5. Travail
Il tendit la main vers son téléphone posé à plat sur la table de chevet. Ce geste, anodin en apparence, lui demanda un effort considérable. Quand il activa l’écran, une notification apparut : « travail ». Son regard se fixa sur ce terme. Un frisson lui parcourut le corps. De nouveau, un mot, jusqu'alors quotidien et anodin, devenait soudainement un poison, un signal de danger. Il essaya de l’articuler dans sa tête, mais il ne parvint pas à y penser clairement. Ce mot lui parut soudain étranger, presque menaçant. Il tenta de l’articuler, de lui donner forme, mais la peur le paralysa. Sa gorge se referma violemment, comme une trappe qui se scellerait brusquement.
Pris de panique, il lâcha le téléphone. Il agrippa instinctivement la couette en reculant jusqu’à heurter le dossier du lit. L’air semblait avoir disparu de la pièce. Arthur porta une main tremblante à sa poitrine, espérant calmer le tumulte intérieur qui l’assaillait. Mais rien n’y fit. La lumière du matin, filtrant à travers les rideaux, semblait soudainement trop vive, presque aveuglante. Les objets familiers de la chambre – la table de chevet, la lampe, les livres empilés – perdaient leur réalité, se fondant dans un brouillard indistinct.
Arthur, les yeux fixés sur le plafond, cherchait un point d’ancrage dans ce tourbillon de ressentis.
Mathilde, alertée par la respiration saccadée d'Arthur, se réveilla dans un sursaut. Elle se retourna vers lui. Voyant son visage pâle, ses yeux égarés, cette inquiétude profonde déformant ses traits, elle s’approcha de lui, posant une main douce sur son épaule, un geste silencieux mais tellement plein de sens.
- Arthur, que se passe-t-il ? demanda-t-elle d’une voix douce pour cacher son inquiétude.
Arthur leva les yeux vers elle. La peur lui coupa les mots. Il ne pouvait pas se contenter de lui dire « café » !
Il se secoua la tête. Mathilde s’assit à côté de lui, l’entourant de ses bras, offrant un refuge silencieux, mais profondément rassurant.
- Tout va bien, murmura-t-elle. Je suis là.
La présence de Mathilde lui offrait un enracinement dans le réel. Il se laissa aller contre elle, savourant la chaleur de son étreinte, espérant que ce moment de paix pourrait l’apaiser.
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