Pourtant, pour l’Éthique épicurienne, l’hypothèse du multivers cosmologique est LA vallée des merveilles !

C’est particulièrement visible si nous reprenons l’argumentation de la Lettre à Ménécée, écrite par Épicure.

Épicure reprend la thèse d’Aristote : nous sommes sur terre pour être heureux.

Mais, contrairement au philosophe du Lycée, tout homme peut être heureux , ici et maintenant (tout homme et toute femme, car le philosophe du Jardin refuse la misogynie d’Aristote). Le bonheur d’Épicure est égalitaire et démocratique.

Dans un multivers cosmologique, chaque homme, chaque femme peuvent trouver le bonheur des milliards de fois.

Si l’univers est infini, le bonheur est infini : bienvenue dans la vallée des merveilles !

Le bonheur est accessible, ici et maintenant, car il repose sur le plaisir immédiat, le plaisir calme d’une vie simple et naturelle, où l’essentiel est d’apprendre à se contenter et d’aimer, intensément, cette vie.

Et pour aimer cette vie, il faut se défaire de nos peurs.

Pourquoi avoir peur des dieux ou du châtiment, si notre vie s’explique uniquement par l’agencement matériel des particules élémentaires ?

Surtout, plus que jamais, la thèse selon laquelle « La mort n’est rien pour nous » se révèle fondée.

Dans un multivers cosmologique nous n’allons pas connaître le bonheur une fois, dans une seule vie éphémère, mais des milliards de fois : notre bonheur devient éternel.

La fin de la lettre nous recommande de ne pas avoir peur du destin ; dans le multivers cosmologique, nous n’avons plus la moindre raison de le craindre.

En effet, notre vie se reproduit des milliards de fois, à l’identique, et aussi de façon différente : nous n’avons plus un destin mais des milliards de destins.

C’est la magie d’un multivers cosmologique, où tout, absolument toute variation de chaque instant de ma vie devient possible (c’est encore plus vrai avec le multivers quantique d’Everett).

Nous ne serons pas « heureux comme un dieu parmi les hommes », mais comme des milliards de dieux parmi les hommes !