Chapitre 49 -28 octobre 2027

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- Bonjour !

- Euh, bonjour… ai-je répondu, d’un air dubitatif.

Maintenant qu’elle m’avait parlé, j’allais être obligée de m’arrêter devant son stand. Elle fait quoi ?

Sage femme.

Bon, OK, pourquoi pas ?

- Tu connais le métier de sage-femme, un peu ?

- C’est vous qui suivez les femmes pendant leurs grossesses, c’est ça ?

- Oui. On peut aussi être présentes pendant l’accouchement.

- Oui, mais là faut travailler à l’hôpital, du coup ?

- Pas que. Je suis en libéral et j’accompagne les femmes du début à la fin. Je les aide dans leur projet d’accouchement naturel. Assieds-toi ! A-t’elle lancé en tendant son bras vers une des chaises placées devant son stand, paume de main tournée vers le ciel.

- Ah oui, je vois… ai-je répondu pendant que j’attrapais la chaise pour m’asseoir.

- Ta mère a du t’en parler, non ?

- Quoi ? Euh oui… comment vous le savez ?

- Tu t’appelles Anouk ?

- Oui… même question, comment vous le savez ? Ai-je répondu, très étonnée et curieuse de savoir comment elle savait tout ça.

Étonnée et agacée. C’est vrai, c’est quoi cette manière d’aborder les gens ? On se connaît pas, en fait.

- Je t’ai reconnue parce que tu lui ressembles beaucoup, et que tu as les mêmes yeux extraordinaires que le jour de ta naissance.

Je restais assise là, sans bouger, attendant plus d’explications.

- C’est moi qui ai accompagnée ta maman le jour de ta naissance.

- Ah, d’accord… ai-je répondu nonchalamment, alors que je ne m’attendais pas à cette rencontre fortuite.

                    ***

- Alors, t’as rencontré Léa, au forum des métiers ?

- Qui ?

- La sage-femme !

- Ah oui... Je peux sortir de table ?

J’avais juste envie d’aller me planquer dans ma chambre et que plus personne ne me parle.

- On vient de se mettre à table…

- J’ai pas faim, j’ai mal au ventre.

- D’accord, a concédé Norah.

Je voulais me mettre au fond d’un trou, qu’on m’oublie. Sur ce, j’ai donc quitté la table et suis montée dans ma chambre pour me coucher.                      

                    ***

- Qu’est-ce que tu vas faire ? M’a questionnée mon semblable.

- Pfff arrête, j’ai pas envie de parler. Je vais pas en cours demain, déjà.

- C’est pas la solution, tu le sais très bien.

- Tais-toi, toi ! On t’a pas demandé ton avis. Foutez-moi tous la paix.

J’ai entendu des pas dans l’escalier. Oh non, faites qu’elle vienne pas me parler ! Trois coups ont frappé à ma porte.

- Quoi ?

- Tu veux que je t’amène un truc pour ton ventre ?

- Non, je veux juste dormir. J’ai du choper la gastro.

- D’accord. Si tu veux quelque chose, appelle-moi.

- Oui, merci Norah.

- Bonne nuit, mon ange. À demain, je t’aime !

- À demain.

Je me tournais pour m’envelopper dans ma couverture.

- Moi aussi je t’aime, ai-je fini par dire, mais ma voix était étranglée par les sanglots que j’essayais de retenir.

                     ***

- Elle dit qu’elle est malade.

- Bon, alors laissons-la se reposer, si elle dit ça.

- Quoi ? Attends, tu sais un truc ?

J’étais complètement stressée et très triste.

- Chérie, s’il te plaît. Fais-moi confiance, OK ?

- Tu sais quelque chose ?

- Que je ne peux vraiment pas te dire. Tu comprends ?

- S’il se passe quelque chose de grave, dis-le moi, s’il te plaît.

- Pour l’instant, je n’en ai pas parlé avec elle. Mais quoiqu’il se passe, ça va s’arranger.

- Elle a des ennuis ?

J’avais les larmes aux yeux. Je sentais que mon bébé souffrait et je voulais que ça s’arrête tout-de-suite.

- Oui.

- Avec d’autres élèves ?

- Mon amour, je vais essayer d’en parler avec elle, d’abord, d’accord ?

- Oui, d’accord. Je suis vraiment inquiète…

- Je sais.

Et moi aussi, je l’étais plus que jamais.

Surtout, ne pas sombrer dans la peur, la colère et la tristesse. Ça allait m’handicaper. Première étape, en parler avec Anouk. Et si elle était d’accord, on en parlerait à Norah. Ensuite, prendre rendez-vous avec le directeur. Et enfin, j’ai vu qu’il y avait une ligne pour les élèves harcelés. Ne pas aller voir cette jeune fille nous-mêmes. Ne pas aller voir ses parents, même si j’en mourrais d’envie. Ne rien faire qui puisse porter préjudice à Anouk comme fantasmer sur le moment où j’aurais cette petite conne en face de moi, ou ses parents, et leur hurler à tous dessus, voire utiliser la violence physique. Ça ne va faire qu’alimenter ma colère et ça n’amènera rien de bon. Et ne surtout pas donner vie à ces fantasmes malsains.

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