Chapitre 21 - 20 novembre 2013

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- Quatre-vingt quinze centimes, s’il vous plaît.

- Voilà !

- Merci, tenez, a dit la boulangère en tendant une baguette à ma nouvelle voisine.

Elle ne m’avait pas encore vue. Et je ne sais pas pourquoi, j’ai eu la boule au ventre, tout à coup.

- Merci à vous, au revoir.

- Au revoir !

Elle s’est enfin retournée, et a cligné plusieurs fois et à toute vitesse des paupières en m’apercevant.

- Bonjour ! a-t-elle fait, dans un souffle, en souriant.

Je ne sais pas ce qui se passait dans sa vie, mais elle avait le regard éteint depuis quelques jours… Son sourire n’était plus le même. J’en esquissais un bref à mon tour. Puis ai baissé les yeux. Elle était toujours enceinte.

- Fais un effort, un sourire qui a l’air d’en être un, c’est pas sorcier. Et puis, ça lui ferait peut-être du bien que tu lui fasses remarquer que t’es contente de la voir.

- Non, mais là tu délires complètement, ma vieille, elle en a juste rien à faire de toi… arrête de te donner autant d’importance.

J’étais morose, ma conscience et mon ego me fatiguaient au plus haut point. Elle avait déjà quitté mon champ de vision alors que j’étais encore en train de me demander ce que j’allais lui dire… De l’extérieur, je devais ressembler à Daria, avec mes yeux mi-clos et mon air désabusé.

Après avoir acquis ma baguette quotidienne, j’ai rapidement rejoint mon 4*4. Et l’ai vue, les yeux fixés droits devant elle, au volant de sa voiture encore en stationnement. Elle avait l’air tellement soucieuse. Elle a tourné la tête dans ma direction, comme si elle sentait mon regard posé sur elle. Je lui ai fait un sourire, auquel elle a répondu en souriant franchement, elle aussi. Elle a ajouté un petit signe de la main ! Cette fille était gracieuse, douce et charmante. Un rêve. Je me demandais ce qui la tourmentait. Ça me rendait triste qu’elle puisse ressentir ça. Elle avait une âme si pure.

- Ça se trouve, c’est une tueuse en série, ton ange.

- N’importe quoi, ai-je pensé en pouffant.

Elle a soudain démarré le moteur et est partie, en me souriant à nouveau en passant devant moi, qui faisais semblant de ne pas la regarder. Je ne cessais de penser à elle. J’avais l’impression d’avoir quinze ans. Peut-être qu’elle avait des problèmes de couple ?

- Et ça recommence… tu crois quoi ? Qu’elle va le quitter pour s’enfuir avec toi ? Redescends cinq minutes, s’il te plaît.

Je soufflais, exaspérée par mes pensées parasites. Jean-Pierre, le voisin, un peu perché dans son genre, me disait souvent qu’il fallait faire taire son ego quand il nous disait des choses de ce genre… ça soulage, il paraît. Allons bon, faisons ça, alors !

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