L’univers cosmologique nous demande de repenser radicalement la figure du Christ.

Pour nous le Christ est un être exceptionnel, unique dans tous les sens du terme.

Si des milliards de Christ existent, ce qui serait la conséquence logique du multivers cosmologique, toute la doctrine chrétienne serait bouleversée.

Staline disait : « La mort d’un homme est une tragédie. La mort d’un million d’hommes est une statistique ».

Si le Christ meurt des milliards de fois, nous sommes davantage dans la statistique que dans la tragédie. L’événement exceptionnel, fondateur, « scandaleux », devient affreusement banal.

On finit par sombrer dans la logique de l’antéchrist, il n’y aurait qu’un seul « vrai » christ et des milliards d’usurpateurs. Cette réaction semble absurde et ne permet guère de susciter la foi.

Il serait plus logique (mais la religion n’est pas toujours logique) d’affirmer que pour chaque univers local, il y a un Christ qui sauve l’humanité de cet univers local. Déjà la question de l'existence de mondes possibles est posée et les théologiens travaillent sur les textes de la bible et des philosophes pour résoudre ce problème.

On peut ironiser : « Un christ cela va, des milliards de Christ, attention les dégâts ! ».

Car la question finira par se poser : qui est le « bon », le « vrai » Christ ?

Heureusement, tous ces univers locaux ne se rencontreront jamais et nous ne devrons pas gérer une guerre de religion intergalactique !

Étonnamment, cette question n’est pas nouvelle, les théologiens du Moyen-âge ont déjà soulevé ce problème. Il n’y a pas lieu d’être surpris, l’Antiquité envisageait déjà l’existence de mondes multiples et les théologiens travaillaient sur les textes de la philosophie « païenne ».

Comme d’habitude, les théologiens étaient en désaccord, certains étaient troublés par cette multiplication des Christ, d’autres ne voyaient pas de problème. La puissance de Dieu est telle qu’il peut tout à fait avoir créé plusieurs mondes.

Pour Pierre Lombard, par exemple, Dieu peut tout à fait faire autre chose que ce qu’il a fait, mais le théologien pense qu’il n’existe qu’un seul monde.

Guillaume d’Ockham (celui qui se rasait tous les jours) accepte, au contraire, l’existence de différents mondes réels créés par Dieu. Plus tard, Guillaume de Vorillon reprend cette idée mais pense qu’un seul Christ ( le nôtre !) a sauvé tous ces mondes.

Oui l’existence de milliards de Christ déstabilise considérablement le christianisme.

Tout l’aspect « scandaleux » de cette religion risque de disparaître.