21. La Liberté

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Arthur se tenait là, face au lever du soleil, et soudain il comprit. Les mots n'étaient pas simplement des outils pour exprimer ses pensées ou ses émotions, mais des filtres, des obstacles qui transformaient et déformaient la réalité. Ils étaient des constructions mentales qui l’empêchaient de vivre pleinement chaque expérience dans sa forme la plus pure. Sans parler, sans interpréter, sans catégoriser, sans juger. Il pouvait simplement être.

Le soleil se levait lentement à l’horizon, peignant le ciel de couleurs qu’Arthur n’avait jamais pleinement perçues auparavant. Les teintes orangées, rosées et dorées s’entremêlaient, se fondaient dans le bleu du ciel avec une intensité qu’il n’avait jamais remarquée. Et il n'y avait rien à dire, rien à analyser. Il laissait les couleurs l’imprégner, les nuances pénétrer son être. Il s’abandonnait à ce spectacle, sans le besoin de traduire ce qu’il vivait.

Le chant des oiseaux, au loin, résonnait différemment. Ce qui avait autrefois été un bruit de fond devint une mélodie vibrante, chaque trille et chaque gazouillis portant une signification qu’aucun mot ne pourrait traduire. Pourquoi nommer les oiseaux ou essayer de déchiffrer leur chant ? Il pouvait simplement se laisser emporter par cette symphonie naturelle. Le vent frais qui caressait sa peau n'était plus un phénomène à décrire ; il devenait une émotion pure, une caresse vivifiante qui le reliait au monde extérieur.

La senteur des fleurs sauvages, sucrée et légère, emplit l’air d’une douceur enivrante. Arthur n’avait nullement l’obligation de décrire cette fragrance. Il n’y avait aucune nécessité d’exprimer ce qu’il sentait. Il pouvait simplement la savourer. Chaque sensation se faisait plus claire, plus intense, plus palpable. Le monde autour de lui ne semblait plus être une série de perceptions à qualifier. Il était tout simplement là, pleinement, dans une réalité vibrante et tangible.

Au fur et à mesure que le soleil continuait son ascension, baignant la terre d'une lumière chaude, Arthur se sentait plus vivant que jamais. Le silence intérieur qu’il avait tant craint semblait communiquer directement avec lui. Le chant des oiseaux, le murmure du vent, l’odeur des fleurs formaient une symphonie de vie qui résonnait profondément dans son âme.

Arthur se sentait connecté à un tout, comme étant une part intégrante de cette nature qui l'entourait. Il n’avait plus les mots pour expliquer ce qu’il sentait, mais qu’importe ? Le monde semblait plus riche. Il se sentait en harmonie, enfin libre de vivre sans contrainte, sans la pression de devoir tout expliquer. La légèreté qu’il appréciait le remplissait d’une paix nouvelle, d’une liberté totale, et il savait qu’il avait trouvé quelque chose de précieux : la liberté du silence.

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