Oui, il existe de fortes similitudes entre l’éternel retour de Nietzsche et l’immortalité cosmologique.

Les deux vous proposent une forme d’immortalité, mais ne vous promettent pas le bonheur.

Car c’est cette vie strictement identique qui se répète.

Et même sur ce point, il faut nuancer car, selon Deleuze, Nietzsche propose l’éternel retour de la différence.

Pour Deleuze, ce qui revient chez Nietzsche c’est le temps lui-même et non pas notre existence stricto sensu.

Cette lecture est intéressante, mais, il faut bien l’admettre, nous avons affaire, ici, à la philosophie de Deleuze et non à celle de Nietzsche (c’est toujours ainsi, jamais Deleuze n’étudie scrupuleusement les philosophies de Spinoza, Kant et Nietzsche, voire Proust ou Masoch, il fait toujours du Deleuze).

Nietzsche se réfère explicitement à la tradition stoïcienne et nous parlons bien de l’éternel retour de la même vie, strictement identique.

Mais les deux perspectives, nietzschéisme et cosmologique, s’opposent totalement.

Nietzsche propose une perspective philosophique, où l’éternel retour est voulu, et c’est la capacité de supporter le choc de l’éternel retour, ce qu’il nomme l’amor fati, l’amour du destin, qui permet de distinguer les forts et les faibles.

L’immortalité cosmologique est une hypothèse scientifique, ce n’est pas une certitude, elle n’est pas voulue, ni imposée, elle est juste possible et jamais aucun physicien ne parle en termes de volonté de puissance, de distinction entre forts et faibles.

Surtout, c’est notre perspective qui envisage le retour à l’identique de notre moi.

Le réarrangement des particules peut être légèrement ou totalement différent, il peut exister une infinité d’univers locaux où je n’existe pas, où je suis milliardaire, où tu ne me lis pas , lectrice, lecteur.

Mais s’agit-il de moi ?

Excellente question, que nous allons aborder.

Notons, toutefois, que la perspective de Nietzsche est pertinente et que selon Heidegger, ce concept est au cœur de la philosophie nietzschéenne.

Oui, lectrice, lecteur, j’ai bien écrit Heidegger et je reviendrai sur ce philosophe.

Je sais que la simple évocation de ce nom fait polémique, et je n’ai aucune sympathie pour le nazisme.

Je v donc ouvrir une parenthèse sur Heidegger.