Ses mains, tremblantes, glissèrent sur son visage, il cherchait à dissiper la brume de son sommeil, à trouver un moyen de se connecter à la réalité. Ses doigts rencontrèrent sa barbe rugueuse, un rappel tangible des jours qu’il laissait passer sans soigner son apparence. La perception de sa peau fatiguée sous ses doigts lui rappela la monotonie de son quotidien qui défile inlassablement.

Puis, par automatisme, il voulut poser la question qu’il répétait chaque matin, en chuchotant pour ne pas réveiller Mathilde. Un rituel presque inconscient : « Quel jour on est ? ».

— Quel... j... jjjj…?

Sa voix, rauque et hésitante, s’éteignit avant même qu’il ne puisse entendre ses propres mots. Surpris, encore haletant, il tenta à nouveau, mais plus lentement, en articulant chaque syllabe avec difficulté.

Les mots restèrent bloqués, étouffés par une main invisible. Il porta ses mains à son cou, comme si ce simple geste pouvait briser l’étau invisible qui l’oppressait.

Son corps était figé, incapable de se mouvoir. Il se sentit prisonnier de lui-même, incapable de contrôler ses mouvements ou de formuler la phrase qui lui brûlait les lèvres. Etait-il devenu muet du jour au lendemain ? Il chercha frénétiquement un souvenir, une explication à ce qui lui arrivait. Peut-être avait-il mal dormi ? Peut-être un stress accumulé... Mais non, tout semblait normal hier. Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ?

Arthur se sentit déconnecté, comme un étranger dans son propre corps. Autour de lui, tout semblait flou, irréel. Chaque mouvement, chaque respiration était une lutte contre une force invisible qui l’emprisonnait dans sa propre chair.