Plutarque rapporte la légende suivante : Thésée aurait ramené à Athènes le bateau qui l’avait conduit en Crète, où il aurait tué le Minotaure.

Pendant des siècles, les Athéniens auraient conservé le bateau de Thésée, changeant chaque planche du bateau, dès qu’elle commençait à pourrir.

Les anciens philosophes se demandaient : ce bateau était-il celui de Thésée ou était-ce un bateau différent ?

De la même façon, peut-on dire qu’un Socrate jeune enfant est le même Socrate que celui qui a bu la ciguë ?

Je change tout au long de ma vie, mais suis-je toujours le même, si je perds la mémoire, ne suis-je point devenu un autre ?

Ce problème, classique, celui de l’identité, se pose à nous, si nous voulons échapper au piège de l’éternel retour.

Nous avons postulé que le moi que nous retrouvions à l’autre bout du multivers cosmologique était totalement, strictement, identique.

Mais, imaginons que ce moi ait un jour tourné à droite, alors que j’aurais tourné à gauche : devrais-je le renier ?

Non, bien sûr, une telle différence serait minime, et il serait absurde de ne pas reconnaître que ce moi est moi, et purement moi.

Mais si ce moi devenait millionnaire, voyait toute sa famille disparaître dans un accident, ne pourrais-je pas le renier ?

C’est possible, mais quand pouvons-nous dire que ce moi, n’est plus moi ?

Et dans ce cas, l’éternel retour est-il mis en échec ?

Questions délicates, que nous aborderons dans le prochain chapitre.