J’étais aux anges, étendue sur le dos, avec mon bébé allongé dans mes bras. Elle essayait de prendre mon sein et moi de ne pas trop intervenir pour laisser ses instincts se manifester.

Léa m’a dit que je n’avais pas eu de déchirure, que je n’aurais pas besoin de points. Ce qui m’a énormément étonnée, vu ce que j’avais ressenti au moment où la tête de mon bébé était en train de sortir de mon corps. J’étais admirative par la capacité qu’a le corps humain de créer ainsi la vie, et de se régénérer, de rester en bonne santé malgré l’effort incroyable qu’il a pu fournir.

On m’a amenée dans ma chambre quelques minutes après. Séb m’avait installé toutes mes affaires, ça m’a réconfortée. J’ai senti que j’avais besoin d’aller aux toilettes, et c’est que tout allait bien, selon moi. Je n’y suis pas allée en courant mais j’arrivais à me lever et à marcher, ce qui m’a emplie de fierté.

J’ai un peu galéré à soulever ma chemise d’hôpital et à m’asseoir car j’avais mal et que mon corps me paraissait différent. Je ne sentais plus de gros ventre qui m’empêchait de faire plein choses et j’avais l’impression d’être une autre personne. Plus enceinte, mais plus celle que j’étais avant la grossesse, non plus. Très spécial, comme sensation.

Une fois assise sur le trône, j’ai remarqué avec stupéfaction, et une certaine horreur, qu’une folle me regardait faire mes besoins, se tenant dans la même position que moi. Elle avait les cheveux ébouriffés, le teint blanchâtre, une chemise bleue d’hôpital qui ne lui allait guère. L’horreur est montée d’un cran supplémentaire quand j’ai réalisé qu’il s’agissait de moi, ou plutôt de mon reflet dans le miroir accroché derrière la porte de la salle de bain. J’ai gardé le meilleur pour la fin. Quand j’ai soulevé ma chemise, j’ai aperçu mon ventre distendu et bedonnant à la fois. J’en avais la nausée. J’ai rapidement replacé ce linge informe et de mauvais goût là où il se trouvait avant cette macabre découverte, histoire de cacher la misère, et me suis promis que je m’occuperais de tout ce chantier plus tard. Quelques minutes plus tard, heureusement, la beauté de mon bébé m’avait tout fait oublier.