bof, trois fois rien : une table, un buffet... »


Ainsi, grâce à ses petites attentions, l’ambiance était chaleureuse, il était aussi bien vu de ses supérieurs qui estimaient donc qu’il pouvait fédérer une équipe dans peu de temps, maintenant qu’on parlait de restructuration

Et la journée passait ainsi, dans un doux train-train rassurant

Après son travail, en vieux garçon, il faisait ses courses au Grand Bazar pour la soirée, nourrissait son vieux chat pour enfin s’asseoir dans son fauteuil et écouter la radio histoire d’avoir une blague inédite à raconter pour le lendemain au café à ses collègues

Toutes ses blagues étaient scrupuleusement notées dans un carnet avec la date à laquelle il la racontait histoire de ne jamais être répétitif

Enfin, l’occasion se présentait d’être responsable


5 février 6h00 le réveil sonnait

Depuis un quart d’heure, la machine à café était en marche pour un excellent arabica, comme un désir de perfection chaque matin répété

Beurrer les tartines , et une fois n’était pas coutume, avec de la confiture, reste de la Chandeleur passée avec sa mère le week-end dernier

Il enlevait son pyjama acheté au Grand Bazar, prenait une douche rapide, s’habillait d’un costume lui aussi acheté au Grand Bazar

Il se rasait et se lavait ensuite les dents, méticuleusement

6h44, sa porte fermée à double tour, il dévalait les escaliers sans faire trop de bruit et attrapait son métro qui avait cinq minutes de retard aujourd’hui, mais c’était relativement fréquent et son avance, le matin, anticipait ce genre de désagréments

Vingt minutes plus tard, il arrivait au pied de son entreprise, avant ses collègues comme toujours, avec la même motivation et enchanté comme toujours de faire le café pour le service

Ce matin, il avait préparé une blague spécialement pour taquiner un collègue qu’il savait un peu roublard


« Un chauffeur de poids lourd Belge arrive à l'entrée d'un tunnel

Devant lui, un autre camion est arrêté devant l'entrée du tunnel

Le Belge descend et demande au premier camion pourquoi il est arrêté

Celui-ci descend de son camion et lui montre un panneau : hauteur maximale 4.00 m

Le premier chauffeur :

- Vous voyez le panneau, c'est interdit au camion de plus de 4m et mon camion fait 4m10, alors ça va coincer !

Le chauffeur Belge :

- Qu'est ce tu t'en fous, il n'y a pas de flics ! »


Avec cette nouvelle restructuration qui n’allait pas tarder à arriver, il était important d’avoir ce genre de petites attentions, et ainsi être apprécié et de ses collègues et de ses supérieurs

La journée passait ainsi, agréablement routinière

Comme à son habitude après son travail, il faisait ses petites courses, nourrissait son vieux chat, finissait dans son fauteuil et écoutait ses émissions préférées en notant toutes les nouvelles blagues

Il tenait tant à devenir responsable


21 mai 6h00 le réveil sonnait

Depuis un quart d’heure, sa machine à café fraîchement détartrée de la veille lui chatouillait les narines d’une bonne odeur de café

Beurrer les tartines, trois pas plus, sinon, ce serait gourmandise

En un petit quart d’heure, sa toilette était effectuée et ses habits, repassés de la veille, passés

Toujours avec un soin maniaque, il se rasait et se lavait les dents

Après avoir aussi descendu les poubelles, il s’engouffrait dans le métro de 6h49, les horaires venant de changer

À 7h12, le café coulait déjà et il avait anticipé la venue du stagiaire dans le nombre de tasses

Et ce matin, soucieux d’intégrer ce nouveau membre dans l’équipe, il était allé chercher une blague un peu absurde histoire de lui faire relativiser son stress


« Un avion de ligne survole l'Atlantique. Les passagers sont confortablement installés dans leurs fauteuils... Et tout à coup ! Une voix grésille dans le haut-parleur :

- Ici le commandant de bord ! Nous vous informons que les quatre réacteurs sont en flammes. L'équipage a sauté en parachute et à l'heure actuelle, je vous parle d'un canot de sauvetage qui a été largué à la mer ! Surtout, que personne ne panique ! Nous sommes allés chercher du secours... Bonne chance à tous ! »


C’est dans un climat de rires bienveillants que le nouveau pris place à son poste, sereinement, chose qui serait remarquée par les cadres de la boîte ce qui ferait la différence lors de la restructuration qui s’annonçait imminente à en croire les dernières réunions de travail et les quelques confidences glissées discrètement avec un sourire entendu

La journée passait ainsi, pleine d’espoir en l’avenir

C’est confiant qu’après son travail, il fit ses courses, nourrit son vieux chat, et écouta dans son fauteuil Les Grosses Têtes ou Rires et Chansons et c’est guilleret qu’il nota dans son vieux carnet une nouvelle blague pour le lendemain

Il serait responsable à n’en pas douter

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