Chapitre 50 - 5 mai 2014
- Pourquoi tu lui as acheté des chaussons ? Ça sert à rien, dans un mois maximum elle les aura plus bien ! Et il faut pas aller dans les magasins avec un bébé ! Elle va choper plein de maladies !
Sébastien criait presque, ce qui a fait pleurer Anouk.
- Tout va bien, mon cœur. Papa n’est pas content mais c’est pas de ta faute ! m’adressais-je à Anouk en caressant le derrière de sa tête.
J’ai légèrement penché la tête vers Sébastien.
- C’est un cadeau, ça se refuse pas ! Et ce sera très pratique quand elle sera dans l’écharpe.
Il venait de rentrer du travail et il me fatiguait déjà.
- Tu peux pas la mettre dans une poussette avec une couverture, comme tout le monde ? Quand elle dort, elle est assise… ça doit être super confortable, a-t’il dit d’un air moqueur.
- Déjà, elle n’est pas assise, elle est en position physiologique. Et elle a besoin d’être portée, d’être contre moi pour sentir mon cœur battre, les mouvements de mon corps quand je me déplace… je vais pas réexpliquer tout ça, encore, marmonnais-je, plus pour moi.
- Tu vas la rendre capricieuse, comme ça.
- ...
Je l’ignorais. C’était stérile comme échange. Il n’écoutait pas…
- Déjà, tu lui donnes le sein trop rapidement. À chaque fois qu’elle commence à chouiner, tu te précipites en soulevant ton t-shirt!
- Heureusement que je la nourris dès qu’elle me le demande, elle ne peut pas le faire toute seule...
- Peut-être qu’elle a pas faim à chaque fois. Non, mais, c’est vrai, elle passe la journée pendue à ton sein, et dans tes bras. Faudra pas t’étonner, après.
- M’étonner de quoi ? Qu’elle grandisse bien, soit en bonne santé, éveillée et à l’aise avec son corps ? Me suis-je écriée en me tournant vivement vers lui.
- N’importe quoi...
- ...
J’arrêtais là, et faisais semblant de ne pas l’entendre car je n’avais pas envie d’être comme lui, désabusée, aigrie… Depuis ma fausse couche, il partait en vrille !
- Je vais faire des courses ! lançais-je pour couper court à la conversation.
- Anouk reste ici, pas question qu’elle aille choper je ne sais quel virus en restant confinée dans un endroit clos, bondé et chauffé à mort…
- Elle sera dans l’écharpe, tout contre moi. Pas d’inquiétude à avoir !
- Les petites mamies voudront lui pincer la joue avec leurs doigts plein de microbes. Hors de question ! Donne-la moi, s’il te plaît.
Il me tendait les bras.
- On va jouer ensemble tous les deux pendant que Maman va faire les courses, s’adressait-il maintenant directement à elle, d’un ton mièvre.
Je gloussais. Je devais bien avouer que c’était assez mignon, cette attitude de Papa poule.
- Il y a un sachet de lait dans le frigo, je l’ai tiré ce matin, si elle a faim.
- Ça aussi, va falloir le régler vite, avant qu’elle aille à la crèche, car elle ne veut pas du tout boire dans un biberon, même ton lait !
- C’est normal… Ça va venir.
- De toute façon, un jour elle aura pas le choix. Si elle a faim, il faudra qu’elle prenne ce qu’il y a !
- Tu sais qu’on parle d’un bébé d’un mois à peine, là ? Y’a pas le feu. Déjà, elle aura 6 mois quand je vais reprendre le travail et puis elle est vraiment très petite ! C’est normal qu’elle ait besoin de téter.
- On devrait peut-être lui donner une tétine quand elle chouine ? Comme ça quand elle aura vraiment faim, on essaie de lui donner ton lait dans un biberon, pour l’habituer...
- Non, c’est trop tôt, c’est tout. Je ne veux pas qu’elle ait de tétine.
- Bon, d’accord. Débrouille-toi ! Viens pas me dire que tu sais plus quoi faire quand ce sera la veille de ta reprise !
- Allez, à tout à l’heure...
Je soupirais en soufflant longuement par le nez. Sébastien devenait vraiment insupportable...
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